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Critique de clairemarquez75


Le monde moderne déploie ses artifices, en ce debut de 20ème siècle, et la révolution industrielle a éventé ses promesses de merveilleux. Les ouvriers usent leur poigne dans des usines qui les prennent en étau, les mineurs étouffent au fond des bouches noires, et les femmes s'insèrent dans une société qui peine à dessiner leur place. de la putain désarticulée du bas de la rue, à la bourgeoise écrasée par le devoir de silence, les droits des femmes s'esquissent avec une lenteur accablante.


"Une fois Lucie de retour au domaine, son oncle appela le médecin de famille, le docteur Lassalle, un homme elégant, aux cheveux argentés, vêtu d'un costume noir sur une chemise blanche impeccable, au col et aux manches immaculés, pour procéder à une visite de contrôle. Une nuit commencée chez les prolétaires et terminée en prison pouvait laisser des traces. Il lui posa des questions intimes sur un ton de parfaite neutralité et voulut ensuite approfondir l'examen. Elle prit la position habituelle, allongée sur le dos, les jambes écartées, tandis que l'homme dont elle voyait juste le sommet du crâne l'examinait à la recherche de contusions ou de tout autre indice révélant qu'elle avait perdu sa virginité. Quand il se releva, il adressa à Lucie un sourire qui la troubla, Qu'est-ce qu'il devinait d'elle à travers cette intrusion ? Que savait-il de sale qu'elle-même ignorait ?


- Vous êtes toujours intacte, Lucie, bravo! Quel soulagement pour Serge ! ll n'aurait pas aimé d devoir rendre des comptes à votre père. A votre ,la virginité est le bien le plus précieux. C'est votre petit capital."


Gwenaël Bulteau fait entrer en scène toutes les caricatures masculines et féminines en cette année 1906, sur fond de revendication d'un Grand soir, le grand soulèvement du peuple, face à un monde du travail qui broie.

Un mot d'ordre me vient en laissant ce roman : chaos. Il faudra bien une guerre pour rabattre les intentions de ces hommes en quete de vie meilleure. Et il faudra aussi cette guerre pour que cette violence trouve un exutoire.


Ce roman m'a totalement emportée dans une époque, un entre-deux, un flottement, une vague avortée, et surtout, une prise de conscience de l'avancée du droit des femmes en 100 ans. Plusiuers scènes m'ont choquée, comme cet extrait ci-dessus, ou les descriptions de Suzanne, cette pauvre femme abandonnée à la rue et à ses souffrances, y compris physiques. 

La double histoire qui se joue emporte le lecteur d'une part dans le monde militant, et d'autre part dans le monde de la bourgeoisie parisienne. Les deux se rejoignent, baignant en realite dans un même bain immonde.

Un roman historique qui a le mérite de traiter d'une période que je vois rarement passer, les deux guerres emportant de nombreux scénari dans leur passage. Je lenrecommande vivement !
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