"Le simple fait d'exister est un véritable bonheur."
Il faudrait commencer par ce suprême de littérature pour découvrir
Cendrars. Tout y est : les odyssées truquées, les fulgurances poétiques, l'amour du sauvage et de l'indompté, le miracle d'un style qui se fout royalement de toutes les règles.
Que le poète
nous chante longuement le Brésil où "La mer est indigo, le ciel (...) bleu perroquet" (Utopialand ou Mort subite), qu'il loue le génie de Chaplin (Charlot),
nous pilote dans un Paris disparu (Le (merveilleux) Ve Arrondissement), filme en Italie (Pompo
n) ou se la raconte en Afrique (Chasse à l'éléphant), il
nous assène sa vérité "comme un arracheur de songe" (heureuse formule de
Claude Roy) sans jamais achopper sur du "cul-cul-rhododendron"..
Cendrarsnous convie également -morceau de choix- à une douzaine de "Noël aux quatre coins du monde" et l'on regrette de n'avoir jamais eu l'occasion de croiser, la nuit d'un 24 décembre, ce nécromancien qui évoque si bien les ombres de son passé, cet escamoteur de chagrin aux charmes suborneurs, ce voleur d'escarbilles qui embrase notre mélancolie.
Dans cet ultime recueil, foutraque, anarchique et bohème, on retrouve tout ce qui
nous rend précieux notre empereur manchot !
Avec
Cendrars, trop, ce n'est encore pas assez !
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