Depuis toute petite, j'éprouve un attachement particulier pour le monde d'Alice. Au fil des années, j'ai tenu à continuer la lecture, à m'accrocher à ce monde-là. Mais je sentais comme un changement, je sentais que je perdais pied : en me détachant de l'enfance, certains éléments loufoques ne me paraissaient plus aussi évidents qu'avant. J'éprouvais parfois un malaise à certains passages, comme celui de Cochon et Poivre. Les représentations visuelles des personnages, que je m'étais si bien créées, que j'avais mis tant de temps à former mais qui me paraissaient pourtant si naturelles, ne me venaient plus spontanément à l'esprit à la lecture de leur nom. En un mot, je grandissais.
Aujourd'hui, je lis encore de temps à autre
Alice au pays des Merveilles, et c'est comme un retour en arrière. le secret, pour replonger tête la première dans l'univers de
Lewis Carroll, c'est de chercher en soi la petite personne qui reste tapie dans un coin et qui n'attend qu'une chose, prendre le thé avec des fous. Avec les yeux de cette petite personne-là, les aventures d'Alice constituent de nouveau un classique incontournable de la littérature anglaise, un conte aux bizarreries si prononcées qu'elles ne peuvent pas ne pas exister. Avec les yeux de cette petite personne-là, on approche d'une manière ludique et naturelle, sans se poser de questions, toutes ces choses qui effraient l'adulte rationnel, les questions sans réponses, l'absurde, les rêves, la folie.
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