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3,86

sur 615 notes
"La légende de nos pères" est ma cinquième rencontre avec Sorj Chalandon et je commence à discerner une certaine thématique récurrente dans les lectures qu'il nous propose.
A tout le moins je pense que pour l'auteur, la vérité et la rigueur morale sont élevées au rang de vertus cardinales comme sont exécrés le mensonge et la dissimulation sous toutes leur formes.
Sorj Chalandon est journaliste de métier et il est aussi un homme qui s'engage, aussi je ne m'étonne plus que ses personnages soient complexes et authentiques et que ses histoires soient profondes et initiatiques.
Il est des gens que l'ont aime entendre parler car on sent qu'ils sont vrais, sincères et bienveillants.
Il y a aussi ceux que l'ont aime lire car il nous permettent de discerner le vrai du faux au plus profond de nous-mêmes, de nous persuader que même inconfortable, la vérité est toujours préférable.
Ce récit est d'une grande intelligence, d'une grande pudeur et d'une force émotionnelle certaine, ici le mot dilemme prendra toute sa signification.
Le narrateur, biographe, est contacté par Lupuline Beauzaboc, la fille d'un ancien résistant injustement oublié, pour écrire la vie de son héros de père qu'il rencontrera une fois par semaine pour recueillir ses souvenirs.
Notre biographe, lui-même fils d'un résistant qu'il n'a pas eu le temps de connaître, va s'investir dans cette tâche avec intérêt et passion, une relation qui dépasse le simple cadre professionnel débute alors...
C'est un livre qui a la saveur d'une pluie d'automne au parfum de feuilles mortes et qui m'a laissé un drôle de ressenti, la recherche de la vérité peut être obsessionnelle, la trouver peut se révéler finalement troublant.
C'est le genre de lecture susceptible de remuer pas mal de sentiments et qui pose de bonnes questions, j'ai beaucoup aimé.
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Sorj Chalandon fait partie de ces auteurs qui savent écrire et associer les lecteurs à leur démarche .Le roman est court et le nombre de personnages réduit à trois.Il y a le narrateur,biographe,fils de résistant déporté, Beaudazoc,un vieux monsieur de 84 ans,et Lupuline,sa fille, qui a été bercée par les exploits de son père pendant la résistance .En arrière plan,le père du narrateur,décédé.
Beauzaboc et le narrateur vont se rencontrer pour la réalisation d'une biographie commandée par Lupuline.C'est cette rencontre qui va nous être rapportée et,peu à peu,nous conduire vers le malaise et les interrogations.
C'est un roman au rythme lent,si lent qu'il en est parfois irritant mais qui traduit avec force l' atmosphère de plus en plus pesante qui s'installe entre les deux hommes,exacerbée par les effets de la canicule de 2003.


L'écriture de Chalandon est parfois sèche ,brutale,rendant notre trouble encore plus opaque et les problèmes d'ordre moral qui vont se poser aux personnages vont peu à peu envahir notre conscience.
Sans doute faut il prendre un sujet "un peu plus léger à lire après "car j'ai trouvé ce roman pesant, perturbant mais il aborde toutefois le thème des non-dits ou des mensonges qui interpellera nombre d'entre nous bien au delà des faits de guerre.Un ouvrage qui mérite toute notre attention quant à la perception des autres,le jugement qu'on peut porter sur les êtres qui nous entourent et,bien entendu,sur nous mêmes .
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Dans ce roman, l'auteur réalise un travail sur la mémoire, en écrivant des biographies à petit tirage, à la demande d'un membre de la famille pour rendre hommage à l'un des leurs. Pour cela, il rencontre les personnes et notent tout ce qu'elles lui confient.

Ici, ce sont les souvenirs de guerre de Beuzaboc, à la demande de sa fille. Mais qui est-il vraiment ?

Il approfondit ainsi ce qu'est le véritable travail du biographe : mettre simplement des mots sur les souvenirs que l'autre raconte, rechercher les émotions, ou vérifier les faits à la manière d'un journaliste ?

"Le client raconte, le biographe écrit. C'est son devoir, sa fonction, son rôle. Et peu importe si tout est trop beau ou trop calme."

Il aborde ainsi très bien la notion de doute : S'agit-il de vrais souvenirs, ou embellit-il les faits pour se construire une légende ? Cela résonne d'autant plus chez le biographe que son propre père a été un héros anonyme, un survivant des camps et qu'il ne connaît pratiquement rien de lui car il était trop petit à son retour.

