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Critique de Godefroid


Dave Robicheaux 14 : L'emblème du croisé (2005)

Retiré des affaires (sa petite entreprise de locations de barques et ses piges dans la police de New Iberia), Dave Robicheaux tire des jours tranquilles dans une petite maison anonyme quand son "petit" frère Jimmy reprends contact avec lui. C'est l'occasion de se remettre en mémoire leur rencontre avec une jeune fille irradiante nommée Ida Durbin à la fin des années 50, et pour Jimmy celle d'annoncer à Dave qu'Ida est toujours vivante et qu'il compte bien la retrouver. Il faudra pour cela piétiner les plates-bandes d'une puissante famille qui de tout temps a entretenu des liens avec le crime organisé tout comme avec les forces de police. Rien n'arrête Jimmy, il est intenable. Comme si cela ne suffisait pas, des cadavres de femmes de la bonne société commencent à être retrouvés un peu partout, abominablement mutilés. Dave reprend donc du service sous les ordres de l'incorruptible Helene Soileau. Il épaule son frère contraint et forcé par les liens familiaux et, aidé de l'inaltérable Cletus Purcell, fera mordre la poussière aux salauds. Au passage, il se reprend une terrible biture après des décennies d'abstinence et rencontre sa 3e épouse, Molly, une ex bonne soeur au courage en béton ayant renoncé à ses voeux, un modèle fabriqué exprès pour lui : merci James Lee !

Continuer à animer un personnage tel que Robicheaux en maintenant la qualité des intriques et de l'écriture, tout en évitant de laisser chez le lecteur un sentiment de déjà vu trop prononcé est un vrai défi. D'autant que James Lee Burke fait ressurgir ses démons de façon assez peu variable : des puissants corrompus jusqu'à la moelle, des sociopathes camouflés dans le paysage, incarnation du mal absolu... Et qu'il réaffirme son dogme (très en vogue aux Etats Unis), directement issu d'une lecture particulière de la bible lui permettant de toujours ramener les êtres à leur libre arbitre, et donc de réduire leur valeur à leurs choix et à leurs actes en société. Dans la bouche de Dave, on peut lire cet aveu parfaitement décomplexé (ch. 10) : "Je souscrivais depuis toujours à l'idée qu'il n'y a aucun mystère à la personnalité de l'humain. Les gens sont ce qu'ils font. Et je n'avais aucune envie de me pencher sur ma propre histoire." Cette intransigeance s'applique aux autres comme à lui-même. le constat a l'avantage d'être simple et de permettre des décisions rapides... qui ne sont pas toujours les bonnes ! La boucle est donc bouclée, et Dave en est réduit à s'apitoyer sur sa médiocre condition sans pour autant remettre clairement en cause son mode de fonctionnement. Heureusement, Molly est là pour lui remettre les yeux en face des trous. Pas sûr qu'elle y parvienne.

Mais c'est ce qui fait de cet épisode supplémentaire une réussite peu contestable, encore une fois. Sculpté par son expérience, Dave développe des pensées allant toujours plus vite à ce qui lui semble essentiel, ce qui le conduit à faire de belle conneries. On peut y voir l'évolution de Burke lui-même et une vision critique de la prétention à vouloir cerner ses semblables sur la base de critères lapidaires, fussent-ils validés par l'expérience. On notera aussi des réflexions terrifiantes mais très justes sur la vie carcérale (ch. 18) et un clin d'oeil sympa à son collègue Michael Connelly (qui, d'après Dave, aurait écrit un bon roman intitulé "The black Echo" – cf. ch. 11).
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