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Critique de Dandine


Ca lui a pris 16 ans a Alejo Carpentier pour publier un deuxieme bouquin. Au premier abord le lecteur peut penser qu'il poursuit la meme veine (s'il n'a pas lu l'introduction-manifeste et s'il ne sait pas qu'entretemps il a desavoue son premier livre, Ekoue-Yamba-O). Mais tres vite les differences sautent aux yeux. Je dois avouer que j'y etais prepare d'avance, sachant deux ou trois choses sur Carpentier. Dans Ekoue il narre le destin tragique d'un noir cubain, l'innocent Menegildo Cue, s'appuyant sur des descriptions ethnographiques de coutumes et cultes importes d'Afrique. Dans le royaume de ce monde il utilise des descriptions semblables pour perfiler le devenir de tout un territoire, Haiti, dans une vision liberationniste de son histoire. Il depasse le "negrisme" decoratif.

A travers le personnage de Ti Noel, un esclave qui s'affranchira, le livre suit les differentes phases de la lutte de liberation haitienne. Et leurs different leaders, eleves ici au niveau de heros mythiques. le manchot Mackandal, meneur du premier soulevement (en 1757, j'ai fait mes recherches), Bouckman qui dirige la deuxieme vague de la revolte (1791), et enfin le roi noir Henri Christophe (1807-1820).

L'auteur est present. Il se veut la conscience lucide de son personage, Ti Noel, qui après avoir toute sa vie admire et aide les differents insurges, voit un roi noir devenir le plus cruel des despotes ramenant de facto dans l'ile un esclavage pour tous, ne laissant d'autre issue qu'une nouvelle revolte sanglante, de noirs contre d'autres noirs negriers. Mais le dernier chapitre ne s'intitule pas pour rien Agnus Dei, agneau de Dieu, figure du sacrifie pour le bien des autres, de tous. La marche de l'histoire fait des meandres mais elle a quand meme un sens et une raison.

C'est après une visite a Saint Domingue et Haiti en 1943, ou il sera impressionne par les restes de la citadelle de la Ferriere et du chateau de Sans Souci, que Carpentier entreprend l'ecriture de ce roman. C'est un des precurseurs du nouveau roman historique latino-americain. Precurseur aussi et surtout du nouveau realisme magique, que dans son introduction programmatique il appelle "real maravilloso". Ce "reel merveilleux" est selon lui un trait caracteristique de l'histoire americaine (et pas seulement latino-americaine).

Après toutes ces palabres, est-ce-que l'auteur a rempli son contrat? Eh bien, ce fut pour moi une lecture tres agreable. le style est tres baroque, rythme et precieux a souhait, mais je garderais l'adjectif merveilleux pour d'autres qui l'ont suivi, Asturias, Garcia Marquez, et j'en oublie…

3 etoiles? Plutot 4!
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