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Je vais vous parler de mon expérience de lecture de L'observatoire.
Très tentée par les retours de quelques babelamis, je me suis décidée à découvrir cet auteur.
J'avais déjà Petite dans mon pense-nouille, donc pourquoi pas...
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Le narrateur, 37 ans, vivant chez ses parents, gardien de son musée personnel qu'on pourrait qualifier de très spécial, ne quitte jamais ses gants blancs.
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Il vit dans un gigantesque manoir ayant appartenu à ses aïeux, en pleine campagne, jusqu'à ce que la ville envahisse les terrains alentour.
Le manoir ayant déjà perdu en splendeur et en taille, le bâtiment restant a été divisé en appartements, dont seuls sept sont occupés.
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Les résidents sont tous plus que loufoques, et l'auteur les décrit parfaitement.
Je vous laisse découvrir les détails.
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Ma lecture ne fut pas mauvaise, mais d'une lenteur... du sur place.
Je me suis ennuyée, n'arrivant à m'intéresser ni à l'histoire ni aux personnages.
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J'en suis désolée, et si j'ai pu comprendre l'emballement de mes amies, je n'ai pas réussi à accrocher.
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Ce livre n'est pas mauvais, n'hésitez pas à le lire, il n'est juste pas fait pour moi et je suis passée à côté.
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Je tenterai quand même Petite, qui me semble différent.
Si quelqu'un peut confirmer et m'éviter une nouvelle déconvenue, je lui en serais reconnaissante.
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La littérature est un éternel apprentissage : des lettres, de la vie et, plus intéressant encore, des autres et de soi-même. Au gré de différents récits, nous repoussons nos limites jusqu'à lire des choses que nous n'aurions pas pensé aimer. Il y a quelques années par exemple, en lisant que ce roman « ne ressemblait à rien de connu, brouillant magiquement les frontières entre rêve et cauchemar, imagination et maladie, réalisme et fantastique », j'aurais fui. Mais le chemin littéraire parcouru m'a pourtant permis aujourd'hui de m'émerveiller à la lecture de cette curiosité, dont les analyses seront aussi riches et variées que les lecteurs !


Le scénario de départ fait penser à Gormenghast : On accueille un nouvel individu au sein d'un microcosme réglé par sa routine et ses usages, et on observe comment la bulle éclate. le premier personnage de cette histoire est celui du titre : l'Observatoire qui abrite tous les autres « caractères ». Ce bâtiment a subi les affres du temps au gré des époques qu'il a vécues : D'abord manoir du domaine de la famille Orme, entouré d'un parc immense à la campagne, il devient après rénovation par la génération suivante le Manoir de l'observatoire, tandis que la ville tentaculaire se rapproche de son parc ; puis, lorsque l'étau des tentacules urbaines s'est resserré jusqu'à faire de ce curieux bâtiment un simple rond point en périphérie, le désormais nommé l'Observatoire devient un immeuble aménagé en une vingtaine d'appartements par la génération suivante, la dernière. Elle est représentée par Francis Orme, un personnage très particulier dont le portrait ressemble à l'architecture de ce dôme d'observatoire où il vit.


Enfin vivre est bien grand mot quand il se contente d'exister, comme dans un musée, sans toucher à rien, ni influer sur l'histoire, enfermant ses mains dans des gants immaculés chaque seconde que Dieu fait pour n'être pas touché, ni rien tâcher, ne pas s'attacher, lui-même isolé dans son « immobilité intérieure » qui n'est rien d'autre que l'immobilité qu'il souhaite à l'extérieur, autour de lui, pour le restant de sa vie : Que les choses arrêtent de changer sans cesse, de le bousculer, de lui demander de s'adapter, que les gens arrêtent de mourir, les villes de s'étendre, les manoirs de disparaître avec les souvenirs de famille, et les gens de faire battre son coeur. Comme une pendule, le sien s'est arrêté il y a bien longtemps, et personne n'arrive à le remonter, tout comme il ne peut remonter le temps lui-même. On se rend compte que l'observatoire est l'exacte mise en abîme du développement de la ville sur les habitants : On vit très proches les uns des autres mais sans vouloir se connaître, car il est trop risqué de s'impliquer. Et l'on compense ce manque d'affection par l'entassement d'objets que l'on fétichise, souvent jusqu'à l'excès, jusqu'à être envahi d'une masse d'objets inutiles qui nous cachent, nous protègent, puis s'entassent et nous étouffent : déchets, collection, musée… A notre ère d'inflation de la photo numérique, on peut y voir un parallèle avec ces gens qui cherchent à fixer chaque instant par des photos qu'ils accumulent de façon compulsive. L'auteur insère d'ailleurs un tel personnage dans sa galerie. Francis quant à lui travaille dans un musée où tout est figé, immobile, où les gens ne changent jamais car ils sont en cire. Il possède au surplus une étrange collection qui nous intriguera durant de nombreuses pages… Tout l'enjeu de cette lecture sera de comprendre ce qu'elle représente : Que cache jalousement Francis dans la cave poussiéreuse de ce manoir en décrépitude ?