Certes, on peut vérifier les évènements dans les journaux de l'époque, mais, il est parfois difficile de retracer un parcours individuel (héros de l'ombre ou passé reconstruit?) Tout le monde s'est réveillé Résistant à la Libération alors que les vrais héros, ceux qui revenaient des camps restaient dans l'ombre. Voulait-on vraiment les entendre ?

On voit ainsi se tisser un échange, comme au tennis, entre la culpabilité de celui qui n'a peut-être pas été un héros et celle de celui qui n'a pas écouté son père décédé trop tôt, quand il en parlait avec son frère aîné et tous les regrets que cela peut provoquer ?

"On fait son deuil, mais on ne revient pas d'un rendez-vous manqué"

le style de Sorj Chalandon est direct, les phrase courtes, percutantes, voire lapidaires et la trame s'étoffe, peu à peu, comme les instruments qui se rajoutent pour enrichir le thème dans une partition de musique et il entraîne le lecteur dans une histoire passionnante. J'ai beaucoup aimé ce roman, comme j'avais apprécié "Le quatrième mur".


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Une jeune femme contacte un biographe professionnel, "familial,"afin de coucher dans un ouvrage les souvenirs de son père, ancien résistant , du nom de Beuzeboc.

Au fil des rencontres, un vrai doute s'installe entre le vieil homme et Marcel , le biographe.
Ces événements ont-ils vraiment eu lieu?
N'était - ce pas seulement des histoires racontées le soir à une petite fille ?
Est- ce qu'un biographe peut mettre en doute la parole d'un héros ?
Une fois de plus l'auteur nous livre un superbe ouvrage, émouvant , utile , sur la Mémoire sublimée par le regard d'un fils et d'une fille.
Il dépeint sans juger à l'aide d'une écriture poétique,faite de mots simples et de phrases courtes , des mots intenses,touchants, un style pudique, tout en retenue,qui cherche les mots au plus près, au plus pur, au plus nu !
Quel est le poids d'un héritage lorsque la conscience en appelle à la vérité ?
Lorsque celle- ci émerge ?
Un hymne à la résistance,aux résistants de l'ombre comme à ceux de la lumière, à cette France qui voulait rester debout !

Un questionnement subtil sur l'imposture, la vérité, l'engrenage du mensonge et le courage d'en sortir.
Entre révélations, tendresse , colére, les langues se délient : silences, non- dits dans la chaleur étouffante de la canicule de 2003......
Un très beau livre et des mots sublimes sur la relation pére - fille, autour des pères et de leurs chimères.
Un ouvrage magnifique , brillant et juste qui magnifie l'amour inconditionnel qu'un père peut inspirer à son enfant !
Des images fortes qui resteront en nous !
Bravo l'artiste !




