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Citations sur Le Chiffre de nos jours (2)

Midi sonnait. Grand-mère m'appelait , penchée sur la grille de la terrasse ou la tête levée dans l'escalier à colonnes. Je surgissais du jardin ou je dégringolais du grenier. Grand-mère avait déjà mangé, toute seule, dans sa cuisine, vers onze heures du matin. Ma table était mise. Je m'installais. Grandmère s'asseyait, dans un fauteuil, à côté de moi, sans rien dire. Tout en mangeant, je lui racontais mes histoires, ce que j'avais fait, ce que faisaient mes parents, ce que je voulais faire moi-même, ce que je voulais devenir. Elle ne me contredisait jamais, et, jamais, ne portait la main sur mes rêves, mes projets et mes illusions. On a toujours dit, dans la famille, que j'étais son préféré. Je crois plutôt qu'elle me savait malheureux et souvent humilié. Elle essayait de corriger le destin. Tout enfant, elle m'a traité comme un grand garçon, grand garçon, elle m'a traité comme un homme. La richesse et la pauvreté n'avaient plus de sens, auprès d'elle. Elle n'a jamais dit un mot contre mon père, devant moi, même quand elle souffrait en voyant souffrir ma mère. Elle mesurait les êtres à d'autres mesures que celles de la réussite et du succès. Elle a su panser mes blessures, sans y mettre les doigts dessus, sans même paraître les voir et je lui dois de ne pas en avoir gardé de cicatrices. Elle m'a toujours laissé libre, d'une liberté totale. Elle me demandait seulement de l'accompagner quelquefois chez ses amies mais, chez Mme Vidal, chez Hermance ou chez Léontine, j'étais aussi libre que chez elle. Ces vieilles dames m'abandonnaient à mes rêves, à mes imaginations, à mes découvertes... Les enfants et les vieillards sont faits pour s'entendre. Ils vivent dans des mondes séparés, trop lointains pour se porter ombre.
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Je continuai donc à apprendre le latin, sans comprendre ce que j’apprenais. Avec le « je »
c’était comme avec le « le » ou le « la ». Sum, je suis. Je voyais bien ce qui pouvait faire
« suis », mais je ne comprenais pas comment on faisait le « je ». Quand on traduisait du latin,
il fallait mettre des tas de mots qui n’étaient pas dans le texte et les mots qu’on y trouvait
n’étaient pas à la bonne place.
J’expliquais parfois ces difficultés à mes camarades de l’école de tout le monde, où l’on
n’apprenait pas le latin. Ils étaient arrivés à fort bien comprendre tous ces problèmes. Ils les
comprenaient même aussi bien que moi.
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