« Chéris l'objet et ignore la femme, cela t'épargnera la douleur que produit tout contact humain. Ainsi tu possèderas l'objet d'amour sans supporter les tracas et les tourments de l'amour. »


Peut-on et doit-on se protéger de tout sentiment pour ne jamais souffrir ? Que sommes-nous sans les objets : plus profonds ou plus rien ? Comment Francis en est arrivé là ? Se demande le lecteur, car on lui dépeint un portrait à la limite du réaliste, du cauchemar voire, n'ayons pas peur des mots, de l'absurde. Nous n'aurions jamais eu la réponse à cette question si une nouvelle locataire n'était pas arrivée, véritable révélateur thérapeutique qui, en chamboulant les habitudes de chacun, va provoquer les réactions inattendues de tous… Et faire resurgir des souvenirs, éclairant le présent à la lumière du passé. Par le récit croisé des souvenirs des principaux protagonistes, entrecoupés du récit du présent qui en découle, nous reconstituons cette drôle d'histoire à laquelle, finalement, nous trouverons un sens, le nôtre : Celui que chaque lecteur apporte à chacune de ses lectures grâce à son bagage personnel. Dans cet observatoire à double sens, dont la construction de l'architecte CAREY offre une parfaite mise en abîme, on scrute à la loupe ces événements et réactions humaines en chaine qui parfois nous enchainent. Jusqu'à ce que tout s'écroule, toutes nos belles constructions mentales protectrices, nos barrières artificielles, ces murs qui nous enserrent. Lieux, objets, gens : on va tous mourir un jour, alors en attendant, même si l'on ne peut pas tout contrôler, autant vivre, non ?


« Je suis vivante ! Je ne veux pas être morte. Ne restez pas assis immobiles comme cela. Bougez s'il vous plaît. Montrez-moi que vous êtes humains ! Pourquoi restez-vous assis sans rien faire ? »


Un page-turner étrange mais addictif !
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Attention les amis, pénétrer dans L'observatoire n'est pas une mince affaire. Vous ne serez pas bien accueilli parce que ses habitants ne sont pas des gens sociables. Ils ont d'autres préoccupations. Dévoués corps et âmes à leurs souffrances ils n'ont pas de place pour une vraie vie alors pour un nouvel habitant encore moins.
Chez Edward CAREY on ne fait pas dans les relations sociales cordiales et polies. On fait dans la vérité crue jusqu'à l'os. Celle qui dérange et qui démange. Une vérité urticante !
Ses personnages sont pétris de souffrances, en dehors du monde, en dehors du temps et pourtant ils ont quelque chose de tellement représentatifs des dérives de notre monde.

L'observatoire c'est un huis clos. le personnage central est Francis ORME. Un drôle de bonhomme égocentrique qui porte tout le temps des gants blancs qui a la lèvre inférieure enflée et qui collectionne. Quoi ? L'amour. Des objets aimés. Il entasse dans uns quête effrénée d'amour tout en repoussant continuellement les autres au nom de la sacro sainte solitude. Il l'aime cette solitude. du moins il en est persuadé. Elle a quelque chose de rassurant. Tout comme il aime son travail qui consiste à se transformer en statut inanimée.
Francis vit avec ses parents eux aussi sont des objets vivants. Ils respirent, c'est comme ça qu'on sait que ce ne sont pas des objet. Mais pour le reste, le doute est permis.

