Comment un roman dont le personnage principal est le temps qui passe et l'ennui qui s'en dégage, pourrait susciter la ferveur des lecteurs ? Mystère de la littérature. Il n'en reste pas moins que
le désert des Tartares demeure une oeuvre immense dont les influences, qui vont de Zangra de Brel au Trône de fer, tissent des ramifications sans fins. Au cours du roman, on est aspiré par cette vacuité qui peuple le récit et qui paradoxalement lui donne son sens. L'existence est vaine et pourtant sans cette vanité elle ne serait rien.
Et quand on s'en rend compte, quand le personnage s'en rend compte, sa réaction est autant inattendue que sublime.
Un chef d'oeuvre impérissable, oui mais qui ne doit pas faire oublier les
nouvelles de Buzzati, peut-être moins puissantes, mais tout aussi saisissantes, comme autant de variations sur un thème, ce thème obsédant de la fuite du temps et de son (non)sens.
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