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Critique de Tricape


Je viens de butiner Buzzati et d'y savourer une cinquantaine de nouvelles. Un régal ! Buzzati porte un regard désabusé sur la société, les nantis, les crédules, en faisant souvent astucieusement basculer sa nouvelle vers le conte fantastique.
Parfois, on entre directement dans un conte. Ainsi, par exemple et pour vous mettre l'eau à la bouche, dans "1980" Buzzati, (mort en 1972, il avait écrit cela avant 1966) nous raconte que, « excédé à la fin par tant de querelles, le Père éternel », tous les mardis soirs, faisait mourir subitement l'homme le plus puissant de la terre. Cela commença par le chef du gouvernement soviétique, puis une semaine plus tard par le président des États-Unis, etc. De Gaulle attend son tour. Mais il est obstinément épargné, comme si le Père éternel voulait lui faire comprendre l'écart entre l'opinion que le général avait de lui-même et la réalité de son pouvoir...
Parfois, la nouvelle commence par une situation réelle plausible (un homme marié veut acheter une très belle voiture) mais glisse soudain dans le fantastique (quand, sa femme l'ayant quitté, on comprend qu'elle s'est métamorphosée dans la superbe voiture avec laquelle il frime). Une autre fois, Buzzati vous fait prendre l'ascenseur au 31e étage d'un gratte-ciel, fait monter à son bord au 27e une jeune femme et, parce que vous en êtes amoureux, ralentit la course descendante afin de vous permettre de faire votre cour, mais, comme cela ne suffit pas pour conquérir la belle, l'ascenseur continue de plonger dans les entrailles du sous-sol bien au-delà du dernier niveau affiché ...
Bref, vous avez là de joyeux divertissements à portée de la main. Mais ce ne sont pas que des moments de rêve ou d'imagination qui vous sont offerts : la plaisante comédie sous-tend une réelle tragédie : celle de notre monde, avec les mesquineries des mortels que nous sommes, sans cesse à la poursuite de satisfactions illusoires.
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