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Critique de zazy


zazy
01 septembre 2017
« Chère Else,
Je dois bientôt m'en aller, partir. Vous quitter. C'est la dernière nuit que je passe en tête à tête avec votre absence. C'est là, je le sais, toute la compagnie que je recevrai jamais de vous. Demain, je serai de retour au front. Je n'ai jamais pu mentir devant vous. Je m'avance sur un chemin où, dans quelques heures, à l'instant peut-être où vous lirez ces mots, je me serai déjà franchi. »
Ce premier paragraphe à peine terminé, je suis conquise.
Un lieutenant allemand, peintre, ayant vécu à Paris jusqu'à la mobilisation écrit une lettre à Else, une femme plus fantasmée que réelle rencontrée une seule fois.
« Vos pensées comme vos nuits me sont inconnues. Je ne vous connais que de loi et, pourtant, depuis notre rencontre à Paris, vous m'êtes devenues plus intiment liée que mon propre souffle. Vous êtes apparue sur mon chemin en l'ouvrant à sa plus secrète sente. »

Cette lettre, la recevra t'elle, la lira t'elle alors que le lieutenant Heller se prépare à partir à l'assaut au lever du jour. Il sait qu'il n'en sortira pas vivant. Cette assurance le pousse à parler d'amour d'intériorité, de dévoiler ses pensées à Else qu'il sublime en Orphia.
En chaque homme, madame, est une intensité errante qui recompose, femme après femme, le visage d'une seule. Inaccessible. Cruellement proche. Chacune d'entre elle la lui rappelle. Toute lui sont un exil.


Ce livre écrit « A la mémoire d'Alain-Fournier » qui fut l'idole de mon adolescence, est poésie et beauté. Tout comme l'auteur du Grand Meaulnes, il sublime une femme juste rencontrée et en fait LA femme, L'AMOUR. Lorsqu'il parle d'Orphée, l'ordonnance du lieutenant, qu'il prénomme Orphée, Pierre Cendors rend hommage à tous les poètes et artistes morts aux combats, qui ont donné des textes magnifiques.
Si les mots savent habiller nos sentiments et nos pensées, ils échouent à nous mettre à nu. La nudité de l'être use leur étoffe jusqu'à atteindre une transparence peu dicible.
La poésie, madame, c'est désimaginer le monde tel qu'on nous le vend. C'est découvrir qu'il n'est rien et que s'en éveiller est tout.
Un livre que j'ai pris plaisir à déguster, émerveillée par la richesse, la poésie du texte, retournant en arrière, juste pour le plaisir d'une phrase. Pierre Cendors, à travers le narrateur, interpelle sur la liberté, l'absurdité de la guerre.
Je n'avais pu entrer dans son précédent livre, « Archives du vent », le cinéma n'est pas mon domaine de prédilection, mais l'écriture de Pierre Cendors m'avait interpellée. Ravie d'avoir réitéré avec « Minuit en mon silence »

Lien : http://zazymut.over-blog.com..
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