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Critique de Cigale17


J'aurai la chance de participer au club de lecture vidéo du 25 mai avec Thomas Cantaloube et je suis impatiente d'y être. Merci à Babelio d'organiser de tels événements !
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Comme dans Requiem pour une république, ce nouveau roman de Thomas Cantaloube s'attache à lever une partie du voile qui camoufle certaines des magouilles et des horreurs encore aujourd'hui cachées et déniées par le gouvernement français. La citation du Premier ministre François Fillion (21/05/2009) mise en exergue donne le ton : Circulez, y a rien à voir… le prologue de Frakas nous présente Félix Moumié, un leader de l'UPC (Union des populations du Cameroun), opposant actif au président Ahidjo soutenu par les Français. Moumié déjeune dans un restaurant de Genève avec un prétendu journaliste, William Bechtel, qui empoisonne son Ricard avec du thallium…
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En tête du prologue, des 35 chapitres et de l'épilogue se trouvent indiqués le personnage en focalisation, le lieu et la date. Sauf ceux du prologue (Genève, 1960), les événements se déroulent entre le 17 mai et le 8 août 1962, essentiellement en France et au Cameroun, après l'indépendance (officielle) de la plupart des colonies françaises en Afrique. On retrouve Luc Blanchard qui a démissionné de la police à la fin du roman précédent. Il est maintenant journaliste à France Observateur. À la demande de son rédacteur en chef, il commence une enquête sur la Main rouge, un groupuscule ardent défenseur de la colonisation. Qui le compose ? Quelques illuminés qui agissent de leur propre chef ? N'est-ce pas plutôt un groupe organisé obéissant à des ordres venus d'en haut ? À suivre. On retrouve aussi Antoine Lucchesi, que l'on connaissait sous le nom de Carrega, le truand corse ancien résistant. Il s'est reconverti en convoyeur d'héroïne... Alphonse, son second sur le bateau, est un étudiant en droit camerounais, sympathisant des milieux anticolonialistes. Il ne manque plus que l'antipathique manchot, Sirius Volkstrom, toujours exécuteur des basses oeuvres, dont les intérêts vont brièvement converger avec ceux de Blanchard et de Lucchesi.
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Thomas Canteloube nous plonge des nouveau dans les débuts de la Ve République pour nous présenter les origines de ce qui deviendra la Françafrique. Vous vous en doutez : ce n'est pas très propre… Il mêle les personnages réels (Defferre, Messmer, Pasqua, Mitterrand, Debré, Foccart et ses sbires, Moumié, Ahidjo, Bechtel, etc.) avec des personnages entièrement fictionnels ou parfois recomposés, comme il s'en explique dans la Note de l'auteur. Les intérêts des trois protagonistes principaux divergent au début, mais les péripéties les amèneront finalement à collaborer. Ce n'est pas étonnant pour Luc et Antoine, mais c'est très surprenant pour Volkstrom, mais on verra que… Bref, l'intrigue romanesque s'appuie sur des faits réels, et c'est passionnant. le roman ramène au jour des événements scandaleusement passés sous silence : une autre sale guerre. Il n'était pas question ici de défendre un territoire contre un envahisseur, mais plutôt de préserver des intérêts économiques français liés au pétrole et à diverses richesses des pays africains. Pour que les événements tournent à l'avantage de la France, les militaires et les barbouzes français ont commis des actes épouvantables : assassinats sur commande approuvés, ordonnés, mais officiellement ignorés par les plus hautes sphères de l'État, incendies de villages entiers au napalm, charniers laissés derrière eux… Nécessaire, terrible et terriblement instructif ! Je ne sais pas où il va nous emmener, mais je me précipiterai sur le prochain roman de Thomas Cantaloube !
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