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EAN : 9782370551252
75 pages
Le Tripode (04/05/2017)
4.07/5   49 notes
Résumé :
A la veille de son départ au combat, Heller, lieutenant de l'armée prussienne, peintre dans le civil, se confronte, dans une longue lettre testamentaire, à un autre front, intérieur et non moins dévastateur, celui d'un amour impossible avec Else, une jeune Française rencontrée dans le Paris de l'avant-guerre.
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Un texte court, il s'agit d'une lettre, une lettre qu'un homme qui pense mourir (nous sommes pendant la période la plus meurtrière de la guerre de 14-18) adresse à la femme qu'il pense aimer, Else, bien qu'il ne l'ait croisée que très rapidement, et que pas grand-chose ne semble s'être passé entre eux. Il l'appelle d'ailleurs Madame. Mais la lettre est très elliptique sur les faits tangibles, le scripteur s'attache plus à dépeindre ses états d'âme, ses ressentis, ses émotions, ses aspirations. On peut même se demander si cette femme à qui la lettre est destinée existe vraiment, où si elle n'est qu'un rêve, un mirage, un appel, au moment où le personnage qui l'écrit pense mourir. Où si cette femme entrevue n'est qu'un prétexte, pour dire, pour se dire, se révéler à soi-même au moment où tout doit s'arrêter.

Le projet du livre est ambitieux et séduisant, Pierre Cendors a, à priori, une belle écriture poétique et fine. Je ne suis pourtant pas vraiment entrée dans cette entreprise qui avait pourtant tous les atouts pour me séduire. J'ai trouvé au final l'écriture, comment dire, sur-écrite, un peu artificielle souvent, sauf quelque passages, enfin pour moi. Et les aspirations, les questionnements et les quêtes du personnages ne m'ont pas touchés, un peu artificiels aussi à mon goût, où tout simplement ne correspondant pas aux miens.

Je crois tout simplement que l'univers et la sensibilité de Pierre Cendors ne se superposent pas eux miens et que je resterai toujours un peu sur le bord du chemin, en me demandant bien pourquoi, parce que, par instants, il y a un projet, des fulgurances, qui me font penser qu'il y a là quelque chose.
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En me baladant dans la seule libraire de ma ville - hors une librairie spécialisée en bandes dessinées, comics et mangas et une autre en jeunesse -, je suis tombé sur deux livres de Pierre Cendors : Minuit en mon silence (2017) et son dernier roman, Vie posthume d'Edward Markham, édités par le Tripode. À noter que chez cet éditeur, il a également publié Archives du vent (2015).

Interpellé par la couverture et le nom proche de celui de Blaise Cendrars, j'ai suspendu quelques instants le vol de mes yeux sur ces deux livres, lu leur quatrième de couverture, les ai ouvert pour être définitivement convaincu de repartir avec ces deux livres dans ma besace par la mention de Ernst Jünger dans l'un des deux - Minuit en mon silence en l'occurence. Ce choix a été confirmé par l'un des deux libraires même s'il ne les avaient pas encore lu.

Minuit en mon silence est la longue lettre - le roman est court et tourne autour d'une centaine de pages - que Werner Heller, Lieutenant du 5ème corps d'armée prussien écrit le lundi 28 septembre depuis Merlenwald à une femme, Else. Renvoyé au front et craignant de ne pas en revenir vivant, Werner Heller, camarade d'un certain Ernst (Jünger) et dont l'ordonnance s'appelle Orphée, écrit une lettre d'amour à cette femme qu'il a connu avant la guerre mais redoute de ne plus la voir.

Roman très poétique et empreint d'une grande mélancolie sur la passion, l'amour (impossible) et la guerre aussi, Pierre Cendors écrit un livre d'une très grande intensité, d'une grande inventivité - par exemple, l'auteur appelle l'ami du Lieutenant Heller par son seul prénom, Ernst, et lui met dans la bouche ensuite une citation de Ernst Jünger - et d'une grande maîtrise de la langue (sans tomber dans le superflu), le tout au service de réflexions philosophiques (sur la liberté : "Existe-il ici bas une liberté qui rend libre ?", la condition d'homme : "Naître homme, sans doute, vous naufrage à vie", la mort, la guerre et évidemment l'amour).

Lisant peu et moins de romans qu'à une certaine époque, je ne regrette pas du tout ce choix - je vais d'ailleurs m'empresser d'aller lire la Vie posthume d'Edward Markham - qui s'annonce tout aussi passionnant - puis le reste de sa production.

