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Critique de Zebra


Zebra
19 février 2014
Imprimé en France par Brodard et Taupin le 20 novembre 1986, édité chez Fayard, « Le mystère des petits lavoirs » est un polar de 311 pages, écrit par Nicole Buffetaut. L'ouvrage a reçu en 1987 le Prix du Quai des Orfèvres.

Dans une petite ville de Normandie, Madeleine Bertin, une femme honorable, mariée en seconde noce avec le Docteur Bertin, est victime d'un crime horrible : elle est retrouvée un samedi soir, coincée, noyée sous les pales d'un lavoir, la tempe perforée. L'inspecteur Coignard enquête : il doit mettre la main sur l'assassin.

Les Bertin ont un fils, Jean-Paul : drogué, instable, cet artiste peintre est interné en clinique pour dépressifs et suivi par un psychiatre. Adoré par son père, Jean-Paul exècre sa belle-mère qui le tient cloitré dans cette clinique. Eugénie, domestique depuis trente ans au service des Bertin, considère Jean-Paul comme son fils : pour elle, tout est clair, c'est un voleur qui a fait le coup puisque le sac à main de Madeleine a disparu. Or ce voleur, ce pourrait être le père Goutteux, ivrogne et mendiant de son état : des témoins affirment en effet l'avoir entendu violemment injurier Madeleine, qui sortait de l'église après la messe du soir, parce qu'elle refusait qu'Hélène, jeune professeur de latin au collège de la ville, lui donne la pièce. C'est que le père Goutteux est unijambiste et que sa canne est lourde et munie d'un bout ferré. La ficelle est un peu grosse ? Probable, car Jean-Paul pourrait également avoir commis ce crime : l'infirmière signale en effet à l'inspecteur Coignard que Jean-Paul est sorti de la clinique par une porte dérobée, à l'insu de tous et dans les deux heures précédant le crime, et il était dans un état de rage extrême car sa belle-mère lui avait fait savoir qu'elle lui interdisait de rentrer au domicile, lui refusant du même coup la possibilité de voir son père. La ficelle est un peu grosse ? Probable, car l'assassin pourrait tout simplement être le Docteur Bertin lui-même : lassé de ses sempiternelles disputes avec Madeleine à propos de l'état de santé et de l'avenir de Jean-Paul, il pourrait avoir eu un geste malheureux, d'autant plus qu'Eugénie confirme à l'inspecteur que les Bertin se sont très violemment disputés pendant le repas du samedi midi, à un point tel que le Docteur en a brisé un verre qu'il tenait en main et qu'il a abrégé son repas pour passer dans le petit atelier qui jouxte la maison, atelier dans lequel il s'adonne aux plaisirs de la sculpture. Or pour sculpter, il faut un burin : nous avons donc à la fois le mobile et l'instrument du crime. Oui, sauf que le Docteur Bertin est âgé, vouté, faible, cardiaque et quasiment aveugle : comment a-t-il pu dans ce contexte porter le coup mortel ? Alors, est-ce Eugénie, ou Hélène -qui connaissait Jean-Paul depuis son enfance-, ou Marie, la soeur de Madeleine -pour de sombres affaires d'héritage- ou le beau-frère de Madeleine qui, par vengeance, aurait fait le coup ? le mystère reste entier … jusqu'à ce que, en page 290, ne surgisse Irène Gallois, une amie de Jean-Paul, laquelle livre à l'inspecteur des détails troublants. Manque de chance, le Docteur Bertin décède et l'enquête piétine. Ami lecteur, tout devient limpide à la page 308, soit trois pages avant la fin.

Chapeau bas ! le scénario, les personnages, le style, l'écriture, le suspense, la qualité de la description des lieux et des émotions, les retournements de situation, tout y est. Pour la petite histoire, le Prix du Quai des Orfèvres couronne le meilleur manuscrit d'un roman policier inédit présenté par un écrivain de langue française ; le Jury, placé sous la Présidence effective du Directeur de la Police Judiciaire, est composé de personnalités remplissant des fonctions ou ayant une activité leur permettant de porter un jugement sur les oeuvres qui sont soumises à leur appréciation : c'est donc en connaissance de cause qu'ils ont décerné ce Prix à cette petite merveille. J'aurais voulu mettre quatre étoiles et demi, car le semblant d'amourette qui lie Hélène et l'inspecteur Coignard ne m'a pas semblé essentiel (pour ne pas dire de trop) dans la composition de cet ouvrage : comme ça n'est pas possible, je mets cinq étoiles et vous invite au plus vite à découvrir "Le mystère des petits lavoirs" !
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