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Critique de Eskalion


Il y a des romans qu'il convient d'ouvrir avec précaution. Non que les mots vous tombent des pages comme une pluie fine sur vos pompes toutes neuves, mais parce que vous n'êtes pas à l'abri au détour d'une page, de prendre en pleine poire un fémur de mammouth qui a eu la patience de vous attendre plusieurs milliers d'années ,avant de venir s'écraser sur votre face délicate et parfumée d'homme moderne.

J'aurai donc du me méfier avant d'entamer la lecture de ce roman ! Une photo et un titre inquiétant, une quatrième de couverture qui esquisse un scénario allumé, un inspecteur qui à l'air aussi délicat qu'un porc épique, cela aurait du m'alerter. Et si j'avais pris la peine de me renseigner un peu sur l'auteur et les oeuvres qu'il a déjà commises, j'aurai sans nul doute flairé le piège, deviné qu'avec ce type là, on ne part pas pour une ballade romantique en gondole vénitienne sous le pont des soupirs !

Non, Hugo Buan n'est pas de ces auteurs qui vous bercent et vous caressent dans le sens du poil. Lui serait plutôt du style à vous mettre les neurones en ébullition et à vous avaler tout cru dans son univers si particulier, un monde ubuesque où la mort côtoie souvent la dérision.

A croire que l'inspecteur Workan a un don particulier pour attirer à lui les fêlés du ciboulot. C'est du moins ce qu'il se dit lorsqu'il reçoit l'appel d'un individu qui s'accuse d'avoir enterré un cadavre sous la contrainte, et qui sollicite son aide pour le retrouver! Et quand l'individu en question se présente comme Maximilien Lachamps, un paléoanthropologue de renommée internationale, découvreur de la célèbre mandibule d'Homo Octavius, notre inspecteur finira de se convaincre d'avoir déniché le l'olibrius de l'année.

Pourtant, est ce parce que Lachamps a contacté le policier sur les conseils d'un ami commun appelé La Gélule, pharmacien de son état et piètre équipier de rugby de notre inspecteur, que ce dernier décide malgré tout de s'intéresser à cet hurluberlu de scientifique ?

Toujours est-il que c'est encadré du policer et d'un de ses hommes, que le paléoanthropologue se retrouve dans les bois, pelle et pioche sur l'épaule , à la recherche d'un cadavre qui restera au final introuvable. Car il est visiblement plus facile de chasser les hordes de champignons sauvages dans les sous bois que remonter à la surface un cadavre récalcitrant, et à part un fantôme et un peu de terre retournée, rien ne viendra étayer la thèse du scientifique.

Peine perdue donc. D'autant qu'il s'avère que le paléoanthropologue vient tout juste de se remettre d'une chute de vélo qui l'a envoyé valdinguer tête la première vers le plancher des vaches ! de quoi altérer quelque peu la mémoire bien ordonnée de notre chercheur d'os.

La découverte quelques temps plus tard d'un cadavre non identifié, introduit clandestinement dans la morgue de l'institut médico légal viendra cependant jeter le trouble. Un paléo qui cherche désespérément un cadavre, et un mort qui trouve refuge à la morgue sans rien demander à personne… L'intuition de Workan lui souffle que les deux affaires sont sans doute liées.

Au fil des pages, dans un rythme débridé, nous suivons les tribulations de cet inspecteur atypique, un brin macho, assurément grincheux, mais terriblement humain. Un inspecteur qui fait des rêves étranges, comme celui de se voir courir un 110m à poil un jour de débarquement de Normandie devant les lignes allemandes et américaines, avant de s'exploser les roubignoles sur une mine anti personnelle.

Non sans humour donc, nous le voyons se dépatouiller dans une affaire qui prend des allures ubuesques à mesure qu'il essaye d'en dénouer les fils. Un oeil de singe Bonobo retrouvé dans le cadavre de la morgue, un paléoanthropologue qui continue de clamer qu'on l'a contraint à enterrer un cadavre et qui finit déterrer une carcasse de porc, une histoire de fémur de mamouth, le tout dans un contexte de congrès international de paléoanthropologie qui réunit les plus grandes sommités en la matière. de quoi mettre à rude épreuve les nerfs et la perspicacité de notre inspecteur !

Nul doute qu'Hugo Buan a pris beaucoup de plaisir à écrire ce roman. Son sens de l'humour et de la répartie est un véritable régale de lecture. En la matière certains passages tirent au lecteur au pire un sourire, au mieux un éclat de rire.

C'est la première fois que je pénétrais dans l'univers si particulier d'Hugo BUAN, et que je croisais la route de son inspecteur hors du commun Workan . J'avoue que je remonterai bien volontiers la chronologie de cet auteur pour découvrir ses premiers romans. Surtout s'ils sont aussi bourrés d'humour que « L'oeil du singe » !

Belle découverte donc !


Lien : http://passion-polar.over-bl..
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