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Critique de CaroGalmard


Drôle de coïncidence de rédiger cet avis 7 ans après les attentats. Mais c'est un pur hasard. J'avais commencé cette lecture il y a plusieurs semaines. Puis j'avais fait une pause, car le sujet était dense, épidermique. Puis je l'ai terminé. Pour tout savoir. Pour partager jusqu'au bout, les méandres de ce procès vertigineux. J'avais toute confiance en la profonde humanité et l'équité de Emmanuel Carrère pour cette chronique judiciaire hors norme, ayant déjà apprécié son talent dans L'Adversaire. Ce genre de lecture pourrait réconcilier avec le journalisme. On est à l'opposé des reportages vides de sens, mais plein de sensationnel. On est loin des émissions à charge pour créer du buzz et faire s'insurger les ménagères de moins de 50 ans.
Et pourtant avec ce sujet, c'est si facile de choisir la facilité : faire pleurer dans les chaumières et apporter une pierre à l'édifice contre l'Islam radical. Mais non. Emmanuel Carrère vous montre toutes les facettes du problème. Personne n'est oublié. Les victimes, les avocats, les juges, les accusés, les copains, les agents de sécurité pour rentrer dans le palais de justice, les familles des uns et des autres. Je suis très satisfaite de lire un texte qui en dehors des actualités kleenex (vite vues, vite oubliées), explique précisément pour une néophyte comme moi, les méandres de l'Islam radical de la dernière décennie.
Ça ne fait pas de moi une spécialiste du sujet, mais au moins avec une culture générale contemporaine un peu accrue.
Ce procès, c'est un peu notre procès à tous. Je ne sais pas pour vous, mais je me souviens précisément de cette soirée. J'avais suivi les premiers reportages en direct le soir-même, avant d'éteindre la télévision et aller tenter de dormir avec dans les oreilles ces bruits d'une horreur absolue : des balles que l'on tire sur des gens venus assister à un concert. Parisienne à l'époque, la capitale a beau être grande, elle reste un petit village : le lundi suivant, nous avions du décaler une réunion car l'un des participants avait perdu un proche au Bataclan.
Emmanuel Carrère a la délicatesse d'aborder ce qui est inabordable. Comme un filtre qui permettrait de regarder le soleil sans être ébloui. J'ai aimé la façon dont il déroule ces longs mois, avec un regard humain et toutefois critique, sur l'intelligence particulière de certains, ou la mauvaise foi d'autres. Sur des passages où la tension est extrême, et ceux ou l'attention se relâche, malgré la lourdeur du sujet. Sur les rapports qui se tissent entre tous ceux présents. Ces petits cafés et ces confidences partagées. On n'assiste pas à un procès de ce type. On s'y implique corps et âme.
Merci pour ce témoignage. Pour les victimes. Pour ceux qui restent.
Alors, faut-il le lire ? Oui. C'est rude, mais c'est important.
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