En me baladant dans la seule libraire de ma ville - hors une librairie spécialisée en bandes dessinées, comics et mangas et une autre en jeunesse -, je suis tombé sur deux livres de
Pierre Cendors :
Minuit en mon silence (2017) et son dernier roman,
Vie posthume d'Edward Markham, édités par le Tripode. À noter que chez cet éditeur, il a également publié
Archives du vent (2015).
Interpellé par la couverture et le nom proche de celui de
Blaise Cendrars, j'ai suspendu quelques instants le vol de mes yeux sur ces deux livres, lu leur quatrième de couverture, les ai ouvert pour être définitivement convaincu de repartir avec ces deux livres dans ma besace par la mention de
Ernst Jünger dans l'un des deux -
Minuit en mon silence en l'occurence. Ce choix a été confirmé par l'un des deux libraires même s'il ne les avaient pas encore lu.
Minuit en mon silence est la longue lettre - le roman est court et tourne autour d'une centaine de pages - que Werner Heller, Lieutenant du 5ème corps d'armée prussien écrit le lundi 28 septembre depuis Merlenwald à une femme, Else. Renvoyé au front et craignant de ne pas en revenir vivant, Werner Heller, camarade d'un certain Ernst (Jünger) et dont l'ordonnance s'appelle Orphée, écrit une lettre d'amour à cette femme qu'il a connu avant la guerre mais redoute de ne plus la voir.
Roman très poétique et empreint d'une grande mélancolie sur la passion, l'amour (impossible) et la guerre aussi,
Pierre Cendors écrit un livre d'une très grande intensité, d'une grande inventivité - par exemple, l'auteur appelle l'ami du Lieutenant Heller par son seul prénom, Ernst, et lui met dans la bouche ensuite une citation de
Ernst Jünger - et d'une grande maîtrise de la langue (sans tomber dans le superflu), le tout au service de réflexions philosophiques (sur la liberté : "Existe-il ici bas une liberté qui rend libre ?", la condition d'homme : "Naître homme, sans doute, vous naufrage à vie", la mort, la guerre et évidemment l'amour).
Lisant peu et moins de romans qu'à une certaine époque, je ne regrette pas du tout ce choix - je vais d'ailleurs m'empresser d'aller lire la
Vie posthume d'Edward Markham - qui s'annonce tout aussi passionnant - puis le reste de sa production.
Un court et grand roman à la fois.