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EAN : 9782070712281
252 pages
Gallimard (22/01/1988)
3.7/5   5 notes
Résumé :
Ekoué-Yamba-Ó est le premier roman d'Alejo Carpentier. Il l'écrivit en quelques jours, en 1927, lors d'un emprisonnement pour motifs politiques. Il y raconte l'histoire de Menegildo Cué et de sa famille, des rituels magiques des Noirs de Cuba et de leur vie à la campagne et en milieu urbain. Le récit est plutôt linéaire, encore que l'auteur y établisse parallèlement, en bon musicologue, une sorte de contrepoint de temps et de paysages, réalités vitales dans un milie... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Lisant le billet de dbacquet sur ce livre je me suis rappele que j'en avais poste un il y a belle lurette. J'ai essaye de le retouver et miracle! Des fois qui cherche trouve! Je le reposte: il ne date que de 2016, il est encore tout jeune.


Ecue-yamba-o est pour moi une variante du mythe de Nemesis: la revanche de l'oeuvre sur son auteur, Alejo Carpentier. Joie et Bonheur! La vengeance est un plat qui se partage avec les lecteurs. Je m'invite au repas!

Carpentier en avait ecrit une premiere mouture en 1928 alors qu'il etait emprisonne a Cuba pour ses idees politiques. Reecrit lors d'un long sejour en France, le livre fut publie en Espagne en 1933, et rapidement desavoue par l'ecrivain, sous pretexte qu'il ne depasserait pas le pittoresque superficiel. Ce n'est qu'en 1977, contraint par les nombreuses impressions pirates qui circulaient, qu'il a assume pleinement sa paternite et permis une edition academique.

La trame? le premier quart du XXe siècle a Cuba. La vie et la mort d'un noir, dans un milieu empreint de magie, de traditions africaines revendiquees et remodelees. Menegildo Cue est le fils d'un paysan qui a du ceder sa petite parcelle de terre a la grande compagnie sucriere americaine. Il grandit illettre et aide son pere, devenu charretier, a transporter la canne a sucre a la raffinerie. Suite a une rixe – sanglante – pour une jeune femme qu'il aime, il est emprisonne et se retrouvera, libere, a La Havane, dans un entourage qui l'initie au "naniguismo", une sorte de vaudou. Il finira par etre tue dans une bagarre de bandes vaudousiennes antagonistes.

La description de la vie des pauvres noirs a la campagne est interessante, mais j'ai surtout apprecie la deuxieme partie, qui se passe en ville. le vaudou n'y est pas presente seulement comme un culte, mais comme une revolte, une facon d'affirmer la dignite, l'honneur des noirs face a l'avilissement impose par les blancs. La parole dans les rites y est aussi importante que la musique, scandee par le rythme des tambours. La transe est une apotheose delivrante, dans tous les sens de cet adjectif. Les defavorises invoquent dieux et pouvoirs magiques importes d'Afrique pour se proteger, pour supporter leur marginalisation et lutter contre elle. C'est aussi une fete. Une fete ou les tambours, les quatre tambours rituels, "parlent", invoquent les deites et les heros, invitent les autres instruments et scellent le groupe. La fete comme reponse et contrepartie a la domination.

Je ne sais si Carpentier a voulu exalter la culture afrocubaine. En tous cas il lui donne une place en literature, differente des diverses etudes ethnologiques qui l'ont precede et suivi, permettant a mon avis au lecteur d'eprouver pour elle beaucoup d' empathie . J'ai lu le livre avec interet, n'en deplaise aux manes de Carpentier. Sans plus, bien sur; ce n'est pas un chef-d'oeuvre. C'est plutot la matiere brute que l'auteur raffinera plus tard dans "Le royaume de ce monde". Mais ca c'est peut-etre pour un prochain compte-rendu.

Trois etoiles donc. Tout de meme!


P.S. Et merci a dbacquet!
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Ce premier roman d'Alejo Carpentier nous plonge au coeur de la société afro-cubaine dans la première moitié du XXe siècle. Nous suivons Menegildo Cué, dès sa naissance, dans une modeste case de paysans cubains. La famille vit à côté d'une usine à sucre, la centrale San Lucio, où viennent travailler des haïtiens, des Jamaïcains, des galiciens... A son adolescence Menegildo s'éprend de Longina, une jeune Haïtienne qui a été vendue à un manoeuvre de la centrale, l'un de ses compatriotes, ivrogne et querelleur. Ce qui conduira Menegildo à commettre un homicide et à être emprisonné. Mais le Noir Antonio, un cireur de chaussure appartenant à une puissante confrérie, veille sur la destinée de son cousin. Menigildo est libéré de prison et retrouve Longina. Ils décident de rester en ville où la vie n'est pas moins agitée. Alejo Carpentier, grâce à un style très riche, traduit assez bien ce monde afro-cubain, où la politique côtoie la sorcellerie.
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Roman de jeunesse du cubain Alejo Carpentier, écrit pendant sa détention en tant qu'opposant à la dictature de Machado en 1927, remanié par la suite à Paris et publié en Espagne en 1933, Ekoué-Yamba-Ó (Dieu soit loué) est un fabuleux laboratoire littéraire où négrisme et surréalisme sont un prélude au futur réalisme merveilleux baroquisant de ses oeuvres suivantes.
Ekoué-Yamba-Ó, oeuvre caractéristique des années d'apprentissage de Carpentier, marquées par un fort intérêt pour la culture afro-cubaine, met en scène Menegildo Cué, un afro-cubain né dans le monde sucrier rural des trapiches et la misère de ses bohios où s'entassent les familles ouvrières de la culture et de l'industrie du sucre, c'est-à-dire dans la moitié Est de Cuba (la moitié Ouest étant consacrée au tabac).
De la naissance à la mort du protagoniste, l'auteur déploie un récit cyclique où l'espace narratif alterne de la campagne à la ville, de la liberté à la prison, de l'amour à la mort, de la mort à la naissance d'un fils, du monde rationnel à l'univers de la santería cubaine, spiritualité teintée de christianisme et dominée par l'héritage rituel africain yoruba.

