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Critique de Isacom


Soixante ans ! Ce livre a soixante ans !
En 1962, on ne parlait pas encore de la "6ème extinction de masse", mais Rachel Carson utilise la métaphore du printemps silencieux pour constater, en biologiste qu'elle est, les ravages exercés par les pesticides sur les insectes, et par voie de conséquence sur les oiseaux qui s'en nourrissent.
"La pluie de désherbant qui s'abat sur les forêts et les champs, les marais et les cultures amenuise et même détruit tout de bon l'habitat des bêtes sauvages. Peut-être serait-il moins cruel de massacrer ces créatures que de leur supprimer la nourriture et l'abri."
Rachel Carson décrit les effets du DDT et autres toxiques sur les différentes espèces (notamment l'effet cocktail encore mal connu), mais aussi sur les sols, les eaux et l'air, et puis bien sûr sur la santé humaine.
"Dans les circonstances présentes, notre sort n'est guère plus enviable que celui des invités des Borgia."
Elle évoque également les phénomènes qui favorisent les insectes les plus résistants, démontrant ainsi l'inanité de cette course aux pesticides, et propose des solutions différentes comme la lutte biologique. Par contre elle est très évasive sur les enjeux économiques, en clair le système industriel capitaliste à l'origine des épandages massifs. Pas un mot non plus sur les décisions politiques.
(Rappelons que la chlordécone, interdite en 1976 aux États-Unis, a été utilisée jusqu'en 1993 aux Antilles françaises, contaminant durablement le milieu et provoquant de multiples cancers... pour que la métropole puisse manger des bananes. Et que le glyphosate, classé "probablement cancérogène" lui aussi, reste l'herbicide le plus vendu dans le monde.)
Ce livre a curieusement vieilli. Par rapport aux publications scientifiques du 21ème siècle, il manque singulièrement de références, de sources, de bibliographie. Des chiffres apparaissent de-ci de-là, mais disons-le, bien qu'appuyé sur des travaux solides sans aucun doute, c'est clairement plus romanesque que scientifique. Voire poétique : "...ces farfadets de la forêt que sont les roitelets, huppés et rubis, les petits gobe-mouches, et les mille chanteurs dont les vols migrateurs passent à travers nos arbres à la saison du renouveau, comme un fleuve multicolore..."
C'est aussi ce qui fait son charme.

Traduction de Jean-François Gravrand révisée par Baptiste Lanaspeze.
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