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Critique de Lenocherdeslivres


La vie semble être revenue à peu près à la normale pour Nox après les évènements dramatiques qui ont marqué la fin du Sang de la cité, premier roman de la trilogie Capitale du Sud. Il est à nouveau dans son épicerie à commercer avec talent. Mais en fait, toute la ville est encore sous le choc du meurtre de la fille du duc de l'Hirondelle. Ses conséquences n'en sont qu'à leur début : la guerre civile menace, à coups d'échauffourées et d'explosions sporadiques.

La plupart des maisons (et il y en a beaucoup) qui composent la cité de Gemina ont choisi leur camp. Deux grandes coalitions, aux contours encore un peu flous, s'opposent. Leur but à toutes deux : prendre le pouvoir sur la cité en écrasant l'autre. le duc Servaint, chef de la maison de la Caouane, celui qui a sauvé et élevé Nox, est au centre de toutes les attentions. La preuve ? Nox reçoit des propositions de pas moins de quatre groupes pour l'assassiner. Dans le but d'aider Gemina, bien évidemment ! Enfin, officiellement. En fait, chaque faction place ses pions, comme sur un plateau de tour de garde, espérant monter en grade, récupérer des territoires, de l'influence. Bref, la routine. Mais pour Nox, la tension est à son comble : comment gérer une telle situation ? Car, s'il n'obtempère pas, les vies de ses proches sont menacées. Difficile de trouver une bonne solution.

Et tout cela se déroule sans temps mort. À peine la lecture commencée, le temps de reprendre contact avec le monde créé par Guillaume Chamanadjian, se rappeler qui est qui (à ce propos, merci pour le « résumé du premier tome » qui ouvre le roman : on devrait en trouver un dans toutes les séries, histoire d'éviter, quand on ne lit pas les romans à la suite, de devoir se faire des fiches, ou des noeuds au cerveau en essayant de se remémorer les intrigues secondaires), que l'action repart. Sur des chapeaux de roue. Et, à part pour une courte respiration dans la deuxième partie du récit, cela n'arrêtera pas. Et cela sans excès : je veux dire que cela ne paraît pas artificiel. Les évènements s'enchainent avec logique. C'est juste que Nox, comme Servaint, est au centre de la cité pour ce temps. En attendant, il doit être bien fatigué, à la fin de l'épisode, Nox !

Et pourtant, combien de fois, dans ce volume, me suis-je demandé quand il allait enfin prendre une vraie décision ? Car Nox passe son temps à ne pas choisir. Il est mis devant le fait accompli, placé devant des choix cornéliens et en aucun cas satisfaisants. Résultat, il ne sait que faire. Et ne fait rien, réellement. Et quand il finit par agir, ce n'est pas de sa propre volonté. Il y est forcé par le cours des choses, par l'accélération des évènements. Mais cela ne le rend pas antipathique pour autant. Vraiment pas. Car qu'aurais-je fait à sa place ? Pas mieux, à mon avis. On ne peut donc qu'éprouver de la sympathie, voire de l'empathie pour ce jeune homme, ballotté dès sa naissance à droite à gauche, au gré des volontés de personnes plus préoccupées par leur sort ou leurs buts que par le bonheur d'un jeune « Suceur d'Os ». Il est rarement apprécié pour lui-même. Il est vu comme un pion par tellement de monde qu'on se demande comment il peut encore conserver la moindre confiance envers l'humanité. D'autant qu'il a une soeur phénoménalement cruelle et folle. Avec une telle famille, comment le bonheur est-il possible ? Peut-on vraiment espérer un dénouement heureux ?

En attendant de le découvrir, ce dénouement, on se promène, à la lecture de Trois lucioles, dans de nouveaux décors. Car la ville ne suffit plus à l'affrontement qui prend de l'ampleur. le Nihilo est, bien sûr, de plus en plus utilisé par Nox, qui le maitrise de mieux en mieux. Mais il va se déplacer ailleurs, encore. L'Entre-Deux, vous connaissez ? Une zone située derrière la muraille qui ceint la Cité. Mais avant la deuxième muraille qui, elle, protège le royaume de toute invasion : remparts gigantesques, portes massives quasi-cyclopéennes. Histoire de laisser la misère au dehors. Car, on entend des échos de l'extérieur. Et dans les autres pays, tout ne va pas bien. Un ennemi sans pitié fond sur les autres cités. Une jeune femme rescapée tentera d'alerter Nox et ses concitoyens. Mais il n'est pire sourd que celui qui ne veut pas entendre. D'ailleurs, un des personnages va jusqu'à dire : « Crois-tu que nous sommes tenus d'accueillir tous les mendiants venus des confins ? Nous avons nos propres problèmes. » Écho hélas pas très agréable à des préoccupations actuelles et qui devraient s'intensifier avec le changement climatique qu'on nous annonce depuis longtemps déjà. Mais sans réel effet sur nos décisions. Mais tout cela est un autre sujet… quoique.

Comme je le disais en parlant des Épreuves de Koli de M.R. Carey, une suite est toujours incertaine : vais-je accrocher autant que dans le premier volume ? Vais-je ressentir la même passion pour les personnages et leurs aventures ? Eh bien là encore, cette inquiétude n'était pas fondée. Trois lucioles a réussi à m'embarquer aussi rapidement que le sang de la Cité (qui a reçu le prix du roman francophone aux imaginales 2022) et ce pour toute la durée du roman. Guillaume Chamanadjian possède décidément une grande intelligence de narration et sait mettre en valeur ses personnages. Il nous les rend indispensables et l'attente jusqu'à la conclusion de cette trilogie sera longue. Heureusement que nous pourrons patienter avec Mort aux geaix ! son pendant du Nord (la suite de Citadins de demain de Claire Duvivier) à paraître en octobre prochain.
Lien : https://lenocherdeslivres.wo..
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