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Critique de gouelan


L'observatoire, immeuble délabré, gît comme un rond-point où les voitures bourdonnent. La ville le grignote, elle étend sa masse grise et tourbillonnante, elle étend la vie moderne là où il n'y a plus que passé et décrépitude.

Avant cela l'Observatoire était le manoir de Tearsham, propriété de la famille Orme. Elle comptait de nombreux Francis et des terres verdoyantes alentour. Cinq rangées de portraits ornaient les murs du hall d'entrée. Ils sont devenus poussière, le temps a fait son oeuvre, la famille Orme n'a plus qu'un Francis pour lui donner un héritier, un garçon premier né. Francis Orme le dernier rejeton d'une famille aristocrate.

L'Observatoire est divisé en appartements tous plus miteux les uns que les autres. de drôles de locataires y ont imprimé leurs marques, leurs solitudes, leurs histoires ternes et lugubres, leurs secrets honteux, leurs crimes silencieux. Chacun cache et lèche ses blessures comme un chien galeux. C'est poisseux, nauséabond, d'une tristesse s'engluant dans un temps quasi immobile, ou dont les aiguilles tournent dans le sens inverse.

Derrière ce récit décalé, farfelu, d'une noirceur improbable, se cache une émotion pure. Francis Orme, le fils, porte des gants blancs. Il collectionne des objets trouvés, des objets volés. Étiquetés, mis sous plastique, ces objets s'amoncellent, ils sont comme un paravent, un mur. Ils sont comme un secret du bonheur des autres, une part d'amour. À travers un télescope, un microscope, des jumelles, des lunettes, avec des gants, lui et son père flottent au-dessus de la réalité. Ils l'aménagent pour qu'elle soit plus supportable.

Dans l'Observatoire on retrouve la plume particulière d'Edward Carey, celle qui s'intéresse aux ordures, aux objets, aux personnages atypiques, bancals mais tellement émouvants dans leurs difformités, leurs invraisemblances. Ils interpellent. Une plume qui rend la noirceur poétique.

Derrière le silence et la poussière, on entend le bruit de l'amour et de la souffrance. On entend notre monde grouiller.

Un récit noir et farfelu à ne pas manquer ainsi que la trilogie des Ferrailleurs du même auteur, tout aussi captivante que l'Observatoire.

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