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EAN : 9781474611664
320 pages
Weidenfeld and Nicolson (11/06/2020)
4.5/5   1 notes
Résumé :
When Alannah was twenty-three, she met a man who was older than her – a married man – and fell in love. Things happened suddenly. They met in April, in the first bit of mild weather; and in August, they went to stay in rural Ireland, overseen by the cottage’s landlady.
Six years later, when Alannah is newly married to another man, she sees the landlady from afar. Memories of those days spent in bliss, then torture, return to her. And the realisation that she ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
« This Happy » est le premier vrai roman (2020, Weidenfeld and Nicolson, 320 p) de Niamh Campbell, une jeune auteur irlandaise ayant la trentaine. La nouvelle, initialement publiée dans Granta (juin 2020), malheureusement en plein confinement, et surtout amputée d'une partie, la plus intéressante, qui concerne les relations entre catholiques et protestants irlandais. Elle est née et a grandi à Dublin, et publie grâce à des bourses de « Arts Council of Ireland » en 2018 et 2019. Il convient de lire en plus de « This Happy », un article d'elle publié dans « The Gardian » du 21/07/2020 intitulé « How does a young writer pay the rent? » dans lequel elle explicite sa position, déjà en partie formalisée dans « This Happy ».

Autant entrer tout de suite dans le positif. Dans cette interview, faite en pleine pandémie, Niamh Campbell l'affirme : « La pandémie signale une rupture avec un ancien ordre. L'art qui en sortira sera de valeur ». Et elle cite « Exciting Times » de Naoise Dolan traduit en « Rien de sérieux » par Nathalie Peronny (2021, Presses de la Cité, 304 p) et « Tunnel Vision » de Kevin Breathnach (2019, Faber & Faber, 304 p). Alors, est-ce un effet du confinement, ou au contraire du changement de statut de l'Irlande, suite au Brexit, en tous cas, il s'agit d'une excellente nouvelle pour la littérature de ce pays, qui a toujours eu un niveau remarquable. Je ne regrette pas ma lecture du « Dublin Review of Books ».je reprendrai ses arguments plus loin.
Pour en revenir à « This Happy », une jeune femme irlandaise, Alannah, maintenant la trentaine, revient sur une liaison qu'elle a eu, lorsque, étant étudiante à Londres, elle tombe amoureuse de Harry, un homme plus âgé, marié, une fille, plus une autre, d'une autre femme, vivant à l'étranger. D'emblée, la narratrice annonce l'ambivalence. « Un jour d'automne, alors que j'étais mariée depuis moins de quatre mois », Alannah est remise en face de son premier amour. « Quand j'avais vingt-trois ans et que j'étudiais à Londres, j'ai rencontré un homme plus âgé que moi – un homme marié, un écrivain – et je suis tombé amoureuse ». On sait que les histoires d'amour, en général, finissent mal. Celle-ci se passe, dans un premier temps en Irlande. le couple « loge dans un cottage au fond d'une ruelle étroite, du type en Irlande appelé un boreen », mais cela ne dure que trois semaines. C'est cependant plein de poésie et fort bien narré par Niamh Campbell. « que les oiseaux se dispersaient et que les mouettes s'ouvraient, souples comme des arbalètes, cherchant des miettes de touristes sur l'herbe », « un bosquet contre un coucher de soleil froid et sanglant à Phoenix Park; l'odeur du bois brûlé ou de l'humidité », ou encore « le ciel s'étirait et flamboyait, des odeurs humides de terre, d'eau, de chien mouillé, de quai mouillé, de feuilles trempées et de terre ridée par les sabots, les vélos ou les bottes » et toujours « la lumière des étoiles filantes, la nuit venant comme quelqu'un remplissant un seau de sable noir ». Bref, une très belle écriture.
Mais les histoires d'amour….. C'était il y a six ans, une éternité pour Alannah. « je l'ai vue, la logeuse, à Cow Lane, alors que j'étais mariée depuis quatre mois ». Son mari est coach de jeunes joueurs d'échec. Mais il reste l'Irlande. « Les vieux arbres des faubourgs étaient cuivrés et abondants » et « la vapeur de la mer et la senteur de Booterstown enivrante ». La nouvelle de « Granta » s'arrête là.

