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Critique de Patsales


Ça m'a pris sans prévenir : « Il me faut un roman d'Eve de Castro! ». Je suis allée fouiner chez les libraires d'occasion; la dame n'est plus rééditée. Et pourtant... J'ai commencé à lire. Je me souvenais de tout: de l'incendie, du furet et des sangsues; moi qui suis capable de recommencer tous les ans les Agatha Christie de mes parents en me demandant qui est l'assassin.
J'ai plongé dans l'histoire comme Marcel dégustait ses madeleines: voici tout le XVII° siècle ressuscité dans une langue charnue et généreuse qui envoie le lecteur aux côtés des fontainiers et des maçons, des bourreaux et des perruquiers, de toutes les ombres qui oeuvrent dans les coulisses du chantier de Versailles.
Alors, oui, bien sûr, c'est un roman. Avec son lot de drames et de romances, de twists et de mystères. Mais c'est surtout un formidable récit didactique à la Jean-Louis Beaucarnot. Où l'on apprend: À quoi sert le chocolat; comment faire paraître des sangsues plus grosses qu'elles ne sont; comment jouer à la glissoire; quelle est la meilleure crème pour les mains; à quoi servent les fentes dans une perruque ; comment soigner la gangrène ; en quoi fumer un cadavre rend les parfums plus capiteux; quels saints invoquer pour avoir un enfant...
Contrairement à Süskind qui n'instruit ses lecteurs que de l'industrie des parfums, Ève de Castro explore tous les domaines du grand siècle. C'est ce qui fait la force de son livre mais c'est aussi ce qui lui donne ses limites: l'histoire ne fait pas le poids. Alors Chose meurt en reniant son fils qui ne pourra honorer son rendez-vous avec Machine qui devra épouser Bidule alors qu'elle est la fille cachée de Trucmuche?! Mais on s'en tape! Allez, Ève, raconte-nous plutôt à quoi ont servi les roseaux à quenouille pour la construction de Versailles...
« Le pouls, qui se prend en posant trois doigts sur la saignée du bras, peut être égal et, dans ce cas, véhément ou languide. Il peut au contraire être inégal et, dans ce cas, réciproque, intermittent ou défaillant. Ou encore être petit, tendu, élancé, convulsif, rare, tardif, ondoyant, vermiculant, fourmillant, tremblant, ondeux, large ou mol. »
Comment passer à côté d'un auteur capable de donner 20 adjectifs différents pour vous apprendre à écouter votre pouls?
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