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Citations sur Miss Crampon (27)

Si je lui explique la colère de mes copines, mes petits aménagements avec la vérité, mon problème avec Tom, [ma mère] va tout prendre trop à coeur et, à terme, m'empêcher de penser par moi-même, ou plutôt - ce qui revient au même - penser à ma place.
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Je me 'chut' : c'est la règle. Ne jamais dire ce que je pense est un principe que j'ai adopté à l'âge de cinq ans quand Camélia, ma belle-mère, m'a demandé si je préférais ses blagues au regard de galgos* de ma mère, son mètre dix-huit de jambes au ventre de sharpei de ma mère, ses jurons de boxeur à la poésie vieux rose de ma mère.

* lévrier
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Donner mon avis sur sa poésie pourrait porter atteinte à mon confort. Il est invraisemblable de révéler à ma mère combien ses rimes sont nulles, ou à ma belle-mère que son acharnement à rester jeune et à parler comme moi relève du pathologique. Dire à mon père que son eau de Cologne Amber-Tobacco dont il est fier parce qu’il la trouve exclusivement à l’aéroport de Chicago sent le vieux mégot est aussi impossible que d’avouer à Mamita, ma grand-mère, que les papiers à lettre qu’elle m’offre me serviraient à découper des poissons chaque 1er avril si j’avais dix ans de moins, mais ne me serviront jamais à lui écrire des tartines sur ma folle vie d’élève de troisième à présent que j’en ai quatorze. Les gens qui m’entourent ont pour exigence commune d’être aimés plus fort que les autres. Est-ce normal ? Qu’à cela ne tienne, je fais comme si. Je veux que chaque membre de ma famille pense que je l’aime plus que tout. Depuis que mon « petit problème » est quasi résolu, je souhaite m’occuper exclusivement de moi-même. Mes rêves. Mon quotidien. Mon avenir. Pour avoir la paix et que chacun me laisse sur mes rails, j’ai appris à devenir l’incarnation exacte de ce que les gens attendent de moi.
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[...] je suis actuellement mal partie avec mes amies filles, donc ma belle-mère de 41 ans (11 ans d'âge mental) n'est pas à exclure tout à fait de ma vie, même si elle porte ce soir, pour le karaoké de l'hôtel, une minijupe en cuir rose. Mon père lui a signalé que cette 'ceinture' n'était pas de saison mais elle n'a pas compris la blague, qui, évidemment, n'en était pas une. Mon père blague d'ailleurs assez peu avec la longueur des jupes de Camélia. Elle a cru qu'il tiquait sur la couleur et elle a affiné :
- Ce n'est pas du rose, Chris, c'est plutôt du rouge clair.
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Je ne sais pas si je suis contente à l'idée de cette soirée. Ma peur vient toujours barrer le chemin de mon plaisir. L'élection [...] avec mes copines, oui, franchement, ça me plaît, mais l'idée de Paul qui voudrait quelque chose de moi, quelque chose d'un peu trop avancé par rapport à mes élans, je ne sais qu'en penser.
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Depuis que l'adolescence a partiellement pris possession de moi, je constate que l'autosatisfaction de papa ne représente plus pour moi une de ses qualités majeures. Avant, je le croyais vraiment responsable des paysages. Maintenant, il y a de plus en plus de choses qui me gênent en lui. Je déteste quand il met ses baskets, par exemple, même si je sais que c'est Camélia qui les lui a offertes pour le rendre moins strict. Elles lui modifient la démarche et pire, il sourit en les portant, comme si marcher en baskets induisait forcément de prendre la vie avec légèreté.
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Et puis j'ai un copain, très bon skieur, avec qui je passe des vacances d'hiver agréables et qui m'agace parfois en me donnant la main. Je la refuse. J'ai le droit de dire non.
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Je me chut : c’est la règle. Ne jamais dire ce que je pense est un principe que j’ai adopté à l’âge de cinq ans quand Camélia, ma belle-mère, m’a demandé si je préférais ses blagues au regard de galgos de ma mère, son mètre dix-huit de jambes au ventre de sharpei de ma mère, ses jurons de boxeur à la poésie vieux rose de ma mère. Et pour conclure, du moins pour ce jour fondateur de notre relation à venir : ses tenues de zumba à la raquette de tennis en bois de ma mère. Raquette vintage, objecterait Camélia, mais elle ferait fausse route. La raquette de ma mère est juste une vieille raquette en bois comme on n’en fait plus, portée par une mère ringarde comme on en fait peu (mais que j’aime plus que tout). Nous nous rencontrions pour la première fois, Camélia et moi, et j’ai senti, malgré le sourire ravi de mon père qui se félicitait que le courant circule entre nous, qu’il y avait un petit piège dans ses questions. Pas méchant mais posé là, sous ma langue. J’ai poussé un tel oui en réponse à sa demande de réassurance que depuis neuf ans, Camélia, gonflée d’orgueil par mon élan pour elle, se vante auprès de ses amies d’être, loin devant sa mère, la chouchoute de Suz’, sa belle-fille. Bien entendu, ma mère n’est pas au courant de ma trahison. D’ailleurs, elle continue de m’aimer tellement qu’à chaque retour de chez mon père, ma mère me fait l’offrande de quelques vers qu’elle a pondus en mon absence : « Ma Suzine, petite usine, toi le bateau qui vogue droit, tu resteras toujours à moi » ou « Suzine, si fine, sois heureuse même à Villetaneuse ».
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'Ma Suzine, petite usine, toi le bateau qui vogue droit, tu resteras toujours à moi'. Ou 'Suzine, si fine, sois heureuse même à Villetaneuse'.
Donner mon avis sur sa poésie pourrait porter atteinte à mon confort. Il est invraisemblable de révéler à ma mère combien ses rimes sont nulles, ou à ma belle-mère que son acharnement à rester jeune et à parler comme moi relève du pathologique. Dire à mon père que son eau de Cologne Amber-Tobacco dont il est fier parce qu'il la trouve exclusivement à l'aéroport de Chicago sent le vieux mégot est aussi impossible que d'avouer à Mamita, ma grand-mère, que les papiers à lettre qu'elle m'offre me serviraient à découper des poissons chaque 1er avril si j'avais dix ans de moins, mais ne me serviront jamais à lui écrire des tartines sur ma folle vie d'élève de troisième à présent que j'en ai quatorze. Les gens qui m'entourent ont pour exigence commune d'être aimés plus forts que les autres. Est-ce normal ? Qu'à cela ne tienne, je fais comme si. [...] Pour avoir la paix et que chacun me laisse sur mes rails, j'ai appris à devenir l'incarnation exacte de ce que les gens attendent de moi.
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« Se chuter, c’est bien, mais hurler, parfois, serait plus adapté. Là, j’ai envie de pousser toutes sortes de plaintes : Au secours, À L’aide, Berk, Help, Non, Aïe, mais je me chut. Au pire, ma vie est terminée. Aux mieux, elle est fichue. »
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