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Citations sur Rien qu'avec toi (11)

Le monde ressemblait à une peinture, et le seul mouvement en vue était celui de l’eau.
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Je me souviens d’elle comme d’une femme affectueuse, mais ferme ; on aurait dit qu’elle voulait me préparer aux défis que la vie me réserverait. J’avais toujours eu le pressentiment que je ne profiterais pas d’elle très longtemps, et l’avenir, hélas, me donna raison. Heureusement, Rose avait pris le relais auprès de moi… jusqu’à ce qu’elle aussi s’en aille. […] Je ne comprends pas quel Dieu pouvait s’acharner sur moi au point de m’arracher toutes les personnes qui m’aimaient – et puis, un jour, tout s’éclaira.
Personne ne prendra soin de moi, qu’importe le nombre de gens qui m’entourent, je suis tout ce que j’ai.
Ces mots devinrent mon mantra.
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J’étais figée, incapable de bouger quand bien même je l’aurais voulu. Mes mains tremblaient, tout mon corps frémissait en réalité, alors que nous continuions à nous regarder fixement… Je finis par me racler la gorge.
— Je suis désolée d’avoir percuté ton camion, murmurai-je. Il secoua la tête sans me lâcher du regard.
— Ne t’inquiète pas pour ça. Tu restes combien de temps ?
— Euh… Mon cœur se mit à battre follement, comme s’il allait sortir de ma poitrine. Il me demande de sortir avec lui ou quoi ? Me voilà dans de beaux draps.
— Eh bien, au moins jusqu’à vendredi, mais… j’ai un petit ami.
— J’allais juste te proposer de visiter la propriété, au cas où tu en aurais envie, car R.J. n’aura pas le temps.
— Oh ! Encore un moment affreusement embarrassant à ajouter à cette journée apocalyptique.
— Entendu, je veux bien, ce serait génial, ajoutai-je précipitamment. Un large sourire barra son visage et ses yeux se mirent à pétiller.
— OK, Katy, l’envoyée spéciale qui a un petit ami. On se revoit bientôt.
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Chicago comptait son lot de gens complètement fêlés qui montaient dans le métro aérien et parlaient fort, sans s’adresser à quiconque en particulier.
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— Vous travaillez ici ? questionnai-je.
— Oui, je m’appelle Jamie. Il avait une barbe de deux jours, le menton volontaire, et bien qu’il fût mince, il émanait de lui une force farouche. Il portait aussi un Levi’s noir et des boots de même couleur. Son teint, impeccable, était bien plus tanné que celui de l’homme typique de Chicago ; de toute évidence, il passait beaucoup de temps à l’extérieur. D’instinct, je regardai ses mains : c’étaient celles d’un travailleur, solides et calleuses.
— J’ai besoin de vos coordonnées, Jamie. Un lent sourire éclaira ses traits.
— Il me semble que c’est vous qui m’avez percuté, par conséquent, c’est moi qui ai besoin des vôtres. Waouh, qu’il était beau ! Mon niveau d’embarras monta d’un cran.
— Très bien, dis-je. Je sortis un papier froissé de mon sac, y gribouillai les coordonnées nécessaires et le lui tendis sans le regarder. Il le prit, puis émit un petit rire… Je m’efforçai de ne pas y prêter attention, lorsque je découvris que ma voiture était vraiment endommagée, et que je ne pouvais plus la conduire. Or il ne me restait plus que cinq minutes avant l’interview. Et merde ! Je levai donc les yeux vers Jamie, qui m’adressa un sourire suffisant.
— Qu’y a-t-il ? demandai-je d’un air agacé.
— Vous êtes Jerry Evans ?
— Pourquoi ?
— Je n’ai pas reconnu votre voix. Ce matin, au téléphone, elle était plus grave. — Écoutez, je vous ai donné toutes les informations requises, même si je n’ai pas l’impression que votre camionnette ait besoin de la moindre réparation. Bon, je suis désolée de vous avoir percuté… vous êtes content ?
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Jamie parvint à pousser ma voiture de location sur le bas-côté ; je regardai les muscles de ses bras rouler sous sa peau tandis qu’il manœuvrait. Son bras droit était entièrement recouvert de tatouages tribaux, pas les dessins classiques que l’on pouvait trouver dans un salon de tatoueur, mais des motifs uniques, presque irréguliers, dans des tons ocre. Il était très attirant, et visiblement aussi fort que doué. Lorsque je grimpai dans son camion, je vis un labrador couleur chocolat assis à la place passager et… sanglé par la ceinture de sécurité.
— Je vous présente Chelsea. Il va falloir que vous vous faufiliez entre nous deux, au milieu de la banquette, car c’est son siège. Je fis donc le tour par la portière conducteur, et lui adressai un petit sourire avant de me hisser à l’intérieur".

"— Où alliez-vous quand je vous ai percuté ?
— En ville, faire une course.
— Tiens, je pensais que les Californiens avaient une conscience écologique plus développée. Ces vieux pick-up ne sont-ils pas des pollueurs de première catégorie ? Regardant droit devant lui, il sourit.
— J’ai changé le moteur, je roule avec du bio-carburant.
— C’est-à-dire ?
— De l’huile de beignets. Aucune pollution, et en plus je me procure le carburant gratuitement à la boulangerie locale.
— Vous plaisantez ? Il secoua la tête. Chelsea scrutait la route, imperturbable. Quand je posai les yeux sur elle, elle tourna la tête et plongea son regard dans le mien, comme pour confirmer les propos de son maître.
— OK, dis-je. Et je m’attendais presque à ce qu’elle renchérisse, mais elle se détourna nonchalamment et se remit à observer la route qui filait devant nous. — On dirait une personne, commentai-je.
— Mouais, elle est géniale. Non ? Je lui souris et il me pinça la cuisse.
— Hé ! protestai-je.
— Allez, vous êtes arrivée ! Je vous dépose ici. Et il désigna un bâtiment.
— C’est le bureau de R.J. Ne soyez pas trop nerveuse, il impressionne tout le monde. Je me mis à rire.
— Merci.
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Conduire représentait toujours pour moi une expérience terrifiante, mais je baissai la vitre pour m’oxygéner le cerveau et respirer l’air pur et chaud. C’était une journée parfaite pour découvrir une petite ville, et je me retrouvai bientôt dans une bouquinerie, où je tombai sur un exemplaire des Carnets de Léonard de Vinci.
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À ma connaissance, je n’ai aucune famille, mes grands-parents sont morts, et je n’ai ni frère, ni sœur, ni oncle, ni tante. J’étais timide, quand j’étais enfant, aussi, je n’avais pas beaucoup d’amis. Je suis sortie de ma coquille une fois à la faculté, mais mes relations n’ont jamais duré très longtemps.
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Comme il était agréable d’écouter de la musique et de sentir en même temps le soleil couchant me caresser le visage…
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Au fond, qu’est-ce qui était le plus douloureux ? Le sentiment de solitude que l’on ressentait quand on était tout seul, ou celui qui vous envahissait lorsque la personne censée vous aimer se fichait pas mal de vous, ne songeait ni à se disputer avec vous, ni à se battre pour vous garder… Vous êtes-vous déjà sentis seuls dans une pièce bondée ? Seuls même si vous ne l’étiez pas ? Eh bien, je peux vous garantir que ça fait bien plus mal que lorsqu’il n’y a personne ; par ailleurs, je n’avais jamais particulièrement cherché à souffrir.
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