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EAN : 9782253014164
661 pages
Le Livre de Poche (29/06/2001)
3.57/5   74 notes
Résumé :
Mystérieuse pour les intimes, acharnée à effacer toute trace de son passé, de ses origines, de sa famille même, Gabrielle Chanel aura été tout au long de son existence une " irrégulière " dans une société conformiste, et peut-être ne faut-il pas chercher ailleurs le secret de sa prodigieuse réussite. Suivant l'itinéraire inverse de celui qui l'avait menée à Elle, Adrienne, roman dont la célèbre couturière était l'inspiratrice et non le modèle, Edmonde Charles-Roux a... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Ce n'est pas tant la vie de Gabrielle Chanel qui est la plus intéressante à découvrir ici : plusieurs récits, reportages, films et téléfilms (Coco avant Chanel 2009, Coco Chanel et Igor Stravinsky 2009, Chanel solitaire 1981…),ont participé largement à divulguer avec plus ou moins de bonheur, de voyeurisme, de respect de la réalité, de vision chimérique, d'édulcoration mièvre, ce qu'elle avait, toute sa vie, tenter de cacher, de mystifier, d'imaginer, de réinventer.
L'intérêt du livre, c'est d'abord le travail minutieux mené par Edmonde Charles Roux pour recueillir le maximum d'informations pertinentes, glaner les témoignages, les analyser, s'imprégner des lieux où elle vécut, décrypter et interpréter les moindres détails , retrouver des témoins, pour écrire une biographie la plus fidèle possible. Elle a mené, tour à tour, un travail de généalogiste, de documentaliste, de détective privée, d'historienne , de psychanalyste et bien sûr de biographe et de romancière….
De ses investigations, elle en fait un récit réaliste, sans concession, elle nous livre une histoire à la fois vraie mais qui s'apparente à une fiction romancée tant la vie de Gabrielle Chanel fut féconde et bouillonnante en événements dramatiques, douloureux, pittoresques voir picaresques.
Plus de 650 pages qui se lisent avec délectation tant le style est éblouissant et l'exposé de ses investigations prenant
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OU LA BIOGRAPHIE DE COCO CHANEL LA MIEUX DOCUMENTÉE…

« Coudre, c'est finalement refaire un monde sans coutures… »Roland Barthes (citation du deuxième épilogue de L'irrégulière).

Et un grand bravo à Edmonde Charles-Roux qui retrace ici presqu'un siècle d'Histoire avec celle de Gabrielle Chanel, après avoir accompli un travail de fourmi auprès d'elle, à démêler le vrai du faux, les mensonges, tout ce que Chanel a toujours voulu cacher sans y parvenir vraiment. Ce livre (paru après son décès en 1971) l'a rattrapée et nous en brosse un portrait de femme, magistral de courage, auréolé de mystères et enfin, dépassé par sa légende…

Ce « pavé » de 654 pages (dans ma vieille version poche) est idéal pour exalter vos vacances, sous l'écriture fluide mais non moins rigoureuse d'Edmonde Charles-Roux. Malgré quelques longueurs, il se lit comme un roman d'aventures puisque la vie de Chanel n'a été faite que d'aventures, heureuses, grandioses et pitoyables mais qui l'ont menées là où l'on sait… et ce n'était pas gagné !

Gabrielle Chanel naît le 19 août 1883 à Saumur, quasiment dans le ruisseau d'un père cévenol, camelot de son état, volage et instable et d'une mère épuisée par les grossesses , fourbue de suivre cet homme qui ne l'a pas épousée. Elle mourra de tuberculose et de misère à 32 ans, laissant Gabrielle orpheline à 13 ans. Son père, dépassé, les abandonnera, sa soeur cadette et elle, très vite dans un orphelinat corrézien, puis elle connaîtra le pensionnat des chanoinesses de Moulins où elle apprendra la couture. le sarrau noir qu'elle portait lui inspirera plus tard, en 1926, la fameuse « petite robe noire ». Elle est plutôt jolie et va se retrouver « poseuse » dans un beuglant de Moulins, ville de garnison où elle poussera la chansonnette et « Qui a vu Coco dans le Trocadéro » ne la consacrera pas comme chanteuse mais elle y gagnera son surnom. Repérée par le châtelain Balsan qui lui ouvre les portes de son château et de ses draps, elle commence l'apprentissage de la vie « d'irrégulière », de femme entretenue, celle que l'on n'épouse pas mais qui revendiquera toujours sa liberté malgré cette blessure qui la poursuivra tout au long de sa longue vie. Elle rencontrera chez Balsan, son seul grand amour, Arthur Capel, dit Boy, d'origine anglaise, ils auront une liaison de huit ans et il ne l'épousera pas non plus, préférant suivre les consignes paternelles et ne pas se mésallier. Mais jamais il ne l'abandonnera et lui prêtera l'argent nécessaire pour acheter son premier atelier du 21, rue Cambon, puis sa boutique à Deauville où elle vend des chapeaux, découvre le jersey et commence à « exploser », aidée de sa soeur, ses nièces pour modèles. En trois ans, elle remboursera Boy.

