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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
--- COUP DE COEUR ---

Printemps, la saison propice aux jeunes graines. La saison propice aux belles découvertes. La saison de la poésie. Et l'écriture de Victoire de Changy est sans nul doute poésie.
C'est un vrai plaisir pour le lecteur de se laisser emporter par cette écriture travaillée et sobre mais en même temps naturelle, jaillissante, sensuelle. Sans chichi, sans arabesque, sans exubérance. Un plaisir peut-être trop rare dans les romans actuels. Peut-être parce que ces romans sont écrits par des journalistes, des scénaristes, des universitaires qui ne lisent pas assez les poètes …

Victoire de Changy, elle, lit la poésie. Victoire de Changy aime la poésie, et cela se sent, cela transpire, cela déborde dans son écriture. Une écriture rythmée, peut-être à lire tout haut. Lire tout haut dans sa tête, ou vraiment tout haut, seul dans sa chambre, ou peut-être même tout haut devant des amis. Car cette écriture demande à prendre corps, à prendre voix. Et à être partagée.

Exactement comme le faisait Pegah, l'héroïne de ce roman, sans se douter de la dangerosité de ses actes. La poésie comme acte de résistance dans l'Iran des intégristes, la poésie comme acte de révolte, la poésie comme nécessité de dire, de fabriquer du sens, d'ouvrir les consciences. Les Mollahs ne s'y trompent pas et font vite taire cette dangereuse révolutionnaire, cette frêle jeune fille qui déclame ses quatrains à la foule tous les soirs.

Mais la poésie pour naître a besoin d’un corps qui voit, qui sent, qui touche… La poésie a besoin d’un cœur ouvert et accueillant les émotions, un cœur vibrant, et donc fragile. Sans émotion point de poésie. Avec Victoire de Changy, nous sommes ici bien loin d’une poésie désincarnée, bien loin d’un exercice de style uniquement, bien loin de la thèse intellectuelle. Pour le plus grand plaisir des lecteurs faits de chair et de sang.

L’île longue, c’est une histoire étrange, évanescente, presque légère, comme le fantôme de Pegah qui peu à peu s’efface. Voilà,
« Je ferme la porte.
Il y avait quelqu’un, il n’y avait personne.
C’est ainsi que commence chacun des contes perses. »

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Je referme le livre avec un goût de trop peu. Un réel plaisir de suivre ces trois héroïnes du début à la fin ou plutôt quatre car le fantôme de la mère plane tout au long du roman. Quels beaux portraits de femmes et une écriture délicate, poétique (moi qui ne suis pas fan de poésie, j'ai adoré la plume de Victoire de Changy) à laquelle j'ai été sensible. Ce sont des femmes fortes mais aussi fragiles mais qui se soutiennent le temps d'un voyage au pays des découvertes du passé. Difficile d'être une voix libre dans le monde... Je vous conseille la lecture de ce livre qui m'a touchée. Bonne lecture
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Ce roman est assez différent du premier livre de cette auteure.
Beaucoup de poésie.
Le voyage, la découverte de l'autre et de soi, la langue , les langues sont, en fait, l'occasion pour l'auteure de nous donner un texte poétique.
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Merci aux éditions Autrement, à l'opération MAsse Critique et à Babelio pour m'avoir permis de découvrir cette auteure et ce roman.
La couverture nous emmène déjà vers l'Iran avec son camaïeu de bleus qui rappellent Ispahan. 200 pages "seulement" mais un vrai voyage et une histoire aboutie. Je ne savais pas vraiment à quoi m'attendre avant de recevoir l'ouvrage, la perspective du cadre iranien seule ayant motivé ma demande.
Sans attente particulière que de "voyager", j'ai donc abordé le roman en me laissant porter.
le premier quart m'a décontenancée, d'abord par l'écriture chorale que je n'apprécie pas beaucoup, puis par la façon d'introduire les deux héroïnes et leur personnalité:
-Tala, jeune Iranienne de 18 ans, déjà veuve et jeune maman, et tout juste orpheline de mère, engluée dans les obligations familiales ; on étouffe avec elle dans le quotidien de son petit appartement chaotique hanté par un fantôme de sa mère. elle st attachante, mais
- l'Européenne : hormis qu'elle est une femme, elle reste "floue" ! française ? A-t-elle un prénom, un vrai ? Elle a eu un coup de foudre pour l'Iran avant d'y mettre les pieds et elle est prête à tomber amoureuse d'une Iranienne qui ressemblerait un peu à la femme fascinante aperçue sur les photos d'un ami; Elle abandonne tout et prend l'avion pour Téhéran sur un coup de tête, sans problème visiblement pour le visa et autres questions pratiques pour entrer dans ce pays pourtant diplomatiquement peu aisé d'accès; elle passe les douanes sans souci et se balade dans le pays apparemment sans surveillance : peu crédible !
Cette première partie m'a semblé dense, trop touffue, beaucoup d'informations mais souvent partielles, trop d'histoires parallèles et un va-et-vient dans des temporalités différentes; le style est parfois elliptique, haché et difficile à appréhender... les deux héroïnes sont perdues et moi aussi ! on va où, là ?