Le côté caché de l'histoire est fourni par l'histoire réelle de Niamh Campbell, qui se développe dans le roman, plus que dans la nouvelle. Tout commence par une attitude de Alannah, dans un parc, sous la statue d'Oliver Plunkett. Elle regarde fixement la tête « La tête était vivante dans un certain sens » », « La tête avait beaucoup souffert. L'expression sur son visage était une souffrance continue. Fantomatique et troublant, le spectre de l'histoire irlandaise ». Et elle se remémore son enfance. « Enfant, j'étais ravie de regarder la tête. Je me suis convaincu que les haillons ensanglantés du soleil couchant étaient les enveloppes de la tête de Saint Oliver Plunkett et que, bientôt, je verrais la tête elle-même hurler comme une nouvelle planète ». Il faut dire que Oliver Plunkett (1629-1681) est l'archevêque d'Armagh, calomnié et accusé par Titus Oates, sombre intriguant, d'avoir préparé le débarquement de 20 000 soldats français en Irlande. Condamné et torturé par les anglais, il meurt, pendu puis écartelé, à Londres, mais Charles II, le sachant innocent, rendit ses restes à ses proches pour qu'il soit inhumé dans l'abbaye de Downside, à coté de Bath où sont abrité deux autres saints anglais, Ambrose Barlow et John Roberts. Sa tête est enchâssée à Drogheda, comté de Louth, au nord de Dublin.
C'est une indication précieuse de la vision cyclique de l'histoire de Campbell, de son sens de son implication, pesante et sanglante jusqu'à de nos jours. L'un des nombreux plaisirs de l'écriture de Campbell est de croire dans l'intelligence de son lecteur, par son insistance à nous transporter dans diverses circonstances. Et donc, elle ne s'écarte sans préparation initiale. Ceci afin d'expliquer le passé qu'Oliver Plunkett a pu représenter.
C'est, en fait, un changement brutal de civilisation, avec l'accès de toute une génération aux établissements d'enseignement d'élite, tels que Trinity College. Ce qui leur était auparavant interdit. Colm Tóibín écrit à ce sujet « Jusqu'à il y a 50 ans, Trinity était considérée comme un bastion privilègié des protestants. À l'époque, on craignait que l'arrivée d'étudiants catholiques n'abaisse le caractère chic de l'université. Ce qui s'est passé, c'est que les nouveaux étudiants sont entrés dans la vie de Trinity comme s'ils avaient le droit d'y être ». Et il continue « Ce ne sont pas des exemples d'une nouvelle Irlande ou d'une Irlande post-catholique ».
C'est un peu à cause de ce changement des mentalités que « This Happy » de Niamh Campbell doit être lu. En effet, le décor du roman n'est pas la banlieue verdoyante du sud, mais les rues rocailleuses du centre-ville nord de Dublin. « Je n'ai pas parlé des sans-abris parce que c'était tellement évident ». Bien qu'elle situe également Alannah dans et hors du campus de Trinity, elle prend soin de toujours la positionner à l'extérieur. A un professeur, en tweed, qui lui demandait ce qu'elle faisait là, Niamh le décrit comme étant « le genre de personnes qui assistaient aux cours du soir à Trinity. Ils étaient vieux et riches, sentant l'humidité trempée originaire des villas aux fenêtres à guillotine de Blackrock Bay, des fenêtres avec des ordonnances de protection ». de même, le nouveau mari de Alannah « venait de la classe catholique du château, ceux qui se comportaient toujours bien, même sous l'occupation et même après la récession; marchands de sommeil et radins (slumlords et tightwads) avec parfois des ersatz de chevaliers ».
Il est vrai que durant quatre siècles, les prévôts et confrères du Trinity College ont spolié des fermages aux tenanciers sans jamais daigner améliorer leurs terres, ni améliorer leurs souffrances. de plus, le College a engendré une nouvelle classe d'intermédiaires, dont les descendants sont devenus les catholiques de confiance. Ceci au détriment du reste de la population. C'est aussi l'expérience personnelle de Niamh Campbell, telle qu'elle le raconte dans l'article du « Guardian ». Bien qu'elle ait obtenu un doctorat du Kings College de Londres, elle n'avait pas les 30 000 £ requises pour s'inscrire à Oxford. Elle doit donc repartir à Dublin. Là où « la plus grande menace pour la survie des artistes est la location de taudis ».

Enfin, le roman a été publié en pleine pandémie, au moment où le Ministère de l'Éducation irlandais n'avait aucune possibilité d'organiser les examens de fin d'études. Les étudiants ont donc travaillé de chez eux et passés les examens à distance. Mais au dernier moment, une clause a été rajoutée qui modifie les règles du jeu, normalisant les notes et donc les données, en fonction des établissements. Et elle écrit, toujours dans le « Guardian » de Londres « Cet été, ce pouvoir sera à nouveau déployé, subventionnant à nouveau les capacités des classes moyennes car elles peuvent, après tout, se permettre les écoles payantes les plus performantes historiquement ». Révolte contre une certaine société bien-pensante. « La Grande Maison avec son violent cortège d'armures et d'armes, ses devises latines, ses chiens aboyants, mon corps stratégiquement affamé. Vous ne savez pas ce que je peux faire. Personne ne sait ». Paroles de désespoir, apparemment partagé par une toute nouvelle classe d'étudiants et d'écrivains qui n'ont que leurs plumes (brillantes) pour se défendre.
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Le genre de personnes qui assistaient aux cours du soir à Trinity. Ils étaient vieux et riches, sentant l'humidité trempée originaire des villas aux fenêtres à guillotine de Blackrock Bay, des fenêtres avec des ordonnances de protection
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La Grande Maison avec son violent cortège d'armures et d'armes, ses devises latines, ses chiens aboyants, mon corps stratégiquement affamé. Vous ne savez pas ce que je peux faire. Personne ne sait
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le ciel s'étirait et flamboyait, des odeurs humides de terre, d'eau, de chien mouillé, de quai mouillé, de feuilles trempées et de terre ridée par les sabots, les vélos ou les bottes
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que les oiseaux se dispersaient et les mouettes s'ouvraient, souples comme des arbalètes, cherchant des miettes de touristes sur l'herbe
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Les vieux arbres des faubourgs étaient cuivrés et abondants » et « la vapeur de la mer et la senteur de Booterstown enivrante
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