AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de JLBlecteur


Deux salles, une ambiance.
 
Paris.
La neige blanche accompagne le rouge linceul de Louise Michel en ce jour gris de janvier 1905.
 
Visuel, très visuel.
 
La commune inhume une de ses icônes en ce début de roman historique ou une jeune bourgeoise en rupture de ban assiste à ces obsèques puis…disparait en ne laissant aucune trace.
 
Un an plus tard, sa jeune cousine poursuit les recherches qui n'ont jusqu'alors rien donné et, à sa suite, s'infiltre dans les mouvances d'opposition voire anarchistes dont émergent les premières revendications féministes personnifiées par le médecin Madeleine Pelletier.
 
Roquefort.
1906. Une grève ébranle les caves fromagères où gronde le râle syndical naissant. Bien que triomphant, le mouvement se termine dans le sang quand est abattu un contremaître mis à pieds pour abus sexuels voulant se venger en tentant d'assassiner Madeleine Durand plus connue sous le pseudonyme de la Sorgue.
 
Deux personnages réels donc dans une trame romanesque et policière.
 
Ces deux figures tutélaires des luttes féministes de ce début du siècle dernier vont nous accompagner dans ce roman très bien écrit quand nous arpenterons les bas-fonds populeux du Paris d'alors à la recherche de la jeune fille de bonne famille disparue ou les rues de Lens en proie aux manifestations des mineurs abattus par les exactions de la direction des Houilles du nord.
 
Il sera donc question de lutte des classes, de syndicalisme, d'inégalités hommes/femmes mais également d'études de moeurs ou d'avortement.
 
Il y aura de la lutte, évidemment, de la solidarité, bien sûr, et de la trahison, aussi, dans ce récit épique comme dans toutes les épopées qui ont pour ambition de nous restituer les différents soulèvements populaires qui ont conduit aux libertés et aux acquis sociaux arrachés dans le sang à une classe dirigeante peu encline à lâcher un peu de lest dans sa suprématie.

Cela fait forcément écho à la situation politique actuelle.
 
Par contre, comme à chaque fois où des personnes existantes ou ayant existé interviennent en tant que personnages romanesques dans un ouvrage (voir ma chronique sur ‘le baiser'), je m'interroge sur la pertinence de ce choix de leur octroyer un parcours fictif qu'elles n'ont pas vécu.
 
La liberté de narration du romancier justifie-t-elle cette utilisation ?
 
Il suffit de taper le nom des deux femmes citées ci-dessus sur un navigateur internet pour lire leurs réelles histoires et s'apercevoir que ce qui nous est narré ici n'est pas toujours compatible avec la ‘vraie vie'.
 
Cela me perturbe quelque peu, cette frontière floue entre la réalité historique et le pur roman me laisse dubitatif et un peu chagrin d'avoir à faire mes propres investigations pour trier ce qui appartient à chaque nature de récit.
 
Sans doute ne le devrais-je pas et considérer avoir une oeuvre purement fictionnelle et romanesque entre les mains seulement aimerais-je (et pour quelle raison le ferait-on) que l'on me prête des aventures qui ne sont pas miennes ? Pas sûr !
 
Contentons-nous d'avoir appris l'existence de ces deux femmes de courage qui ont mis leur pierre à l'édifice du mouvement féministe qui, comme la Sagrada Familia de Barcelone, n'est toujours qu'un vaste chantier à ciel ouvert dont la fin semble remise aux calendes grecques.
 
Commenter  J’apprécie          294



Ont apprécié cette critique (29)voir plus




{* *}