On sait que la beauté de la plupart des femmes a ses jours et ses époques ; que les accidents de leur vie la diminuent ou l'augmentent,et qu'il est naturel que les passions de l'âme l'élèvent ou l'abaissent,bien que d'ordinaire elles la flétrissent.
La beauté , dans la femme honnête , est comme le feu éloigné , comme l'épée immobile ; ni l'un ne brûle , ni l'autre ne blesse ceux qui ne s'en approchent point.
...quel terme fatal attend ceux qui , séduits par l'amour , se précipitent sans frein dans le sentier de perdition où il les entraîne.
La raison de la déraison qu'à ma raison vous faites,affaiblit tellement ma raison , qu'avec raison je me plains de votre beauté.
[Tu ne peux] me défendre, à moins que tu ne t'aperçoives que ceux qui m'attaquent sont de la canaille et des gens de rien, auquel cas tu peux me secourir ; mais si c'étaient des chevaliers, il ne t'est nullement permis ni concédé par les lois de la chevalerie de me porter secours, jusqu'à ce que tu sois toi-même armé chevalier.
— Par ma foi, seigneur, répondit Sancho, Votre Grâce en cela sera bien obéie, d'autant plus que de ma nature je suis pacifique, et fort ennemi de me fourrer dans le tapage et les querelles.
Si je ne me plains pas de la douleur que j'endure, c'est parce qu'il est interdit aux chevaliers errants de se plaindre d'aucune blessure, quand même les entrailles leur sortiraient de la plaie.
Mais, mon seigneur oncle, pourquoi vous mêlez-vous à toutes ces querelles ? Ne vaudrait-il pas mieux rester pacifiquement dans sa maison que d'aller de par le monde chercher du meilleur pain que celui de froment, sans considérer que bien des gens vont quérir de la laine qui reviennent tondus ?
(...) ensuite, parce que le nombre des gens simples est plus grand que celui des gens éclairés, et que, bien qu'il vaille mieux être loué du petit nombre des sages que moqué du grand nombre des sots, je ne veux pas me soumettre au jugement capricieux de l'impertinent vulgaire, auquel appartient principalement la lecture de semblables livres. Mais ce qui me l'ôta surtout des mains, et m'enleva jusqu'à la pensée de le terminer, ce fut un raisonnement que je fis en moi-même, à propos des comédies qu'on représente aujourd'hui. Si ces comédies à la mode, me dis-je, [...] ne sont, pour la plupart, que d'évidentes extravagances, qui n'ont réellement ni pieds ni tête ; si pourtant le vulgaire les écoute avec plaisir, les approuve et les tient pour bonnes, quand elles sont si loin de l'être ; si les auteurs qui les composent et les acteurs qui les jouent disent qu'elles doivent être ainsi, parce qu'ainsi veut le public ; que celles qui respectent et suivent les règles de l'art ne sont bonnes que pour quatre hommes d'esprit qui les entendent, quand tous les autres ne comprennent rien à leur mérite, et qu'il leur convient mieux de gagner de quoi vivre avec la multitude, que de la réputation avec le petit nombre.
— Qui pourrait-ce être, [...] sinon le fameux don Quichotte de la Manche, le défaiseur de griefs, le redresseur de torts, le soutien des damoiselles, l'effroi des géants et le vainqueur des batailles ?
— Cela ressemble fort [...] à ce qu'on lit dans les livres de chevaliers errants [...] mais cependant je m'imagine [...] que ce galant homme a des chambres vides dans sa tête.
— Vous êtes un grandissime faquin ! s'écria don Quichotte : c'est vous qui êtes le vide et le timbré ; et j'ai la tête plus pleine que ne le fut jamais le ventre de la carogne qui vous a mis au monde.
Il te sera plus facile de te réduire à aimer celle qui t'adore que de réduire à t'aimer celle qui te déteste.