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Critique de Rodin_Marcel


Chainas Antoine – "Pur" – Gallimard/Folio, 2013 (ISBN 978-2-07-046927-7)

Fazit : il ne faut jamais désespérer de la nature humaine, il faut toujours laisser une chance à un écrivain. C'est ce que ce roman policier de Chainas nous pousse une fois de plus à recommander.
En effet, après avoir commis deux romans aussi ignobles qu'idiots ("Aime moi Casanova" publié en 2007 puis "Versus" publié en 2008, tous deux envoyés à la poubelle), cet auteur s'est enfin décidé à quitter le domaine du vomitif sensationnaliste nauséeux pour écrire un roman policier procurant un certain plaisir de lecture.

Bien sûr, il ne renonce pas si facilement à ses penchants, et il dote son enquêteur d'un défaut bien répugnant, ce qui lui permet de sacrifier au cliché de l'enquêteur dégradé par son travail (quel auteur aura le courage de s'émanciper de ce sempiternel lieu commun ?), mais bon, il convient de passer outre.

En effet, Chainas aborde ici avec une certaine maestria la thématique de ce qu'il est convenu d'appeler la "fracture sociale". Pour ce faire, il campe d'un côté la population des banlieues issues de l'immigration, de l'autre les tenants d'une certaine ségrégation sociale assurant la "tranquillité" des richissimes retranchés dans des cités interdites, comme cela se fait dans certaines régions des pays riches (il s'agit ici du Sud de la France). L'équipe municipale joue un jeu trouble, le personnage central est coincé entre les deux puisqu'il aurait lui aussi des choses à se reprocher dans le décès de son épouse : c'est particulièrement bien vu et bien rendu.
Le texte est d'autant plus fort que Chainas se refuse à toute moralisation, se bornant à exposer crûment l'engrenage criminel, comme par exemple ce rôle de la presse des journaleuses et journaleux charognards ainsi que la diffusion massive et immédiate, via le Web, de n'importe quoi, filmé par n'importe qui, pour n'importe quelle raison, sans aucune réflexion sur les conséquences ainsi provoquées, diffusion anonyme uniquement guidée par le désir de nuire à autrui (par exemple pp. 86-87 ou 139-140).

L'auteur trouve le ton juste pour décrire la vision que son héros se fait du pire urbanisme d'aujourd'hui (p. 213-214 - voir citation).
Pour ne rien gâcher, Chainas insère ça et là de brèves mises en scène quasi poétiques, comme cette description de l'autoroute (p. 157 - voir citation).

Encore un effort, et Chainas sera capable de nous gratifier d'un excellent polar...
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