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Citations sur Le lion sans crinière (5)

Nous restâmes l’un à côté de l’autre, le regard invariablement rivé sur le ciel, qui s’assombrissait sous l’effet combiné de la fin du jour et des incendies. C’était à cette heure où toute la Terre se couche que, chaque soir, soufflaient un vent d’ouest, une brise légère, régulière et fidèle sur toute la plantation. Les toucans, rassemblés autour de goyaviers, lançaient un caquètement vif, des gibbons y répondaient par leur ululement dont nous riions à chaque fois. André les imitait, le visage tourné vers les cris, les singes reprenaient de plus belle, et nous nous étouffions de nos rires francs. Le foehn bruissait son souffle continu, soulevait les cimes et y découvrait bucorves, amarantes et perroquets youyous aux yeux ébahis. Des jabirus s’échappaient en volée bruyante et nous nous sentions, comme des marins à la vigie, capitaines de cette infinie verdure. C’était encore à cette heure où le vent d’ouest soufflait que nous sentions le parfum des jours à venir. L’odeur tamisée et mate de la terre glaise annonçait les nappes de chaleur, parfum sec qui imprégnait les vêtement sans rester dans notre nez. La pluie, elle, s’annonçait dans ce vent par des saveurs de fruit que l’on ouvre, agrumes humides offerts dans cette brise.
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Nanga cherchait à me ménager, il savait bien que je n'avais rien à voir avec tout ça mais que j'en étais tout de même l'héritier.
"Ça a dû bien leur aller, eh, que ce soit un Baren, Ambutu, qui arrive au pouvoir. Ils devaient savoir que serait une source d'instabilité. C'est pour ça qu'ils reviennent. Le colon d'hier jubile, il triomphe: il veut nous dire que l'indépendance n'est pas pour nous. Mais non, c'est simplement que nous n'avons jamais été indépendants. Dans un nouveau pays, avec de nouvelles frontières, peut-être, oui. Mais pas maintenant, pas avec les émissaires de l'ancienne métropole dans nos palais ..."
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Les hommes, avec leurs femmes, leurs baisers, leurs coïts, leurs sourires, leurs éclats, leurs nuits, leurs sudations, n’étaient plus rien à mes yeux. J’avais cru en eux et ils m’avaient déçu. Au fond ils révélaient leur part d’humanité, là où j’avais rêvé de voir des anges. Ils étaient petits, cruels et faux. Ils mentaient, ils dissimulaient, ils manipulaient, ils abandonnaient avec la même facilité, pour grappiller ce qu’ils pouvaient. Mais ils ne méritaient plus de posséder, ni leurs femmes, ni leurs baisers, ni leurs coïts. Ni leurs sourires, ni leurs éclats, ni leurs nuits, ni leurs sudations. Ils n’avaient plus à avoir aucun privilège car ils n’avaient plus à mes yeux aucune grandeur d’âme. Rien ne les extirpait de la fange de leur humanité. André avait eu pour eux les rêves d’épopée qu’ils n’avaient pas osé avoir, les plus grands rêves qu’on puisse avoir ! Et maintenant il fallait partir pour sauver ma peau, menacée par ces hommes, faibles et veules, ah quelle sottise…
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Les mots avaient été si justes, si nécessaires, que tout cela allait de soi, la violence et la mort, la victoire et l’ivresse, les coups injustes et les choix qu’on regrette. Nous prendrions les armes.
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Une ébauche de bleu, encore noyée d’orange et de nuit, barbouilla l’horizon et s’étala jusqu’au-dessus de nous, cependant qu’une érubescence lui disputait les teintes du ciel. Comme de l’huile et de l’eau, les deux couleurs primaires suspendues dans le balbutiement du jour, le rouge et le bleu, se mélangeaient un temps ; puis elles redessinaient une frontière nette entre elles. Mais les nuances de l’aube savaient inexorable la victoire de l’azur ; et le pourpre, les rebords couperosés, les rougeurs de l’aurore se dissolvaient dans le smalt. Les éclats d’étoiles n’étaient plus, c’étaient des éclats de voix qui les remplaçaient désormais : premières ombres, premières flammes des premiers foyers, premiers crépitements. La terre rouge se réchauffait brusquement, jetant ses engelures dans l’ombre. André vint me saluer.
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