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Critique de Lazlo23


« Ça grouille, ça vit, ça voyage là-dedans » dit à Cendrars l'un de ses amis, à propos de ses livres. Et c'est vrai. Dès les premières lignes de l'Homme foudroyé, on est frappé par la vitalité de ce texte branché directement sur le courant de la vie : on y boit comme des trous, on y mange comme quatre, on y aime sans retenue et surtout on voyage à chaque page.
Car vivre, selon Blaise Cendrars, c'est d'abord « tailler la route » (ce qui en fait le précurseur direct des Cassady, Kerouac et autres dévoreurs d'espace de la Beat Generation.)
Mais s'il lui arrive à l'occasion de pousser une pointe jusqu'au Brésil, c'est surtout à la découverte de la France que notre voyageur entraîne son lecteur, au volant de ses multiples bolides, même si le pays dont il est ici question n'a rien à voir avec celui de Monsieur Perrichon : la France qu'affectionne Cendrars est en effet un pays étrange, nocturne, parfois dangereux (à l'image de cette banlieue parisienne où les différends se règlent à coups de surin) - un pays exotique, en somme, et peuplé d'êtres meurtris, abîmés par la vie, souvent guettés par la mort. Ce n'est d'ailleurs pas par hasard que ce livre de « souvenirs » (les guillemets sont de rigueur), commence par une scène d'épouvante vécue par l'auteur dans les tranchées :
« La guerre m'a profondément marqué. Ça, oui. La guerre, c'est la misère du peuple. » confie-t-il au détour d'une phrase, manière de souligner le caractère post-traumatique de ces mémoires.
Et cela vaut aussi pour le monde que raconte Cendrars, ces « années folles » coincées entre deux massacres, au cours desquelles toute distraction est bonne à prendre, même si les rires sont un peu étranglés.
Écrit d'une plume leste et souvent torrentielle, L'Homme foudroyé est un livre-gigogne, où chaque histoire débouche sur d'autres histoires, lesquelles donnent à leur tour naissance à de nouvelles anecdotes, sans grand souci de chronologie ni de géographie.
Pour être franc, les pérégrinations du grand Blaise ne sont pas toujours faciles à suivre, et il m'est arrivé plus d'une fois de me perdre dans son sillage ; il n'empêche, j'ai eu un petit pincement au moment de refermer cet ouvrage, premier tome d'une tétralogie dont il me tarde de poursuivre la lecture.
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