Mais Francis n'est pas le seul pensionnaire de L'observatoire il y a Peter BUGG qui n'est que tristesse, amertume, remords et regrets ; le Portier qui chuinte à longueur de journées, La femme chien alias numéro 20, qui n'est plus vraiment elle même et Claire HIGG qui vit sa vie par procuration devant son poste de télévision (merci JJG je n'aurai pas pu trouver plus parlant). Tout ce petit monde habite L'observatoire et attend que le temps passe en évitant soigneusement de vivre jusqu'à ce qu'une petite nouvelle fasse son apparition : Anna TAP. de la nouveauté ! Quelle horreur et en plus elle essaie de communiquer et de sociabiliser ! le diable en personne.

Francis aura beau essayer par tous les moyens de la faire fuir, c'est trop tard le ver est dans le fruit et Anna a ouvert la boîte de Pandore ou plutôt devrais-je dire la malle aux souvenirs. le lecteur découvre alors le passé des personnages et leur présent prend une autre dimension. Tout le monde s'y met mais les souvenirs sont dangereux ils vous rappellent que vous avez une vie et que la vivre est possible. L'immobilisme est tellement plus confortable. Faire comme la tortue : rentrer dans sa carapace et attendre patiemment que la vie passe. Attendre en dehors du monde. En dehors du temps. Peu à peu les secrets se dévoilent et les vies se croisent. de lourds secrets, des actes manqués, des doutes, des vies suspendues, et beaucoup de souffrances.

Mais L'observatoire ce n'est pas que des personnages c'est surtout une ambiance. On la sent, elle vibre sous les mots. C'est une ambiance gothique, comme un vieux conte trouvé dans un grimoire. Il y a quelque chose de mélancolique. C'est une tristesse douce amère qui se répand au fil des pages. Un univers à la Tim BURTON, à la Lewis CAROLL. Il y a une cruauté enfantine dans ces lignes mais aussi un désenchantement que seul l'age adulte apporte. C'est farfelu, décalé sans être absurde. Edward CAREY en parfait funambule des mots propose un dosage parfait qui rend ses livres si uniques.

En lisant L'observatoire je me suis rendu compte que tout était déjà là : le rapport particulier aux objets que l'on retrouve dans la trilogie des Ferrailleurs, l'immobilité, la cire, et la connaissance du corps humain que l'on retrouve dans Petite… Il y a une cohérence et un univers que l'on retrouve dans chacun de ses livres. Sans oublier l'écriture émouvante et sobre qui là encore a gardé quelque chose de l'enfance. Une trace d'innocence et de vérité.

Une lecture suspendue, hors du temps, qui fait du bien.
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Ce roman fait sans aucun doute partie de ceux que je n'aurais jamais découvert sans les lecteurs de Babelio, un roman étrange et déroutant.
« L'observatoire » est une histoire de rencontres, d'amitiés, d'amour et de perte.

*
Le monde de Tearsham semble figé dans le passé, tel un îlot cubique perdu au milieu d'un parc arboré autrefois vaste, mais qui s'est réduit au fil du temps, comme peau de chagrin.
Ce domaine était la propriété ancestrale de la famille Orme, mais l'accumulation de nombreuses dettes a contraint le père à transformer la demeure naguère magnifique, en petits appartements devenus vétustes avec le temps, où vivent quelques pensionnaires marginaux et bizarres.

L'un d'entre eux, Francis Orme, le narrateur, est un artiste performeur dans un musée de cire. Il se plaît à se transformer en statue vivante au milieu des statues de cire. Il vit avec ses parents et s'occupe d'eux.

Les autres locataires sont tout aussi étranges et excentriques : apathiques, les deux parents semblent vivre dans deux mondes parallèles qui se frôlent sans jamais se rencontrer ; Peter Bugg, un précepteur à la retraite, se plaint continuellement ; Claire Higg vit par procuration devant son poste de télévision ; le portier est un homme amoureux plutôt revêche et peu loquace. Mais le personnage le plus marquant et le plus insolite est sans contexte « numéro 20 », une femme qui pense être un chien suite à un traumatisme crânien.
Leur quotidien est prévisible, monotone, routinier, ennuyeux sans qu'ils s'en rendent compte.

