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Critique de gruz


Un sujet fort et un traitement original. Voilà de quoi proposer un roman noir qui sort du lot et qui marque les esprits.

Pur me donnait l'impression de faire partie de ces romans-là.

Déjà avec ses thèmes qui me parlent tout particulièrement : montée de l'extrémisme, manipulation des médias, perte de valeurs des institutions… Il y avait de quoi réussir un roman qui laissait une impression durable, avec une belle base de réflexion.

L'autre bonne idée de départ est le traitement alléchant du sujet, qui décrit notre société légèrement déformée. Une sorte de dystopie contemporaine (oui je sais, c'est assez contradictoire), comme un très léger glissement de la réalité, avec ces grandes résidences fermées au monde, où l'élitisme (et le racisme, utilisons le mot) sont la norme.

Une énorme envie de cette lecture pour l'amateur de romans noirs et d'anticipation que je suis, et qui est pourtant retombée comme un soufflé… La faute à une intrigue qui tient sur deux timbres-poste et à un traitement où l'émotion n'a pas sa place.

La trame de base est donc attirante, mais le récit en lui-même tombe très vite dans un classicisme assez décevant. Quant on rajoute que l'histoire ne prend jamais son envol, à mon sens, vous comprendrez mieux ma déception.

Antoine Chainas sait écrire, très bien écrire même. Il n'empêche, son style m'a paru ampoulé, assez m'as-tu-vu par moments et m'a irrité plus d'une fois. Oui, Chainas connait sur le bout des doigts les noms savants de toutes les parties du corps humain, ou sait nous décrire durant de (longues) pages certaines techniques d'art martiaux…. Et alors ? C'est simple, le roman est assez court (300 pages) et pourtant cette sensation de remplissage est régulièrement présente…

Un exemple, pris un peu au hasard :

"Une brise fraîche, portée par une masse d'air maritime dans la troposphère, leur apportait un soulagement ponctuel via les corpuscules de Meissner du derme papillaire".

Une écriture clinique, mettant en avant des personnages assez caricaturaux, pour lesquels je n'ai pas éprouvé l'once de l'embryon du début d'une empathie, qui pourtant serait nécessaire pour donner du relief à ce sujet brûlant.

Récit sans surprise donc, avec certains personnages secondaires à peine ébauchés, une atmosphère générale qui ne tient pas ses promesses et une écriture ronflante qui essaye de cacher le vide. Ce sont un peu trop de failles, à mon goût personnel…

J'avais beaucoup apprécié le récit de l'auteur dans le recueil de nouvelles Brèves de noir. le style y était également froid et pourtant ça fonctionnait parfaitement. Sans doute parce qu'à coté de ça, l'auteur n'en faisait pas trop.

Au final, ce récit ambitieux, mais qui se vide de sa substance au fur et à mesure, aura été une cruelle désillusion. Un rendez-vous complétement raté entre l'auteur et le lecteur que je suis. Mes mots sont un peu durs, mais ils sont à la hauteur de ma grande déception, surtout que je reste convaincu qu'Antoine Chainas a un vrai talent.
Lien : http://gruznamur.wordpress.c..
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