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Critique de gatsbi


gatsbi
11 septembre 2022
2009. Une série d'« occurrences » inédites et inexpliquées frappe la Terre. Erwann Portanguen, jeune océanographe, se retrouve malgré lui plongé au coeur de l'enquête. Mais celle-ci patine et, rapidement, les évènements prennent une tournure catastrophique, modifiant brusquement la destinée de la planète bleue et, avec elle, celle de ses habitants.

Je poursuis ma découverte de l'oeuvre de Jean-Michel Calvez, mais ce roman-là ne m'a vraiment pas convaincu. Une histoire noyée dans les détails techniques, un déroulement trop lent et monotone, peu de frissons et pas de chute finale : je n'ai pas retrouvé toutes les qualités qui m'avaient marqué dans STYx, IF 837 ou encore Ethique du contact.


Avec ses 460 pages, l'Arène des géants n'établit pas un record, mais il contraste nettement avec le reste de la production romanesque de l'auteur français (habituellement 300 pages). Très possible que ce gros format lui convienne mal – il est d'ailleurs un spécialiste des nouvelles. Peut-être aussi qu'il y avait une demande en ce sens émanant de son éditeur. Toujours est-il que l'histoire m'a paru bien trop étirée.

J'ai souvent ressenti un abus des descriptions techniques, notamment pour des détails sans importance. Je n'avais pas éprouvé cette gêne dans IF 837 ou Ethique du contact, qu'on peut pourtant aussi classer hard SF. Là encore, c'est peut-être une conséquence de l'étirement exagéré de l'histoire, l'auteur ayant alors peut-être fait du remplissage avec ce qu'il maitrise : des descriptions techniques.

On voit que les nombreux chapitres sont censés dynamiser la lecture en en renouvelant sans cesse l'intérêt. Il y a en effet un certain suspense entretenu très régulièrement, à la façon des page turners. Mais la structure de l'intrigue est toujours la même et finit par lasser.

Côté narration, on alterne entre une trame principale qui se déroule exclusivement sur la Terre à notre époque, et une trame secondaire située en un lieu indéfini de la galaxie. Celle-ci est l'une des forces du roman. Par son côté mystérieux (elle met en scène une civilisation a priori omnipotente et toute puissante), elle intrigue forcément. On comprend rapidement la nature du lien entre ces deux trames, et ce lien fonde d'ailleurs l'idée maitresse du roman. Malheureusement, j'ai trouvé cette deuxième trame extrêmement difficile à suivre. Il faut avoir quelques notions de statistique pour espérer comprendre quelque chose. Même avec ce bagage (ce qui est mon cas), ce n'est pas gagné. C'est fort dommage, car j'ai eu l'impression que l'intérêt majeur de l'histoire était de comprendre comment chaque épisode de cette trame lointaine se répercutait (s'illustrait) très précisément dans la trame principale. Je dois avouer que je n'y suis pas toujours parvenu.

Les personnages ne sont pas géniaux. le jeune océanographe sert de fil conducteur narratif, mais il a des réactions parfois naïves, et la façon dont il tient tête aux hommes de pouvoir (les militaires) est peu crédible. Ces derniers sont trop caricaturaux et je les ai souvent confondus entre eux, ce qui m'a rapidement conduit à les réduire au « groupe des méchants ».
La géopolitique terrienne aussi ne m'a pas convaincu, même si ce n'est aucunement l'intérêt du livre.

Plutôt qu'un « techno polar », je parlerais d'un roman « catastrophe » vu sous l'angle scientifique qui s'ouvre rapidement à la dimension du space opera. Parmi les principaux thèmes, on retrouve celui du premier contact avec une espèce extraterrestre intelligence – thème de prédilection chez Calvez. Les déconvenues et la démonstration de l'arrogance des hommes sont au programme, comme de coutume chez cet auteur.

Le dénouement, enfin, fait un peu flop. On lit les cinquante dernières pages avec l'espoir d'un grand oh ! Surtout quand on connait l'auteur. Mais finalement il n'y en a pas, car si on comprend le principe logique qui relie les deux trames narratives et qu'on suit bien la trame secondaire, on a une idée du dénouement avant l'heure. Malheureusement, la trame secondaire est si abstraite que je ne suis pas certain d'avoir compris ce qu'il advient de cette civilisation supérieure…


Malgré ma déception et le fait que je me sois ennuyé dans ce roman, il y a du bon. Cette façon logique (scientifique) d'explorer les hypothèses et les raisonnements. Ce regard critique (pessimiste ?) sur la psychologie humaine. Cet humanisme, paradoxalement si bien questionné à travers la confrontation avec l'Autre. L'originalité de l'histoire. Et puis, le plaisir de lecture d'un des rares auteurs français de hard SF (qui d'autre ?). Rien que de voir avec quelle facilité et quelle maitrise il parvient à nous plonger dans un environnement scientifique et technique précis tout en restant compréhensible, ça vaut le détour !


Edit:

Ma récente lecture de l'ouvrage de vulgarisation sur l'astrobiologie : À l'aube de nouveaux horizons, de Nathalie A. Cabrol, m'a conduit à reviser à la hausse mon appréciation de ce roman ! Un éclairage nouveau qui m'a fait réaliser le talent de l'auteur pour donner vie à des théories incroyables mais bien réelles de cette science, comme l'échelle Échelle de Kardachev. La théorie de la "forêt sombre" (Cabrol : p266), quant à elle, donne du grain à moudre au point de vue des militaires terriens.
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