On pense souvent qu'avec le temps, les années, les découvertes qui vous donnent une claque à vous dévisser la tête n'arrivent plus. J'ai eu cette sensation en découvrant
Septentrion de
Louis Calaferte. de la poésie à l'état pur. Une densité à couper le souffle. Un coup de poing, un coup de poing dans le ventre, un coup de bâton derrière la tête. Comme si l'on était né hier.
Un livre sur la création... la procréation, l'érection, la traction... le travail d'un homme qui se tue à la tâche. Pas le choix, question de vie ou de mort. Les phrases sont taillées au couteau. On peut y rester une journée, une nuit, sur une phrase de
Calaferte. Les phrases s'enchaînent, passer une vie sur un paragraphe, une vraie mélodie, origine italienne, certainement. On glisse de digression en digression, sans jamais perdre le cap; elles décrivent un cercle, qui se referme sans cesse, à peine la place pour respirer. On se dit que l'on a jamais lu quelque chose comme ça. Peut-être chez Martinet, mais jamais aussi serré, aussi dense. Peut-être les chants de maldoror, moins éparpillé, avec une idée fixe : trouver un lit pour passer la nuit, trouver un con pour y enfoncer sa tige, tirer un coup, et trouver un crayon pour écrire ce que l'on a dans la tête. On ne sort jamais de cette ritournelle que nous fredonne
Calaferte. On se dit que peut-être un livre suffit.
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