Un court et grand roman à la fois.
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Septembre 1914, Werner Heller, jeune lieutenant de l'armée prussienne, poète et peintre à ses heures, est en permission à Paris. Durant ce séjour, de manière un peu fortuite, il fait la connaissance d'Else, une jeune française. La présence mais aussi la beauté candide de cette femme sont une révélation pour Werner. Poussé par ses sentiments pour elle, il lui demande l'autorisation de peindre son portrait. Else accepte, non sans éprouver un certain trouble au coeur. Mais le tableau du portrait ne se fera pas. Werner est subitement appelé à rejoindre son corps d'armée, la guerre prend de l'ampleur. La veille de partir, le jeune homme écrit une longue lettre à Else, une lettre-confession qui sera remise à la jeune femme.

Publié en 2017 aux Editions le Tripode, Minuit en mon silence est après Archives du vent le second roman que je lis de Pierre Cendors. Dédié à la mémoire d'Alain Fournier, le jeune et célèbre auteur du Grand Meaulnes mort prématurément à la guerre en 1914, et inspiré pour partie par sa correspondance, ce court roman épistolaire est d'une écriture à la beauté toute saisissante

La rencontre, les quelques moments qu'ont partagé Werner Heller et Else, le trouble qu'ils ont tous deux éprouvé, ont ouvert chez le jeune homme un sentiment qui le retient tout entier. le portrait d'Else jamais commencé, c'est le regard du féminin, de cette âme-soeur, de l'altérité en lui (Orphée et Orphia, sont deux personnages-clé souvent cités dans la longue lettre) que recherche Werner. Else est cette autre lui-même, elle est cette convergence de l'intime en lui, que même la guerre, le pressentiment proche de sa propre mort ne suffisent pas à atténuer.

Minuit en mon silence est un livre remarquable, qui mérite une vraie estime. Teintée de romantisme et d'idéalisme, il y a dans l'écriture de Pierre Cendors une poésie, une maîtrise, une retenue, une gravité et une érudition qui touchent au sublime. Un très beau roman.
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Minuit en mon silence de Pierre Cendors est conçu sous la forme d'une longue lettre d'amour rédigée par un officier allemand en septembre 1914 à l'attention d'une jeune femme rencontrée à Paris avant la guerre. On saura peu de choses de cette rencontre car on comprend très vite que cela serait hors de propos dans ce livre à la tonalité à la fois lyrique et sombre.

Un mot sur le nom de l'auteur, comme moi, vous avez peut-être noté la proximité sonore avec Cendrars et ceci d'autant plus que l'auteur suisse a été engagé volontaire pendant la Grande guerre, le payant d'ailleurs d'un lourd prix sur le plan physique. Si vous avez envie d'en apprendre davantage sur cette ressemblance des deux pseudonymes, quelques recherches sur Internet vous éclaireront mais l'auteur (je parle de Cendors) reste malgré tout entouré d'un halo de mystère et ses livres sont parfois décrits comme "indéfinissables" (ça ne m'étonne donc pas que je rame pour écrire ce billet).

La tonalité de ce livre est éminemment poétique, tendue vers cet amour idéalisé que le lieutenant Heller éprouve pour la belle Else, une inconnue ou presque. Leur conversation n'a duré que quelques heures. A un moment, cependant, la jeune femme s'est troublée, trahissant une émotion un peu plus forte. Heller emporte ce trouble avec lui comme un joyau et n'en demande pas davantage. Il n'espère rien d'autre, cette absence sublimée lui suffit. Ce chant d'amour est servi par une écriture magnifique et l'on comprend la référence à Rilke en quatrième de couverture.

