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Critique de Merik


Merik
09 septembre 2018
Comme souvent avec les auteurs qui ont choisi de se faire les porte-paroles du réel, il y a deux histoires en une. L'histoire en elle-même sur laquelle ils ont enquêté et dont ils nous livrent les faits, et l'histoire du livre, sa genèse, sa maturation et sa décision de l'écrire, avec les doutes, les tergiversations, les joies et les errements que l'auteur a traversés. Javier Cercas est aussi spécialiste d'Histoire (l'autre, la vraie, la grande avec une majuscule), celle de son Espagne natale à laquelle il a consacré tous ses ouvrages. Peut-être pour éviter justement d'écrire le seul qui lui importait vraiment, celui qui le taraudait et le plombait comme un funeste héritage.
Manuel Mena est le grand-oncle maternel de Javier Cercas, mort à 19 ans en 1938 après s'être fourvoyé dans la phalange, idéalisé par sa mère et sa famille, comparé à Achille parti pour des idées au royaume des ombres, au firmament de sa puissance. Un tabou et une honte 80 ans après, pour un auteur et son cortège d'idées de gauche. Mais « s'il est faux que l'avenir modifie le passé, ce qui est vrai, c'est qu'il modifie la perception que l'on a du passé et le sens qu'on lui donne ». Avec ça tout est dit ou presque, l'auteur va évoluer, et va finir par l'écrire le livre de sa honte, muée en responsabilité sous la férule d'Arendt.
« Le monarque des ombres » alterne habilement les chapitres où l'on découvre ce qui est resté de la bio du grand-oncle Manuel Mena, dans lesquels l'auteur semble prendre ses distances en s'évoquant à la troisième personne (« Cela dit, il semble impossible d'exempter la famille de Javier Cercas de toute responsabilité concernant les atrocités commises ces jours-là...»), avec des chapitres détaillant l'enquête minutieuse d'un écrivain-historien avide de faits plus que d'effets (avec un « je » assumé), et son évolution personnelle par rapport au fardeau familial.
Un livre que j'ai beaucoup aimé, comme souvent avec ce genre littéraire, et cet auteur en particulier.
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