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Je pourrais dire bien des choses en somme... par exemple : "je ne suis pas entrée dans l'histoire" ou " je suis passée à coté", ou encore "ce n'était pas le bon moment pour moi", mais je ne vous offrirai qu'un banal "je n'ai que moyennement apprécié cette lecture".
Je suis bien entrée dans l'histoire puisque j'ai aimé le début. J'ai apprécié le style d'écriture et tout particulièrement quelques beaux passages... mes préférés étant ceux des regrets du narrateur pour les moments ratés avec son père.
Alors pourquoi un avis mitigé... oui, pourquoi ?
On comprend vite le sujet et avant la moitié du livre... qui n'est pourtant pas un pavé... j'ai eu l'impression que l'histoire tournait en rond. Et on ajoute une paire à la collection de chaussures rouges de Lupuline, et on reprend une fois encore les ralentissements d'un Beuzaboc récalcitrant (on dirait un petit enfant qui recule l'heure du couché avec de faux prétextes). Il allume sa cigarette... tranquillement, doucement... il s'appuie sur sa canne, se lève difficilement... pfff ! ... il va encore pisser !
Mais quand va-t-on avoir la certitude qu'il fabule ? Et le biographe va-t-il réaliser qu'il n'est pas très franc du collier lui non plus ?
C'était mon premier livre de cet auteur, alors pour conclure je m'interroge "était-ce le bon titre pour découvrir Sorj Chalandon ?".
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Coïncidence, je lisais en même temps que ce livre qui parle de la Résistance en 39-45, la BD de Tardi sur la guerre 14-18.
Je ne connaissais pas cet auteur. C'est grâce à une polémique sur Babelio au sujet de « Mon traître » que j'ai eu envie de lire au moins un livre de lui.
J'ai trouvé son écriture magnifique.
Santorin, si tu me lis, ce livre est pour toi ( si ce n'est déjà fait, je n'ai pas vérifié )
Et l'histoire aussi.
Le narrateur rédige " la mémoire des autres ".
Contacté par Lupuline pour raconter les histoires de résistance de Beuzaboc, le père de celle-ci, le voilà renvoyé à l'histoire de son propre père, lui aussi résistant.
Entre vérités et mensonges, il va devoir louvoyer.
J'ai vraiment beaucoup aimé.
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Encore du bon avec Chalandon, en plus sa rime. Un écrivain public sur la demande d'une cliente rencontre le père de celle-ci pour mettre sur papier son passé de résistant. Mais très vite Fremaux doute de la véracité des propos de son client. Lui qui espérait à travers Bauzaboc retrouver l'héroïsme secret de son propre père, et mettre des réponses sur les non-dits paternels, ressent un profond malaise. Que ça soit à travers Tyrone Meahan (dans les remarquables « Mon traitre » et « Retour à Killibegs ») ou dans celle de ce vieux monsieur qui n'a cesser de raconter ces exploits fictifs à sa fille admirative et demandeuse, Chalandon interroge la mémoire et sa transmission. Avec une question fondamentale, qu'elle est la place de la vérité et celle de la fiction lorsque le doute s'installe ? Comment ne pas salir ceux qui ont vraiment mis leur vie en danger pour un idéal ?
Le roman de Sorj Chalandon m'a rappelé un peu celui de Jean-François Deniau « un héros très discret » sur sa trame de départ. Se fabriquer un passé héroïque pour un avenir plus acceptable.
Chalandon tisse de livre en livre une oeuvre profondément cohérente, cette « légendes de nos pères » n'échappe pas à la règle. L'écriture est talentueuse, intense remarquablement prenante. Un livre qui mérite notre admiration. C'est devenu une habitude.
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Après le Quatrième Mur, qui m' a laissée sur place remplie d'admiration, j'ai entamé La Légende de nos Pères. L'auteur fait dire au biographe "Depuis toujours, je recherche les mots. Je les veux au plus près, au plus pur, au plus nu". C'est ça la force de Chalandon, la clarté, la précision, l'efficacité du mot qui permet d'accrocher le lecteur par la manche et de ne plus le lâcher. Inutile d'ajouter encore un mot de l'histoire après toutes les bonnes critiques déjà déposées. "Vous avez hérité de sa vérité et moi, je ne veux pas léguer mes mensonges". Après bien des doutes, la certitude du faux apparaît et le désir de vengeance perce. Beuzaboc et Frémaux interrogent leurs profondeurs desquelles sortira une finale toute de grandeur et d'humanité.
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Que de plus que les précédentes critiques ! Oui et non j'ai aimé. Je ressens la qualité d'écriture, mais l'histoire ne m'interpelle pas plus que ça. Hormis cette envie de laisser une mémoire noir sur blanc, laisser un témoignage de la résistance pour que rien ne s'oublie. Transmettre d'une génération à une autre, le vécu d'une époque particulière. Entre la fille qui peut le faire avec son père et le biographe qui n'a pas su recueillir le témoignage de son propre père, tout ça tiraille et créer des tensions.
Lecture mitigée pour le coup j'en garderai pas un souvenir transcendant.
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Encore un très beau livre qui interroge son lecteur : Hymne à la Résistance, aux résistants de l'ombre comme ceux de la lumière, à toute cette France qui voulait rester debout! C'est aussi un questionnement sur "la Vérité", la transmission, la filiation, l'imposture, l'engrenage du mensonge et le courage d'en sortir! Mais surtout, il y a l'écriture de Sorj Chalandon. Ses mots sont simples, intenses, poétiques, ils me permettent d'entrer en contact avec les protagonistes du livre, je rentre en résonnance avec eux, ils me touchent en plein coeur, je ressens toutes leurs émotions, j'avais déjà vécu cela avec "Retour à Killybegs" mais là c'est encore plus fort. C'est curieux l'empathie avec un auteur, c'est très mystérieux que ce soit pour un peintre, un ballet, une musique, une sculpture, ce n'est pas de l'ordre de l'intellect bien que cet outil soit indispensable, non, cela vient du coeur
et comme pour la musique, on se met au diapason. Tout cela pour dire qu'en ce qui me concerne, Sorj Chalandon fait mouche à chaque chapitre.
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