AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Dandine


Un classique du roman noir? Pour moi plutot un classique de la “pulp literature", des “romans de gare".

Classique parce qu'il surpasse le genre et se detache du lot.

Classique parce que deux ans apres “Le facteur sonne toujours deux fois” Cain recidive avec une trame du meme genre et en fait un prototype etalon, un schema exemplaire que d'autres auteurs de pulp et de noir s'empresseront de copier: une “femme fatale” veut se defaire de son mari pour heriter son argent ou vivre un amour de passage, s'acoquine avec un homme faible ou qui se croit tres fort, et fera avec lui une descente aux enfers programmee d'avance. C'est la femme fatale qui est indispensable dans ce sous-genre, pas l'enqueteur, le policier ou le truand, et Cain est un de ses premiers et de ses meilleurs exposants.

Classique parce que le narrateur est l'assassin et toute l'histoire est racontee de son point de vue, ce qui paradoxalement peut amener le lecteur a ressentir de l'empathie envers lui bien qu'en aucun moment il ne nie ses intentions criminelles.

Classique parce que la demarche de l'enqueteur n'est que supposee ou percue par l'assassin et de toutes facons n'a aucune importance. Demasquer le ou les assassins? Comprendre ses ou leurs mobiles? Decouvrir comment ils ont agi? Aucune importance. Ici il s'agira de rendre compte peu a peu de la puissance de nuisance de la femme fatale. Pour tous autour d'elle comme pour elle-meme.

Classique parce que Cain excelle a rassembler en peu de pages beaucoup des constantes typiques du genre noir (qui deviendront apres lui constantes typiques): une cupidite sans bornes; une capacite de mentir, de mystifier, de pigeonner, illimitee; une misogynie qui va de pair avec des passions bouillonnantes; une vision desesperante de la condition humaine dans une societe organisee et regentee cyniquement. le tout servant a creer un climat oppressif.

Classique par sa critique du capitalisme a travers la denonciation des agissements des compagnies d'assurances. Critique qui deviendra aussi avec le temps une des constantes du polar noir.

Classique enfin surtout parce qu'a la place d'une action trepidante, Cain met en place une sorte de jeu de strategie, privilegiant la planification, le deploiement, et le denouement de l'action.

Et la fin, classique? Etonnante ou esperee, fatidique, la fin prend figure de chatiment divin, oeuvre des cieux ou des tenebres.

Bon, c'est pas tout, ca, ce qui est vraiment classique c'est le film qu'en a tire Billy Wilder en 1944. Si mes souvenirs ne me trompent pas, le film est meilleur que le livre. Mais le livre vaut quand meme une lecture.
Commenter  J’apprécie          560



Ont apprécié cette critique (55)voir plus




{* *}