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Critique de Pecosa


« Même si la paléontologie est une science s'intéressant à un passé très reculé où l'on s'attend à voir peu de changements, il suffit d'une seule découverte pour faire voler en éclats toute une construction intellectuelle et condamner à la poubelle une flopée de thèses. »

Peu férue de paléontologie, malgré des lectures régulières des aventures de Rahan, fils des âges farouches, mais grande fan d'Hannelore Cayre, j'ai ouvert Les Doigts coupés avec une grande curiosité. Exit les intrigues juridiques et le Noir social, la Daronne du polar a imaginé le destin d'une jeune femme rebelle, Oli, lasse de devoir attendre que les hommes rentrent de la chasse, et de n'être cantonnée qu'à un rôle secondaire au sein de son petite tribu homo sapiens.
La découverte d'une grotte à Savignac-de-Miremont, Dordogne, par des ouvriers polonais, vient donner un coup de pied fatal dans l'interprétation jusque là en vigueur des origines de nos très lointains ancêtres. Deux squelettes dont celui d'une femme de haut rang, des centaines de pochoirs de mains mutilées, des ornements, et c'est une autre histoire de la Femme « préhistorique » qui devient possible.

Les Doigts coupés est un roman d'affranchissement, celui d'une jeune fille qui se rebelle, désire chasser, refuse d'enfanter, et apprécie la solitude quand l'esprit clanique est un gage de survie.
Le langage d'Oli est le nôtre, ses préoccupations pourraient être celles d'une adolescente d'aujourd'hui, en rupture totale avec l'autorité familiale, et les normes sociétales en vigueur. L'exercice est périlleux, voire casse-gueule, et pourtant cela fonctionne, comme fonctionnent le style acéré d'Hannelore Cayre, et son humour caustique. Attention, rien à voir avec les femmes Pierrafeu qui roulent en voiture en pierre, et possèdent des diplodocus domestiques …

Dans Les lionnes de Chauvet, Sophie Marvaud narrait la naissance d'un clan de femmes et le premier double meurtre de l'humanité en - 35 000 ans en Ardèche. Les Doigts coupés est le récit d'une « émancipation paléolithique » non dénuée d'humour. J'aurais aimé en apprendre davantage sur Adrienne Célarier, l'universitaire coriace qui tacle la DRAC, la romancière parvenant en quatre courtes pages à lui donner chair et consistance. Elle semble être le pendant contemporain de Oli, la dilettante. Je ne dirai plus que je n'aime pas les romans ancrés dans la Préhistoire. J'avais été émue à la lecture d'un conte poétique signé Pagnol, le Premier amour, qui racontait l'invention de l'amour ainsi que la découverte du feu. La naissance du féminisme il y a 35.000 ans est aussi une belle histoire à écouter.
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