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Citations sur Elle, Adrienne (18)

« Les jours de fête chez nous, dit Ulric , les paysannes ressemblaient à d’immenses coquelicots et quand elles dansaient, les hommes, à côté d’elles, étaient comme de minces flammes noires. Ils faisaient cercle autour des coquelicots, un cercle qui devenait toujours plus étroit, plus menaçant, qui diminuait sans cesse, dans un grand bruit de talons, jusqu’à ce que la masse rouge des femmes disparaisse derrière le mur aveugle des corps. Et puis brusquement un coquelicot, le plus jeune, le plus beau, jaillissait comme une source écarlate qui, trop longtemps captée, était soudain libérée et projetée jusqu’au ciel, à bout de bras. C’était merveilleux. On pouvait vraiment croire à cette femme-coquelicot et à ces hommes-flammes… »
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Bien des romans perdent leurs pétales au fil du temps mais tel n'est pas le cas d'"Elle Adrienne". Ce livre, le meilleur de son auteur, est de toutes les heures de la vie - jeunesse et vieillesse, ville et campagne, voyages. Il tient son rang entre l'Homme pressé de Paul Morand et Les Poneys sauvages de Michel Déon. A relire sans modération.
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(1944) Des Français vivant une aventure comme personne ne saura jamais en imaginer, ouvriers fuyant les usines d'armement, officiers échappés des camps de Pologne, militaires, gradés ou non, venus par la frontière hongroise sous la conduite d'un technicien de l'évasion, un lieutenant de La Roncière repris à son onzième passage, c'était cela les Français en Slovaquie : une jeunesse, mise à combattre à peine arrivée, et qui toujours demeura groupée, aux ordres d'un seul homme, lieutenant en France, chef de bande en Slovaquie.
Sublime galimatias qui plonge ce fils de général en pleine insurrection militaire, place ce cavalier sorti de Saint-Cyr, ses hommes et aussi son interprète, Vladimir Nicolaïevitch Iersov, ancien officier du tsar, sous le commandement enfin, de Georges de Lannurien, hobereau de Morlaix et Breton de bonne souche, le chef des Français de la brigade Stefanik.
Enfin ceci : Stefanik. Voyez quel nom était celui de la brigade où aboutissaient nos Français. Voyez ce nom ! A quelles nouvelles aventures allait se trouver associé, longtemps après sa mort, Milan Stefanik, dont le destin, tout de dangers, de courses périlleuses, de missions secrètes et de folles passions, est un vertige.
Ainsi se battait-on au nom de celui qui, né près de Myjava, dans les années 80, avec des idées qui n'étaient pas celles de l'empereur d'Autriche, s'en vint en France où il étudia les étoiles et devint assistant à l'observatoire de Meudon; qui, s'étant fait français autour de 1915, fut promu officier dans notre armée, et ne s'en retrouva pas moins, à trois ans de là, général dans la jeune armée tchèque mais toujours vêtu de bleu horizon; qui, nommé par Masaryk ministre de la Guerre, fut tué à trente-neuf ans, (4 mai 1919) par méprise. Abattu au-dessus de sa Slovaquie natale dans l'avion inconnu, l'avion étranger qui le ramenait de Sibérie. Un avion français...

918 - [Le Livre de poche n° 3484, p. 610-611]
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Ainsi je ne serai pas de ceux qui auront dormi. J'éviterai cette honte.
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Terribles sont les chansons quand elles intiment l'ordre de se souvenir.
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C'est seulement quand on aime que l'on ose se montrer sous un jour aussi défavorable et faire cette figure d'enfant buté et serrer les lèvres et poser d'une voix qui trébuche les mêmes questions inlassablement. Et seulement parce qu'on aime que naît cette inimité dans la voix et ce désir hargneux, à peine dissimulé, de provoquer. Elle reconnaît la passion au premier coup d'oeil.
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Une grande étrangeté émane de la façon dont le drap moule étroitement son buste, l'interdisant au regard, l'entourant comme d'un suaire, faisant d'elle une manière de sphinge manchote dont la nudité des membres inférieurs, et aussi la nudité des hanches, du ventre, du creux des reins n'est de ce fait que plus provocante, tout cela mettant Ulrich face à une femme en deux tronçons ou bien encore comme face à deux femmes différentes et curieusement assemblées, l'une pudique et qui se refuse, l'autre offerte. Ulrich l'adore doublement.
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Alors l’Allemagne perdit la guerre.
Alors les mécanismes de l’Histoire, que le hourvari final avait quelque peu faussés, retrouvèrent leur précision.
Tous les héros eurent des noms.
C’étaient les éclaireurs Mikhaïl Egorov et Melitov Kantaria qui avaient hissé le drapeau soviétique sur les ruines du Reichstag, personne ne pouvait l’ignorer.
les événements, comme des photos de baptême, venaient à peine nés, prendre place dans les cadres qui leur avaient été préparés. Ils étaient tous fils légitimes de Yalta. Leurs parrains, qui certains jours s’aimaient et d’autres moins, veillaient à ce qu’ils se comportent en adultes. Pas de compromis, pas de polissonneries, les enfants…
Alors les événements obéissaient et conformément à ce qu’avait promis Churchill, Berlin, Vienne et Prague furent à ceux qui y étaient arrivés en premier.
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Vivre dans les mots des autres comme dans une installation d’emprunt, en cela consistait sa solitude. Et voilà que par bribes, par à-coups aussi brusques que les crochets d’un lièvre, d’étranges petits fragments lui reviennent à l’esprit. Ce qu’il retrouve ? L’alliage d’intonations, de tournures de phrases propres à son milieu. Langue particulière, impénétrable à qui n’en connaissait pas les usages, c’est cela qui refait surface. Et voilà Ulric dialoguant avec des esprits parents. Comme si des voix de rêve montaient dans le noir de la chambre. Comme si, formant une chaussée imaginaire, des mots perdus et retrouvés le ramenaient, et cela malgré Adrienne endormie, au cœur de l’Europe, dans le giron d’une race presque éteinte, cette aristocratie d’entre-deux-guerres qui avait fait son enfance heureuse.
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Et qu'es ce que tout cela en comparaison de l'édifice fabuleux de notre amour ? Du fond de moi même s'est levé la certitude que Toute défaite peut naître une victoire mystérieuse.
La victoire d'Adrienne..
Car je consigne ici avec respect que cette femme m'a échappé dans sa totalité. Elle m'a aimé, pourtant. Elle m'a trompé aussi, je le sais. Et je sais la dérision que provoquent ces sortes d'aveux.
Mais ainsi tout est dit.
Et je puis maintenant, sans regrets, demeurer jusqu'à la fin de ma vie cet Allemand qui ne parlera pas.
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