Alejo Carpentier n'aimait pas ce premier roman Ekoué-Yamba-Ó, "une tentative ratée à cause de l'abus de métaphores, de comparaisons mécaniques, d'images d'un mauvais goût futuriste odieux et de cette fausse conception du national qu'avaient alors les hommes de ma génération" ajoute l'auteur. Bref pas assez baroque et trop conditionné par la mode ultraiste.
Ce premier roman de Carpentier est pourtant intéressant parce qu'influencé par les travaux de l'anthropologue cubain Fernando Ortiz qui, dès les années 20, a réalisé des études qui aboutiront à son concept de transculturation au travers de l'émergence d'une culture spécifique cubaine née des cultures européenne, africaine, indigène et asiatique. Fernando Ortiz a exercé une influence déterminante sur la génération des intellectuels cubains des années 30. D'ailleurs l'oralité populaire utilisée dans ce récit par Alejo Carpentier est en partie issue du glossaire d'afronégrismes d'Ortiz. Son oeuvre majeure, Contrapunto cubano del tabaco y el azúcar, marquera profondément la littérature et l'esthétique d'Alejo Carpentier (par ailleurs ami d'Ortiz).
Héritier d'Ortiz mais aussi des romans cubains anti-esclavagistes et abolitionnistes du 19ème siècle, concentrés sur des protagonistes Noirs et leurs conditions sociales épouvantables, d'auteurs tels que Cirilio Villaverde, Juan Francisco Manzano ou Gertrudis Gómez de Avellaneda, cette première oeuvre d'Alejo Carpentier inaugure le prodigieux dialogue conflictuel des cultures latino-américaines dont il fera une dynamique synthèse esthétique. Enfin, cette oeuvre marque le début de sa future féconde et romanesque célébration historique et géographique de l'Amérique Latine.
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Ce roman, le premier écrit d'Alejo Carpentier, est une sorte de succession de nouvelles (sur le travail à l'usine de cannes à sucre, sur l'ouragan etc...) reliées entre elles par Menegildo, le Noir analphabète et paysan. Déjà, nous pouvons retenir le travail fait par l'auteur sur la langue même s'il y a peu de références culturelles comme cela sera le cas dans ses ouvrages ultérieurs. Tout au plus, surgit, ça et là, une sorte de mépris pour ce qui n'est ni blanc ni cultivé. La conception du monde selon le personnage principal, mélange de syncrétisme religieux propre aux Antilles, inaugure la recherche d'une réalité dans laquelle magie et mythe alternent avec le quotidien, préparant et anticipant le "réalisme magique" des romans post- Carpentier dont Gabriel Garcia Marquez et Miguel Angel Asturias seront parmi les chantres les plus (re) connus.
Chaque fois que je lis Alejo Carpentier, sa langue me berce, son intelligence et sa culture m'émeuvent mais je ne peux pas m'empêcher de penser à la sentence de Reinaldo Arenas: Lorsqu'il s'est acoquiné avec le régime Castriste, Alejo carpentier n'a plus rien écrit de bon.
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Roman de jeunesse de Carpentier, il nous décrit dans son style truculent, sensuel et pittoresque la vie d'un noir de Cuba, Menegildo, ses amours, ... C'est surtout un prétexte pour évoquer les rituels magiques de l'île aux alentours de 1900. D'ailleurs, le titre est une référence expresse à l'un de ces rituels. le livre est truffé de termes de patois local, qui dans ma version, sont explicités dans un glossaire final. le roman, qui est le premier de Carpentier, reste un peu brouillon, ce qu'il reconnaît lui-même, n'assumant plus son contenu, et ne l'ayant republié que pour combattre une version pleine d'erreurs qui était la seule en circulation.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Es cierto que Menegildo no sabia leer, ignorando hasta el arte de firmar con una cruz. Pero en cambio era ya doctor en gestos y cadencias. El sentido del ritmo latia con su sangre. Caundo golpeaba una caja carcomida o un tronco horodado por los comejenes reinventaba las musicas de los hombres.
p. 36 , éd. Alianza editorial, 1989
Traduction libre du contributeur: Il est vrai que menegildo ne savait pas lire, ignorant même l'art de signer d'une croix. Mais par contre il était maître en gestes et cadences. Le sens du rythme battait dans son sang. Quand il tapait sur une boîte de conserve vermoulue ou sur un morceau de bois pourri par les termites, il réinventait les musiques des hommes.
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La famille Cué était convaincue - et en cela elle ne se trompait pas - que la justice et les tribunaux étaient une invention de gens compliqués, qui ne servait à rien, sauf à emmêler les choses et toujours emberlificoter le pauvre qui a raison.
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Le phonographe de la boutique chinoise éjacule des chansons d'amour cantonaises.
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