« Nous nourrissions l'espoir que le nouveau résident serait vieux ou moribond, ou qu'il mourrait dès la première nuit. Nous nourrissions l'espoir que le nouveau résident jetterait un coup d'oeil à l'immeuble et s'enfuirait à toutes jambes. Si cela venait à se produire, nous aurions certes été vexés quelques instants, mais soulagés pour le restant de nos jours. »

Alors, lorsque Anna Tap, une nouvelle locataire, emménage dans la résidence, son arrivée est perçue d'emblée comme une menace et Francis sollicite ses voisins pour chasser l'intruse.
Et ils ont raison, cette étrangère va secouer leur petit monde si ancré dans la routine, perturbant leur quotidien, bousculant leur vie si calme, faisant remonter également à la surface des souvenirs enfouis depuis longtemps au fond d'eux, des vérités oubliées qui se font à nouveau entendre.

*
Edward Carey n'a pas son pareil pour nous introduire avec tendresse et bienveillance dans les histoires de chacun.

« Ils forment un groupe singulier de personnages étranges qui semblent droit sortis d'un conte de fées bizarre et macabre… »

Ils paraissent tous enfermés dans leur propre monde de solitude, de silence, de tristesse, de regrets, d'obsessions, de phobies, de tocs qui les singularise.
En entrant dans leur intimité, on ressent de l'empathie pour eux, malgré leur attitude repliée et peu communicante.

Le personnage principal, Francis Orme, apparaît comme un homme obsessionnel aux manies vraiment bizarres : il ne supporte pas la vue de ses propres mains et les cache par des gants d'une blancheur immaculée. Il est également incapable de refreiner son besoin de voler les biens précieux des autres pour les ajouter à son musée privé.

« N'allez pas croire que je passais mon temps à ramasser tous les objets abandonnés. Ils devaient répondre à certaines exigences. Les morsures sur le cockpit, la roue manquante avaient donné à l'objet une histoire bien à lui. Il avait été aimé. Il devenait signifiant. »

Au fur et à mesure qu'on le découvre, les émotions du lecteur change, alternant tristesse, sympathie, indulgence, et irritation face à son attitude.
Les autres pensionnaires ont également d'autres manies que vous découvrirez en lisant le roman.

*
L'écriture d'Edward Carey se met au diapason de l'état psychologique de Francis. C'est donc un récit assez froid, dénué d'émotions, morose mais sincère, convenant parfaitement à cette atmosphère sombre et triste.
« L'observatoire » est un roman d'ambiance, l'intrigue est très simple, il n'y a que peu d'actions. Son intérêt est ailleurs, dans un mélange subtil et délicat de plusieurs ingrédients : un cadre qui oscille entre le gothique et le baroque, une atmosphère sombre mais fascinante, des personnages minutieusement décrits.

Je suis entrée dans cet univers un peu comme Alice au pays des merveilles qui, en décidant de suivre le lapin blanc, découvre un monde fantastique incroyable. Mais contrairement à Lewis Carroll, le monde vu par Edward Carey est teinté de gris, à la Tim Burton.

J'ai aimé cette atmosphère terne et déroutante, cet univers gothique qui m'a rappelé celui de "Gormenghast" de Mervyn Peake.
J'ai aimé le décor fait de ruine, à la fois obscur, crasseux, laid, intrigant, mais étrangement séduisant.
J'ai aimé ces personnages si singuliers, si mornes, si maussades, et au final si touchants.
J'ai aimé l'écriture où transparaissent la nostalgie et la mélancolie.

*
Pour conclure, « L'observatoire » ne ressemble à aucune autre histoire. Je suis tombée sous le charme de ce roman incroyable, animé par une étrange folie.
Une lecture dépaysante.

Un grand merci à Onee et Paul. Cette lecture m'a beaucoup plu et je ne l'aurais jamais lu sans vous.
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L'observatoire, immeuble délabré, gît comme un rond-point où les voitures bourdonnent. La ville le grignote, elle étend sa masse grise et tourbillonnante, elle étend la vie moderne là où il n'y a plus que passé et décrépitude.

Avant cela l'Observatoire était le manoir de Tearsham, propriété de la famille Orme. Elle comptait de nombreux Francis et des terres verdoyantes alentour. Cinq rangées de portraits ornaient les murs du hall d'entrée. Ils sont devenus poussière, le temps a fait son oeuvre, la famille Orme n'a plus qu'un Francis pour lui donner un héritier, un garçon premier né. Francis Orme le dernier rejeton d'une famille aristocrate.

L'Observatoire est divisé en appartements tous plus miteux les uns que les autres. de drôles de locataires y ont imprimé leurs marques, leurs solitudes, leurs histoires ternes et lugubres, leurs secrets honteux, leurs crimes silencieux. Chacun cache et lèche ses blessures comme un chien galeux. C'est poisseux, nauséabond, d'une tristesse s'engluant dans un temps quasi immobile, ou dont les aiguilles tournent dans le sens inverse.