Le deuxième quart s'efforce de donner une direction plus claire à l'histoire, avec la rencontre des deux femmes qui "s'adoptent" en un clin d'oeil, l'Européenne se glissant dans l'appartement et le quotidien de Tala sans heurts, sans surprise, triomphant de toute barrière culturelle et pudeur qui auraient pu (dû ?) exister ... entre "viens prendre un thé " et "installe-toi chez moi, mets les vêtements de ma mère, sers-toi dans l'armoire et lis les carnets intimes de la défunte que tu n'as pas connue", il y a une grosse marge !
Honnêtement, jusques là, le livre ne m'avait pas vraiment convaincue.
Heureusement la seconde moitié du livre, à partir de la quête du passé de la mère de Tala, donne enfin sens et cohésion à l'histoire.
La concrétisation de l'aventure amoureuse entre les deux femmes est évoquée de manière pudique : on l'a vue arriver avec de gros sabots dès le début du roman. L'auteure l'utilise comme un moteur pour permettre aux deux femmes de trouver la force d'aller de l'avant, et c'est suffisant.

Aller de l'avant dans la quête du passé de la mère....c'est surtout et enfin (!) dans l'histoire de la mère sur "l'île longue" que Là, j'ai lu, vu et reconnu l'Iran que j'ai eu la chance de visiter (en partie) il y a trois ans. Les Iraniens aiment les mots, la musique des mots et la musique créée par les mots : il faut aller la nuit dans les jardins de Shiraz écouter les poèmes d'Hafez déclamés au milieu des arbres et des fontaines pour le comprendre (même si on ne parle pas un mot de persan, ou qu'on devine que la traduction ne lui rend pas justice !).
L'histoire de la mère, c'est l'Iran d'aujourd'hui:
- une tradition de liberté, de dire, de chanter (le bonheur, les difficultés, l'amour, la nature ...), une âme sensible et poétique étouffée par un régime qui réprime l'émotion, l'expression et la démonstration des sentiments, la liberté d'expression, les Arts...
- une recherche d'espaces de liberté : les plages, les forêts, les caves, le désert ... que le régime traque systématiquement;
- la répression dans les prisons où la police des moeurs s'applique à vous faire passer toute volonté de liberté, d'esprit d'indépendance, de pensée individuelle et personnelle...

L'histoire de la mère est pour moi la seule partie où il n'y a pas de longueurs, où tout est plus cohérent et vraisemblable.
Je trouve très beau que ce soit sur l'île où Pegah -la mère de Tala- a libéré puis a perdu sa voix dans les geôles du régime, que Bijan sa petite fille apprenne à parler (même si c'est un sabir mélangeant français -la langue du pays des Droits de l'Homme et de la Révolution- et persan).
En bref, patientez et persévérez pour atteindre en seconde partie l'essence de l'Iran !
On a finalement un portrait qui me semble assez juste de l'Iran.On pourra par exemple compléter l'approche de cet Iran patrie des Arts censurés et brimés avec des films comme Desert Dancer ou encore Les chats persans, voire avec A propos d'Elly qui aborde la dictature sociale.
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Aucune critique de l'Île longue ne saurait faire justice à la puissance, à la justesse, à la beauté des mots de son autrice. J'ai tant lu, compris et appris dans ce livre dévoré en quelques heures à peine. Sur l'Iran et ses femmes, sur la mémoire et ce que l'on choisit de transmettre ou de garder pour soi.
Un livre percutant !
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