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Citations sur Tais-toi, je t'en prie (62)

Il lui lisait des vers de Rilke, poète qu'il admirait beaucoup, lorsqu'elle s'assoupit, la tête sur son oreiller. Il aimait déclamer des vers, et il lisait bien, d'une voix sûre et bien timbrée, basse et profonde, qui quelquefois s'élevait, frémissait. Quand il lisait, il ne quittait jamais son texte des yeux et ne s'interrompait que pour puiser une cigarette dans le paquet posé sur la table de nuit. Cette voix cuivrée la plongeait dans des rêves de caravanes quittant des cités fortifiées sous la conduite d'hommes barbus en robes. Elle l'avait écouté quelques minutes puis ses paupières s'étaient fermées et elle avait lentement dérivé vers le sommeil.
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- Bon dieu, quelle chaleur ! dit-il. On a encore de la bière ?
- Oui, je crois qu’il en reste, répondit-elle en le suivant dans la cuisine.
Il avait les cheveux mouillés. Elle y passa les doigts tandis qu’il s’asseyait. Elle lui ouvrit une bière et s’en versa un peu pour elle-même dans une tasse. Il but à petites gorgées, le regard fixé sur la fenêtre enténébrée de l’autre côté des vitres.
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- Moi, si quelqu'un vient m'épier par la fenêtre, je le balance aux flics, ai-je dit. Sauf peut-être si c'est Cary Grant.
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[Qu'est-ce que vous voulez ?]

Il fait tourner le verre vide dans sa main et une envie lui vient de mordre dedans.
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Mon mariage venait de capoter et j’étais sans travail. J’avais bien une petite amie, mais elle était en voyage. Si bien que j’étais dans un bar, devant un demi de bière. Deux bonnes femmes étaient assises à quelques tabourets du mien, et voilà qu’une des deux s’est mise à me parler.
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Il ne restait plus trace en lui de l'optimisme qui avait teinté sa fuite de la ville. Il s'était évaporé au soir du premier jour, tandis qu'ils roulaient vers le nord entre deux rangées ténébreuses de séquoias géants. Désormais, les pâturages de l'ouest de Washington, leurs vaches, leurs corps de ferme épars, ne semblaient plus rien lui promettre, rien en tout cas de ce qu'il désirait vraiment. Et à mesure qu'il avançait, un sentiment de révolte et de désespoir grandissait en lui.
Il maintenait la voiture à une allure régulière de quatre-vingts à l'heure - le maximum sur une route pareille. Il avait le front et la lèvre supérieure emperlés de sueur. Une odeur de trèfle forte et pénétrante imprégnait l'air tout autour d'eux. Le paysage se mit à changer. La route plongea brusquement, franchit un petit pont, remonta, puis le bitume cessa et ils se retrouvèrent sur un large chemin de terre. Il continua à rouler, soulevant derrière lui un nuage de poussière ahurissant.
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Quand l'orchestre s'interrompit à nouveau, Ralph chercha les toilettes des yeux. Il distingua des portes qui semblaient animées d'un mouvement perpétuel à l'autre extrémité du bar et il mit le cap sur elles. Il titubait un peu. Il était ivre à présent, il le savait. Une des portes était surmontée d'un bois de cerf monté sur écusson. Un homme la poussa, entra ; un second la retint, sortit. Ralph entra à son tour et se joignit à la file qui s'était formée devant l'urinoir. Tandis qu'il attendait, il se mit à fixer d'un œil hypnotisé les deux cuisses écartées et la vulve ouverte maladroitement dessinées sur le mur au-dessus d'un distributeur de peignes en plastique. Sous le dessin, on avait griffonné : BOUFFE- MOI, et plus bas encore une autre main avait inscrit : Betty M. bouffe les minettes, RA 52275. La file avança et Ralph suivit le mouvement, le cœur serré à la pensée de cette Betty. Il accéda enfin à l'urinoir et se soulagea. Le jet lui fit l'effet d'un éclair jaillissant. II soupira, se pencha en avant et appuya son front à la paroi. Oh ! Betty, songeait-il. Sa vie avait changé, il s'en rendait bien compte. Du fond de son ivresse, il se demanda s'il existait d'autres hommes qui, en se penchant sur un incident isolé de leur vie, étaient capables d'y déceler les prémices d'une catastrophe qui bouleverserait par la suite le cours de leur destinée. Un moment encore, il resta dans cette posture puis il abaissa son regard et s'aperçut qu'il s'était pissé sur les doigts. Il alla au lavabo et, jugeant préférable de ne pas user de la barre de savon douteuse se fit couler de l'eau sur les doigts. Tandis qu'il déroulait l'essuie-mains, il approcha son visage du miroir tout piqué et se regarda dans le blanc des yeux. Un visage : que peut-il y avoir de plus banal ? Il toucha le miroir du doigt, puis s'écarta pour laisser passer un homme qui voulait user du lavabo.
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J’étais sans travail, mais je devais recevoir de nouvelles du Nord incessamment. Allongé sur le canapé, j'écoutais le bruit de la pluie. De temps en temps, je me levais pour jeter un coup d'œil à travers le rideau, des fois que le facteur s'amènerait.
Mais la rue était vide, morte.
Je ne m'étais pas recouché depuis cinq minutes que j'ai entendu quelqu'un qui gravissait les marches du perron, faisait une brève pause, puis frappait. Je suis resté coi, sachant que ça ne pouvait être le facteur. Le facteur, je connaissais son pas. Quand on est chômeur, on n'est jamais trop circonspect. Les mises en demeure et les sommations pleuvent. Tantôt elles arrivent par la poste, tantôt on vous les glisse sous la porte. Y en a même qui viennent vous voir pour discuter, surtout si on n'a pas le téléphone.
On a frappé une deuxième fois, plus fort. Ça n'augurait rien de bon.
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Il tournait sur lui-même, tournait avec une lenteur de rêve, tournait et tournait encore, émerveillé par les impossibles changements qu'il sentait remuer en lui.
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- Tout ça, c’est de la littérature, elle m’a dit. Le vrai cauchemar, ce serait d’être trahi par un membre de sa propre famille.
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