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Critique de kathy


kathy
18 février 2012
Mon père s'appelait Pierre Frémaux. Il était dans la Résistance : il s'appelait Brumaire.
Faute d'avoir pu retrouver les traces de son passé « héroïque » - car il refusait de se confier à moi ; car il disait qu' « il était trop tard pour l'Histoire » ; car pour lui « l'honneur avait perdu patience »… Mais aussi, à cause de son regard de myope, de son corps frêle et cassant, de sa voix terne, de ses gestes murmurés, … Mais encore, parce qu'autour de moi personne ne s'était jamais douté de sa vaillance, ni même évoqué son arrestation et sa déportation,… - j'ai cherché à découvrir la vérité pour tenter de comprendre.

Je suis le fils de Pierre Frémaux. J'exerce le métier de « prête-plume ».

Eté 2003. La chaleur est compacte. Elle pèse sur nos épaules le jour comme la nuit.
En cet été caniculaire, Lupuline est venue me solliciter afin d'écrire la guerre de son père, - prénommé Beuzaboc - et rendre à ses « souvenirs leur parfum de mémoire ».

Lors de notre premier entretien, je trouvais Beuzaboc impressionnant, fort, beau et attachant. Je décidais alors de partir sur ses traces comme si c'était MON père. « Ce parallèle, ce double, cette envie de fierté pour un père comme pour l'autre ». Moi, son biographe et lui, mon illusion.

Mais au final, quel désenchantement ! Car je m'aperçois que ce vieux « faussaire », qui avait accepté de se confier à un inconnu, s'est servi de moi pour meurtrir la vérité en voulant être un autre. Simplement pour que Lupuline - sa fille - se souvienne. Ainsi, « il avait recueilli des éclats de vaillance et choisi des bravoures qui n'étaient pas les siens. Il avait volé quelques hommes, s'était glissé dans la peau de l'un, le courage de l'autre, la douleur du troisième, pour les ramener tous les trois à la vie. Il n'était pas la somme de ses renoncements, mais l'addition de leurs courages. Il avait une vie en plus. »

La légende de nos pères est un roman où le lecteur, tout comme le narrateur, oscille en permanence entre vérité et mensonge. Cette « cérémonie des souvenirs » nous fait éprouver, des doutes, des scrupules, de la colère ; le tout dans une atmosphère caniculaire où chacun se PROTEGE, comme il peut, par des gestes, des regards, des silences…

Une écriture précise, rythmée, intense, émouvante où l'essentiel est suggéré.

Un livre poignant, qui "vous prend par la manche et ne vous laisse plus respirer", pour tous ceux qui sont à la recherche de LEURS origines et d'une figure paternelle idéale.... et pour les autres bien sûr !
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