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Critique de colimasson


Dans Women, Bukowski écrivait : « L'amour ne convient qu'aux gens capables de supporter cette surcharge psychique. C'est comme d'essayer de traverser un torrent de pisse en portant un sac plein d'ordures sur le dos ». Buko, conteur roi de l'emmerdement psychique maximum que nous impose l'amour, aborde ce thème sur le versant de la baise, oubliant pour notre plus grand soulagement d'en faire l'éloge à la manière de ces puceaux soixante-huitards qui n'idéalisaient la baise que parce qu'on l'auréolait encore (à l'époque) d'un fatras d'empêchements et d'interdictions ô combien (j'essaie d'imaginer) stimulants. Buko prend à revers ce discours débandant tenant, par la débandade généralisée de ses récits, à replacer la baise dans l'univers de quotidienneté qui l'étreint pour que, de fantasmes pervers en fascination hystérique, on puisse la retrouver à peu près sans enthousiasme servile ni effarouchement moribond, ni plus ni moins, l'humour noir ne servant qu'à rehausser ce plat de la singularité qui le rend délectable. « La plupart des baises ne valent pas le coup, c'est quasiment un boulot, comme d'essayer de gravir une colline humide et boueuse ». Contre tous les hiérogamos débandants du monde, faites place à Buko.


Je vous prie à présent de m'excuser pour mon obsession qui n'est finalement pas si révélatrice que je ne me l'imaginais de ce roman de Buko. S'il est vrai qu'avec Women, Buk s'attardait sur les relations féminines qu'il enchaînait avec toute l'énergie de l'indifférence, ainsi que j'ai cru pouvoir bon de le rappeler pour Factotum, en vérité je dois reconnaître qu'il s'attarde cette fois un peu moins sur les bonnes femmes et un peu plus sur les boulots à la con qu'il faut bien se taper pour survivre au jour le jour, l'un allant avec l'autre, l'un pouvant se transposer à l'autre, à condition de remplacer le terme convenu par l'autre terme approprié. On en revient au même constat : le boulot c'est comme la baise, à la chaîne, sauf que le boulot ce n'est jamais exceptionnel. Moralité : quitte à choisir, encore vaut-il mieux prendre la baise. Nous voilà rassurés.


Etant gosse et rêvassant tandis que je jouais avec mes petites peluches (dont j'ai un souvenir bien plus vivace que mes amis de l'époque), j'imaginais que je deviendrais une adulte qui aurait été à peu près l'opposée en tous points de Buko (sauf pour ce que j'appelais encore naïvement l'amour). Plus je vieillis, plus je me dis que j'aimerais lui ressembler. Ça doit être ça la sagesse.
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