Derrière ce récit décalé, farfelu, d'une noirceur improbable, se cache une émotion pure. Francis Orme, le fils, porte des gants blancs. Il collectionne des objets trouvés, des objets volés. Étiquetés, mis sous plastique, ces objets s'amoncellent, ils sont comme un paravent, un mur. Ils sont comme un secret du bonheur des autres, une part d'amour. À travers un télescope, un microscope, des jumelles, des lunettes, avec des gants, lui et son père flottent au-dessus de la réalité. Ils l'aménagent pour qu'elle soit plus supportable.

Dans l'Observatoire on retrouve la plume particulière d'Edward Carey, celle qui s'intéresse aux ordures, aux objets, aux personnages atypiques, bancals mais tellement émouvants dans leurs difformités, leurs invraisemblances. Ils interpellent. Une plume qui rend la noirceur poétique.

Derrière le silence et la poussière, on entend le bruit de l'amour et de la souffrance. On entend notre monde grouiller.

Un récit noir et farfelu à ne pas manquer ainsi que la trilogie des Ferrailleurs du même auteur, tout aussi captivante que l'Observatoire.

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Muni de ses gants de coton blanc toujours immaculés, Francis exerce la curieuse profession de statue vivante.

Nous suivons au gré de ses pérégrinations, son histoire, celle de sa famille et de sa demeure : une ancienne propriété luxueuse, devenue par la force des choses un immeuble d'appartements loués.

Au cours de ce récit, nous faisons la connaissance de personnages improbables aux destinées tragicomiques.

Résolument original, "L'observatoire" est une réussite, même si pour ma part, j'ai trouvé que les dernières lignes laissent une impression amère de tristesse, sentiment qui sous-tend déjà la majeure partie du livre.
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Impossible de dire pourquoi j'ai dévoré ce livre qui m'a conquise. Est-ce son histoire ? Son style ?Francis, le narrateur, vit dans cette résidence délabrée qu'on appelle L'observatoire avec ses parents immobiles et lui, qui par son métier est immobile aussi puisqu'il est statue dans un musée. Il possède plusieurs particularités. Je nomme les trois principales. Il collectionne des objets qu'il numérote dans son musée personnel qu'il vole parfois et ne quitte jamais ses gants blancs. Les autres locataires ne sont pas mal non plus. On est loin des clichés de la beauté ici. L'angoisse des locataires est à son comble quand ils apprennent l'arrivée d'une nouvelle voisine. Après son arrivée rien ne sera plus pareil... ⭐️ ⭐️ ⭐️ ⭐️
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Vous aimez les romans inclassables ?
Vous voulez du bizarre, de l'étrange, de l'absurde avec une belle pointe de mystère et de poésie ?
L'Observatoire est fait pour vous !
C'est un roman au style original avec une intrigue prenante, qui oscille sans cesse entre l'univers de Tim Burton et celui de Wes Anderson.
Nous découvrons le quotidien des habitants d'un étrange manoir à l'abandon, quelque part en Angleterre.
Chaque habitant y a ses particularités, ses failles, sa douleur ou sa faute, et l'histoire est un mélange de mélancolie, d'espoir, de tristesse et de joie mélangées, de surprises, de découvertes aussi incroyables que poétiques, on passe par le désespoir le plus profond, le plus lourd, le plus sombre à la joie la plus pure, la plus lumineuse, on croit lire un roman léger et on tombe sur des révélations « coup de poing », on pense être au coeur d'un roman noir et soudain, une lueur irradie et donne au récit une douceur et une tendresse fantastique.
Un roman merveilleusement écrit qui vous emmène dans un univers à part, fait de folie, de compassion, de chagrin, mais aussi d'amour et d'humanité, qui vous fait rencontrer des personnages que vous ne pourrez pas oublier même après avoir refermé le livre, qui vous émeut et vous donne envie de sourire et de partager de bons moments avec la terre entière.
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Attention ! Addiction possible et irrémédiable. En poussant la porte de l observatoire, vous risquez d oublier votre monde quotidien et de partager celui des habitants hors normes de cette étrange bâtisse. Vous y rencontrerez un homme aux gants blancs, une accroc à la télévision, une femme chien, un portier qui chuinte et une nouvelle locataire qui va brouiller les cartes de ce petit univers totalement décalé.
Si vous aimez les contes, les ambiances étranges, ce livre est pour vous. Servi par une écriture splendide, cette histoire très intelligemment déclinée ne vous lâchera plus..on y parle de sentiments , des mauvais et des bons, d immobilisme et de collection bizarre, d idées fixes, d obsessions et de coups bas, mais aussi d amour.
C est juste génial. Un OLNI qui va vous suivre même une fois le livre refermé.
Edward Carey est un conteur magique. Un inventeur hors pair (que j ai découvert avec les "ferrailleurs" )
Quand l absurde devient réalité sous la plume d un grand écrivain, le plus difficile reste de tourner les pages.
On en parlera encore, comme on fait référence à Lewis Caroll et à son "Alice".
Un grand livre je vous dis...
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Géniale folie !

