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Critique de gruz


Il faut parfois se méfier des accroches commerciales. L'éditeur Sonatine ose annoncer que le personnage principal de Tony Cavanaugh se rapproche du Harry Bosch de Michael Connelly… Et bien, croyez-moi, ce Darian Richards tient la comparaison !

Maintenant que vous savez où vous mettez les pieds, autant vous dire de suite que l'auteur va vous faire danser. Il va vous guider tout au long de ces 520 pages sans jamais trébucher, avec un impressionnant sens du rythme.

Cavanaugh pioche dans les caractéristiques du Hardboiled d'outre-Atlantique – enquête, anti-héro, cynisme, désillusion, failles du système, frontière ténue entre bien et mal… – pour faire valser ses personnages (et nos dernières illusions).

Darian Richards, donc. Essayer, c'est l'adopter. le genre de personnage qui marque fortement les esprits. Un esprit libre, justement, aux méthodes peu orthodoxes pour faire passer la justice à tout prix. Un flic retiré des affaires, mais qui y revient pour enquêter sur des événements troubles, vieux de 25 ans. Persévérant pour ne pas dire têtu, il n'est pas du genre à mettre de l'eau dans son vin pour mener à bien L'affaire Isobel Vine. D'autant plus qu'elle met en cause l'institution policière… de quoi donner un vrai coup de pied dans la fourmilière (ce qui ne lui pose pas de problème, vu son caractère plutôt misanthrope).

Ça faisait un petit moment que je n'avais pas été aussi enthousiasmé par un tel (anti) héros « à l'américaine ». Il fallait bien être Australien pour damer le pion aux Américains sur leur propre terrain.

Tony Cavanaugh m'a bluffé de bout en bout. Un personnage ne peut pas vivre sans une plume enlevée. L'auteur nous entraîne dans une sarabande meurtrière par son écriture acérée, mélange de cynisme et de précision, où les dialogues font mouche. Une écriture parfaitement mise en valeur par la traduction de l'excellent Fabrice Pointeau. Proprement jubilatoire parfois (la truculente scène dans un restaurant français de Melbourne m'a fait bien rire).

Rarement une peinture des mécanismes d'une enquête policière n'aura été aussi poussée, sans jamais tomber dans la description. Tout y est minutieusement réfléchi, et chaque coin de rue remémore au personnage principal une affaire passée.

La construction est un modèle du genre (il fallait bien ça pour tenir la route sur plus de 500 pages) et l'alternance des modes de narration en « Je » et « Il » est parfaitement maîtrisée.

Tony Cavanaugh est une sacrément belle découverte et L'affaire Isobel Vine un bougrement bon polar, avec un personnage épatant qu'il nous tarde de retrouver. Mon seul regret, c'est que les lecteurs francophones prennent le train en marche, puisque c'est le cinquième roman de l'auteur, le premier traduit en français (mais sincèrement, ce n'est aucunement gênant pour la lecture).
Lien : https://gruznamur.wordpress...
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