Mais le livre comporte aussi une profonde intériorité. Heller ne pense pas que la guerre l'épargnera. Il se livre donc à une sorte d'introspection philosophique ou métaphysique tout en rendant hommage aux poètes. Les références au mythe orphique imprègnent l'ensemble du texte. le personnage de l'Ordonnance du lieutenant, est particulièrement sublime, à la fois grave, pur, insaisissable et pourtant... Bien entendu, il le surnomme Orphée. D'autres références littéraires émaillent ce petit bijou poétique à l'érudition douce. Je vous invite fortement à les découvrir.
Lien : https://leschroniquesdepetit..
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Le grand Môme.
Dans une longue lettre datée du 28 septembre 1914 adressée à Else, une femme croisée naguère et idéalisée depuis, le lieutenant prussien Werner Heller, à la veille d'un assaut qu'il pressent fatal, se confie en transcrivant son amour indicible pour une femme entrevue à Paris. Pour atteindre sa vérité et la rendre audible, avec une délicatesse extrême, Werner Heller va fouiller au plus intime de lui-même, fouissant les mots, approchant la zone flottante et féconde du silence intérieur qu'une nuit blanche peut révéler.
A travers une lettre testamentaire fictive faisant l'aveu de l'amour à une quasi inconnue, passante baudelairienne par essence, Pierre Cendors réveille la poésie, lui redonne souffle, l'alimentant aux sources anciennes et toujours vives de poètes portés en soi, qu'elles émanent de Rimbaud, de Rilke ou d'Alain-Fournier conservant le souvenir aigu d'Yvonne de Quiévrecourt croisée à Paris et se métamorphosant en Yvonne de Galais dans le Grand Meaulnes. Au chapitre X, quand Pierre Cendors narre l'agonie d'un lieutenant français, la main cachant une blessure mortelle, bien que les mots fassent comme une ouate, le lecteur est frappé par la tragédie de la guerre qui gicle aux interstices des phrases. le poète sera jeté en fosse commune mais Heller, en récupérant les papiers du mort peut y lire : « L'amour est comme une première ligne de feu ».
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Citations et extraits (48) Voir plus Ajouter une citation
Si le poète a tort, si l'amour meurt quand un visage meurt, si son mystère n'est qu'un mirage et la beauté, une idole à tête creuse, alors, il n'y a pas, il n'y a jamais eu d'espérance. Alors les mythes nous trompent, les légendes nous mentent, chaque poème, chaque conte, tout art comme toute beauté, corrompt et égare.
Si le poète n'est qu'un vieil enfant et son poème un fil tremblant pauvrement tendu au-dessus de la vie, qu'il tombe. Son sommeil est plus cruel que le réveil. Qu'il tombe: son rêve nous assassine. Qu'il tombe et qu'on l'achève du talon s'il respire encore. Son cadavre continuerait à nous étouffer en crevant.
Mais si les mythes disent vrai, si l'on surprend en eux, comme le miroir de l'âme, le secret de notre secret, si le poète est un veilleur et le poème marque l'heure où un chemin rencontre notre ardeur, si la beauté est un oracle et l'empreinte encore fraîche, aurorale, d'une nudité originelle, alors un homme se doit d'écouter les voix futures de son désir. Alors un homme se doit à ce qui, enfoui en lui, devient souffle et réalité. Je ne crois pas qu'il faille d'autre courage que celui-là.
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Moi aussi, un matin, j'ai aperçu Orphée s'enfoncer dans le bois. C'était le jour de sa disparition. J'étais là, dans la brume, seul parmi les arbres. Il est passé près de moi sans me voir.
Il marchait en se parlant comme on écrit une lettre à voix haute, lentement. J'ai oublié les premières phrases. Je ne me souviens que de la fin :

«Je sais que ma vie et la vôtre, ici bas, ne s'appartiendront jamais. Il y aura des instants où le dessin d'un visage, un regard qui tient le mien, la brûlure d'une silhouette, me feront douloureusement croire à votre existence. Je ressentirai cruellement votre absence auprès de chaque femme. Quelques unes, à travers elles, me laisseront vous effleurer. Les âges de ma vie se succéderont. Je vous oublierai souvent. Vous me manquerez toujours.»

Je crois que c'était un poème.
Il n'écrivait jamais de lettres.
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La guerre nous a tous donné un nouveau nom. À l'ordre de mobilisation, notre peuple s'est dressé comme un seul homme. Cet homme était jeune. Cet homme de vingt ans avait l'âge de notre avenir.
Notre monde, lieutenant, est un tombeau vide. Les morts ne sont pas ceux qui, une fois la bataille achevée, ne reviennent pas de la guerre. Notre monde, lieutenant, est seul.
Et je ne suis que son silence.
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J'aimais la pluie, tous les visages de la pluie, avec une sorte d'adoration primitive. La pluie lourde des orages d'été, gouttes de terre enciellées qui délivrent des senteurs torréfiées ; la pluie nocturne et lente des soirées d'automne, celle de janvier, éteinte et engourdie, qu'un vent mauvais houspille, et ma préférée, celle que l'on hume, la nuit, la fenêtre grande ouverte : la pluie, dense et serrée comme la chaume, la pluie invisible des grands espaces et qui est la voix recluse de notre silence.
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Un enfant meurt en chaque adolescent ; un homme naît de leurs cendres mêlées et ce goût de perte ou de feu opaque dure aussi longtemps que dure sa vie d'adulte. Nombreux sont ceux qui, dans la satiété de l'exil, oublient la brûlure exacte de l'enfance, la tension soleilleuse de leur sang.
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Vidéo de Pierre Cendors
Extrait de l'intervention de Pierre Cendors au Café littéraire" de Bollène pour son roman "ENGELAND " (Editions Finitude) le 13 mai 2011.
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