L'Hommage à l'Amiral Leblanc constitue sans doute l'héritage le mieux assumé et le plus indépendant des théories bretoniennes. La fausse épopée coloniale prend vie par le désordre même des chapitres et des versets, qui donnent l'impression de pages fragmentaires d'une hagiographie rabibochée. Les photographies et les gravures confèrent toute son importance à l'image dans l'écriture, prolongée par l'inclusion de l'élément graphique dans le tissu écrit. Cabanel tire sans doute les leçons de Nadja mais il y ajoute un véritable « Umour » qui semble avoir légitimement sa place dans la fameuse Anthologie. du récit parodique, qui n'est pas sans rappeler le
Benjamin Péret de
Mort aux vaches et au champ d'honneur, au recueil de
pensées proche de
Lichtenberg, l'ouvrage peut être difficilement classé. On ne saurait oublier la très utile carte qui permettra au lecteur amateur de beaux voyages de pouvoir enfin visiter comme il se doit la vallée de la Scrütch et la ville de Hnem. L'auteur parvient alors à retourner toute la logique de la langue, à dessiner une géographie du nonsense. le nom même d'Amiral Leblanc sonne comme une parodie de l'Animal noir, ainsi que le note justement
Alain Joubert dans sa préface. Retrouvant la puissance de l'absurde, les
aphorismes ont la force des slogans que le groupe savait si bien utiliser : « Vous avez vaincu vos ennemis du dehors. Exterminez celui du dedans », « le rhum blanchit les idées noires », « Être pieux comme un requin ». On pourrait en citer encore, des plus poétiques aux plus humoristiques, sans oublier certains préceptes particulièrement utiles. (Samuel Macaigne, Poezibao)
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