C'est là où réside toute la superbe de Babelio sinon comment aurais-je fait la rencontre de Edward Carey et de son monde.
Comment aurais-je découvert tout un monde qui souhaite rester caché et ne sort presque jamais de l'Observatoire ?

Heureusement, j'ai doucement ouvert la porte de ce bâtiment à l'allure décrépite décourageant volontairement l'extérieur de s'y aventurer. J'ai passé la tête, accueillie par le chuintement du portier me faisant comprendre de déguerpir. Je me suis pourtant faufilée discrètement à l'intérieur, m'arrêtant à chaque étage pour découvrir derrière chacune de ses portes un monde, une vie, un être à part.

J'ai d'abord été submergée par leurs folies, à tous, toutes douces sauf quand j'ai été mordue par Numéro 20 mais elle ne me connaissait pas et j'étais sur son territoire, une étrangère.

Alors sur un des paliers entre le deuxième et le troisième étage, je me suis accroupie sur le tapis bleu élimé, le dos contre le papier peint déchiré et suis restée totalement immobile. Je les ai observés, les ai écoutés, appris à les connaitre et bien sûr à force je me suis attachée à eux.
J'ai alors fait d'Anna une complice, ai vu le loup Anna entrer dans la bergerie, les ai vu tous s'affoler, et Anna les apprivoiser. J'ai ensuite suivi Anna derrière chaque porte d'appartement pour rentrer profondément dans leur vie, leur passé, leurs blessures, leurs secrets.

Avec eux, en parcourant chacune des pièces de l'Observatoire, nous avons remonté le temps, ou au contraire repris le cours du temps, nous rencontrant parfois en même temps au même moment au même endroit.
Je me suis même à un moment figée prise de tournis et ai pris le temps de tout regarder à nouveau, les vieux tapis, les vieilles tapisseries, eux tous et même Anna, quelle égoïste que je suis, car elle semble avoir perdu du poids et les yeux rougis.

J'ai vécu avec eux tant de choses, des histoires d'amour, de deuil, de frustration, des histoires de famille, des passions, des talents, des espoirs et des désillusions. Et comme eux, je n'ai plus voulu sortir de l'Observatoire, cet îlot à part de la ville, isolé de la vie complètement folle de dehors.

Vous l'avez compris ce style si particulier d'Edward Carey m'a totalement entrainée avec lui et j'ai été emportée dans ces tourbillons de vies. Un style très original si pas unique car je ne saurai vraiment le décrire. Ce rythme en apparence calme, ralentissant tout, arrive pourtant à essouffler. J'ai eu parfois l'impression de manquer d'air ou du moins de respirer difficilement ressentant la poussière, la moisissure, la lourdeur de l'atmosphère tangible et stagnante. L'auteur arrive à nous rendre tous ces personnages insupportables, fous, méchants, et en même temps tous sympathiques, adorables. J'ai eu envie de tous les prendre dans mes bras et de les serrer fort en leur disant Ca va aller maintenant ! Oui tous, même le pire car il ne peut pas faire exception, c'est juste que ses souffrances, lui, il les a gardées pour lui.

Alors je dis encore, encore, je veux encore ! Edward Carey, je veux encore rencontrer d'autres de vos personnages. Promis, je prendrai le temps qu'il faut !


PS : Merci Sandrine/HundredDreams, c'est au détour de ta chronique sur le cycle Les Ferrailleurs que tu m'as conseillé de commencer avec cet auteur par l'Observatoire et quelle grande idée !


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