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Critique de le_Bison


C'est la fin de l'année, ou le début de la nouvelle, je ne sais plus… Et si je sortais une bonne bouteille de whisky. Et si je sortais un bon bouquin américain. Et si je sortais justement un recueil de nouvelles de Raymond Carver. Carver, Ça fait longtemps que je n'ai pas lu Raymond. Je sens que c'est ce qu'il me faut pour accompagner mon Smoke Stack, je souffle sur la poussière qui s'envole des pages de mon bouquin, retombe au pied de mon verre au goût fumé. Voilà je suis en Amérique, une Amérique d'un autre temps certes, mais les « charmes » de la vie américaine à la sauce Carver opère toujours avec moi.

« Tais-toi, je t'en prie », supplie-je. le silence s'impose pour écouter les battements de coeurs qui cognent dans ces maisons pavillonnaires. Lorsque les volets se ferment. Ou lorsque la porte s'ouvre pour récupérer une bouteille de lait. Dis, c'est quoi cette bouteille de lait. Ecoute petit, oublie le lait, viens lire avec moi ces histoires, de couples, d'enfants ou de chiens. Il y en a pour tous les goûts, et même si tu n'aimes pas le fumé de mon whisky. Comme il y en a pour toutes les vies, du moment qu'elles soient ordinaires. Et si je mettais un 33 tours de Tom Waits ?

Avec Raymond, il ne se passe rien d'extraordinaire, simplement des tranches de vies, simples, basiques, communes. Il y est question, d'amour, un peu, de couples, souvent et de solitude, beaucoup. Rentrer avec un roman de Carver n'est jamais gage d'une grande éclat', d'un moment festif, et pourtant le plaisir y est toujours, je parle en mon nom propre. Les hommes boivent et se retrouvent seuls. Les femmes boivent aussi et se sentent seules. On discute couple et amertume autour d'un verre, d'une bière. On imagine rupture autour d'une bière, dans un bar, sans strip-teaseuse (pas d'éclat', on est toujours dans du Carver). On se sent triste dans ce bar, dans sa cuisine, la porte du frigo qui se referme sur les canettes de bières… Et souvent il y pleut sur les vitres comme sur les visages.

Il ne se passe rien... et pourtant je l'adore... cet écrivain qui peut écrire trois pages simplement sur un pauvre type qui pisse dans un urinoir...
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