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Critique de Arimbo


Dans ces jours troublés par cette guerre meurtrière et inhumaine que le criminel Poutine, avec son armée russe, inflige au peuple ukrainien, aux portes de notre Europe qui n'avait pas connu un tel drame depuis 80 ans, je vous invite à lire ces Lettres à un ami allemand qu'Albert Camus écrivit dans la clandestinité durant la seconde guerre mondiale, et re- publiées après la guerre, avec une préface précisant que par « vous », il fallait comprendre nazi et non le peuple allemand, et par « nous », non les français, mais le peuple européen libre.
Remplacez ami allemand par ami russe, français par ukrainien, gardez la notion de peuple européen libre, et vous serez sans doute, comme je l'ai été, saisis de l'actualité de ces quatre lettres admirables, mais aussi réconfortés par elles.

Car vous y découvrirez, même si le contexte n'est pas le même, que le moteur de la domination par la violence pour justifier « l'amour » de son pays, en réalité le fantasme de la puissance de son pays, est à l'oeuvre dans la guerre menée par les responsables russes contre le peuple ukrainien.
Et que le choix de la réponse violente au nom de ces valeurs primordiales que sont la justice, la vérité, la liberté, porte en lui-même sa victoire.
Et que l'absence d'humanité, la volonté de faire de l'ennemi un objet à détruire, portent en elles-même leur défaite.
Et enfin, vous serez sans doute, comme moi, admiratifs du plaidoyer de Camus pour une Europe qui ne soit pas faite de territoires, de valeurs économiques, mais de valeurs humaines à partager, et d'une certaine idée du bonheur. La guerre qui s'invite en Europe a au moins le mérite de nous le rappeler.

Dans ces Lettres, Camus reprend ce genre épistolaire oublié qu'avaient
par exemple pris avant lui Pascal dans ses Provinciales ou Montesquieu dans ses Lettres Persanes, et ce choix donne à son propos une force de conviction extraordinaire.

Nous n'avons plus hélas, parmi nous, un Albert Camus comme conscience exigeante pour notre époque, qui doit se contenter, entre autres, du vibrionnant et superficiel BHL ou de l'ambigu Mr Onfray.
Mais il nous reste ses écrits et ceux-ci sont, je trouve, à lire et relire d'urgence.

Et pour finir, je ne voudrais pas finir mon propos sans citer ces deux phrases, l'une du poète René Char, un grand ami d'Albert Camus:
« Toute l'autorité, la patience et l'ingéniosité ne remplacent une parcelle de conviction au service de la vérité. »
Et l'autre de cet homme qui fut pourtant l'apôtre de la non-violence, Ghandi:
« Si j'ai à choisir entre la lâcheté et la violence, je choisis la violence. »
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