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Critique de Fanny1980


Avez-vous parfois l'impression que certaines de vos lectures sont fortement liées entre elles, sans que cela ne résulte d'un choix conscient et même sans que vous vous y attendiez en raison de la distance géographique et historique ?

J'ai eu ce ressenti suite à la lecture de « Vent d'Est, vent d'Ouest » de Pearl Buck, se situant dans la Chine des années 1920, avec une autrice ayant été récompensée par le prix Nobel en 1938, après celle du roman de Djaïli Amadou Amal, « Les impatientes », qui se déroule au Cameroun de nos jours et qui a reçu le prix Goncourt des lycéens en 2020. Ces romans retracent la vie de femmes mariées, selon un choix familial, dans un monde traditionnel polygame.

« Elle s'anima soudain. Ses lèvres se retroussèrent jusqu'à ce que sa bouche si pleine de mépris parût un être vivant. « Leurs pensées intimes sont toujours enroulées comme des serpents autour du corps de quelque femme ». Je m'assis, horrifiée à ces mots. Jamais elle n'avait parlé devant moi de mon père et de ses concubines. Je vis soudain apparaître le fond de son âme. L'amertume et la souffrance étaient en elle, comme des entrailles de feu. » Extrait de « Vent d'Est, vent d'Ouest » mais qui aurait pu trouver sa source dans « Les impatientes ».

Cependant, au-delà de la description du monde traditionnel, avec des similitudes entre les cultures, dans « Vent d'Est, vent d'Ouest » est posée également la question de son rapport à l'Occident.

Kwei-Lan raconte son histoire. Fille de la Première Épouse dans une riche famille chinoise, elle se marie avec un Chinois à qui elle était fiancée depuis l'enfance, mais qui est parti suivre des études de médecine aux États-Unis et ne souhaite plus vivre dans la tradition. Elle doit donc renoncer à la protection des cours des femmes, à la beauté travaillée, pour un monde occidentalisé dont elle doit apprendre les codes.

Quelle épreuve pour elle d'abandonner son monde !

Kwei-Lan expose également la situation de son frère. Pendant des études de sciences aux États-Unis, il se marie à une Américaine, à la place d'épouser celle qui lui était destinée, puis il revient pour être, normalement, l'héritier.

Quelles souffrances induites par ces choix entre liberté et tradition !

Aborder une culture avec le regard d'une autre culture ne peut être traité avec manichéisme. Pearl Buck, Américaine qui a grandi en Chine, excelle dans cet exercice :

« - Je croyais qu'ils venaient dans notre pays pour y apprendre la civilisation. Ma mère me l'a dit.
-Elle se trompait. Je m'imagine qu'ils viennent au contraire avec l'intention de nous l'enseigner. Ils trouveraient, il est vrai, beaucoup de choses ici dont ils pourraient profiter, mais ils ne s'en doutent pas plus que vous ne vous figurez ce que nous avons à apprendre d'eux. »

Un court roman qui fait découvrir la Chine d'avant Mao et traite des changements d'une civilisation, notamment lorsqu'elle est confrontée à une autre.

À nouveau une très belle découverte grâce au Challenge solidaire 2021 !

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