Quant à Madame Claude, je n'ai jamais entendu dire qu'elle enfermait ses filles dans un bordel sous la menace, mais qu'elle aidait au contraire le Ministre des Affaires Etrangères à distraire les invités officiels de la France.
Et ces oublieux n'ont même pas réclamé pour elle la Légion d'honneur, comme pour Johnny Halliday ! Ingratitude, ton nom est Quai d'Orsay.
J'écoute pendant des heures la libraire-papetière me parler, inconsolable, de la mort de son petit basset écrasé par un coursier, dont tout le quartier a porté le deuil (du basset ; le coursier, lui, a failli être lynché). Dernière nouvelle dramatique : elle s'en va ! Il ne restera plus une seule des cinq librairies du quartier. Personne avec qui dire du mal de Marguerite Duras tout en achetant ses livres.
A tous les mauvais coucheurs qui voudraient m'attaquer, je rappellerai simplement que la 17e Chambre du Tribunal Correctionnel de Paris a relaxé Guy Bedos, poursuivi pour diffamation par Jean-Marie Le Pen, estimant que "l'humoriste n'était pas tenu à la même rigueur que le journaliste". Ah ! Ah !
AVIS AU LECTEUR
Le lecteur trouvera dans ce livre en forme de coups de gueule joyeux, écrit avant les élections de mars 1993, des références à des hommes politiques qui ne sont plus en place. Y compris ce pauvre Monsieur Bérégovoy. L'auteur étant, par nature, pessimiste ("l'humour est une façon polie de survivre"), n'est pas sûre que nos nouveaux maîtres fassent mieux que leurs prédécesseurs.
Au citoyen/lecteur de juger. Et de rire. "La gaieté change l'hiver en été", dit le proverbe.
Il n’existe pas non plus en France d’hommes politiques irresponsables qui prononcent des discours oiseux, dans un volapük plein de contre-vérités, de vœux pieux, de promesses jamais tenues (« Les promesses n’engagent que ceux qui y croient » - Charles Pasqua). A noter que certains propos peuvent avoir des accents populistes (« Je ne suis pas de ceux qui se mettent un bâton dans le cul pour être plus raide » - Michel Charasse) ou naïfs (« Les membres de la Haute Autorité n’ont pas été choisis parmi les hommes politiques mais parmi les honnêtes gens » - Louis Mermaz), ou même vacharde pour le copain (« Notre groupe n’a rien à dire dans ce débat. C’est pourquoi nous avons choisi comme orateur Balladur » - Philippe Seguin).
Il n’existe pas en France de ministres coupables. Au point de donner leur démission spontanément. En fait, remarque Alain Decaux dans son livre Le Tapis rouge : « Ils s’accrochent si fort à leurs sièges que, pour un peu, il faudrait une opération manu militari pour les en chasser. »
Tant pis ! Envoyez la troupe !
Qu'ils quittent Paris, ces radins, et laissent leurs F3 à des sociétés. Que notre magnifique capitale devienne un gigantesque ensemble de bureaux. Au moins, ça, ça rapporte à l'Etat.
Mais je résisterai, Madame l'Inspectrice, je résisterai.
S'il ne reste qu'une seule locataire dans ma rue, je serai celle-là.
Je lutte depuis quarante et un ans...
... contre la disparition des merceries, des marchands de couleurs, des petits tapissiers qui se déplaçaient pour me changer une simple tringle à rideau, des boulangers-pâtissiers qui faisaient leur pain et leurs gâteaux eux-mêmes. Tous remplacés par des banques, toujours des banques, encore des banques. Je n'ai désormais que cent mètres à parcourir pour aller retirer de l'argent que je n'ai pas, mais je dois cavaler un kilomètre pour acheter un bon baba au rhum.
Oui, Madame l'Inspectrice, je me bats pour garder à mon cher quartier son caractère de village.