De
Bukowski, je n'avais lu que les
Contes de la folie ordinaire. Certains m'avaient beaucoup plu, d'autres un peu moins. Et puis ça a été tout. J'ai mis
Bukowski un peu de côté, en m'intéressant quand même aux critiques et citations de ses livres sur Babelio, mais il m'a fallu six ou sept ans avant de le lire de nouveau.
La première fois que je l'ai lu, c'est parce qu'une amie m'avait dit que les romans de
Pedro Juan Gutierrez, que je lisais beaucoup à l'époque, lui faisaient vaguement penser à ceux de
Bukowski. Il paraît que le Cubain s'est beaucoup inspiré de l'Américain… Je ne connaissais pas du tout
Bukowski et j'ai commencé par les Contes. Si j'avais su, j'aurais commencé par
Factotum… Il est génial ce livre. D'abord, il y a les anecdotes que raconte l'auteur sur les boulots minables qu'il a dû faire pour pouvoir se payer une chambre ou un appartement, mais surtout pour acheter ses bières et ses whiskys. Avec humour parfois. Eh oui, car il se fait virer très vite à chaque fois (ou il s'en va de lui-même – enfin ça c'est plus rare). Et j'ai trouvé certaines de ses réflexions très justes, notamment sur ce qu'il appelle le « mythe de l'artiste affamé » qui est, dit-il, une « mystification ». Difficile d'être créatif le ventre vide !
Avec
Factotum,
Bukowski a aussi mis l'accent sur le cynisme du monde du travail et le succès que certains peuvent avoir – succès qui s'appuie parfois sur le malheur d'autrui : « Quand tu as compris que tout est à l'avenant, tu deviens malin et tu te mets à descendre en flammes tes meilleurs amis. Je bâtirais un empire sur les corps désarticulés et les vies sans espoir de ces hommes, femmes et enfants. Je ferais mon chemin. JE LEUR MONTRERAIS ! » C'est encore (et peut-être plus que jamais) tellement actuel !
Puis il y a sa vie avec Jan, leurs beuveries, leurs engueulades et leurs parties de jambes en l'air, ainsi que la « GDB » qui l'empêche régulièrement d'aller bosser.
Alors c'est sûr, on peut dire de
Bukowski qu'il était anticonformiste, marginal, etc. mais il avait une façon exceptionnelle d'écrire sur tout ça, sans ambages et sans fioritures, de la manière la brute qui soit et ça fonctionne très bien. L'homme à tout faire m'a touchée en plein coeur.
Alors que lire ensuite ? du
Bukowski ! Je compte bien le retrouver dès que j'en aurai l'occasion !