S'ensuivront les années folles, les rencontres marquantes avec le poète Reverdy (encore un amour qui finira platonique et épistolaire), Jean Cocteau, Diaghilev, Stravinsky, Colette, Picasso et sa chère amie Misia Sert qui lui sera fidèle jusqu'à la mort. Car elle s'est sentie trahie plus d'une fois, la petite Gabrielle et la grande Chanel, abandonnée, humiliée. Mais à chaque fois, elle a opté pour transformer ces humiliations en or, celui qu'elle avait dans ses doigts sans cesse en mouvement. L'âge d'or durera jusqu'à la guerre 1940-45 où là, erreur ! Elle ferme sa boutique de la rue Cambon, licencie tous ses employés et s'installe au Ritz. Elle aurait joué un rôle dans l'Opération Modelhut, initiée par Churchill et De Gaulle, s'improvisant en Mata-Hari trompe-la-mort ! Mais elle va avoir une relation plus que douteuse avec un officier allemand, Hans Gunter von D.. A la Libération, décrédibilisée, elle s'exilera en Suisse jusqu'en 1953. Morte Chanel ? Que nenni. Tel un phénix qui renaît de ses cendres, elle rouvre le 21 rue Cambon et dirige son empire de main de maître. Sans jamais entrer en Bourse, gardant peut-être de ses origines paysannes le concept que l'or se garde sous les matelas… L'Amérique qui l'a déjà consacrée dès 1929 en la faisant venir pour habiller Marlène Dietrich ou Greta Garbo dans différents films se précipite à nouveau dans ses boutiques et ses petits tailleurs portés par Jackie Kennedy ou le N°5 par Marilyn Monroe la consacreront définitivement.

Certes, elle a payé cette réussite, elle est toujours restée cette « irrégulière » qui n'aimait pas les autres femmes dont elle était jalouse mais les a libérées de leur corset. Coléreuse, excessive mais généreuse, elle jouait souvent les mécènes auprès d'artistes, refusant que son nom soit cité. Féministe avant l'heure et surtout malgré elle, habituée à la discipline, à l'exigence dès son plus jeune âge, elle ne faillira pas en grandissant, puis en vieillissant. Elle s'éteindra seule, dans une chambre du Ritz où elle vivait depuis trente ans, un dimanche de 1971 à presque 90 ans…

Le regard distancié de l'auteure qui traque ses qualités et ses failles lève le voile sur ce mystère qu'elle a entretenu sa vie durant pour cacher ses origines. Ce livre se lit agréablement et j'avoue en avoir appris autant sur Chanel que sur les différentes époques du siècle dernier. Et malgré quelques « longueurs », nous passons outre et nous laissons vite embarquer dans cette histoire où la réalité dépasse souvent la fiction.


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Pour moi Coco Chanel représente la grande classe, alors dès les premières pages je suis sidérée de connaître sa pauvre et malheureuse enfance. Elle ne va prendre tout de suite le chemin de la gloire. Elle va être entretenue (d'où le titre). Mais elle va toujours avoir la rage de réussir, de se faire un nom, d'y arriver seule, de vite rembourser ses dettes pour être autonome. Elle va rejetté son passé, être détestée des siens. Les oublier, oublier son histoire, l'histoire de sa pauvre mère, de son père volage, comme son grand père.
Elle va sublimer la femme, la mettre à l'aise dans ses vêtements en s'inspirant des tenues masculines.
Ce livre m'a beaucoup apporté sur l'image de Chanel qui finalement n'est pas du tout bourgeoise et haute couture.
Ce livre a été écrit en 1976 mais le ton est moderne et accrocheur. Contrairement à Chanel, Edmonde CR aura un comportement exemplaire durant la guerre. On sent une femme de lettres, moderne pour son époque dont le parcours est aussi intéressant à consulter. Elle va réussir avec ce livre a essayé de démêler le vrai du faux dans ce que va raconter Chanel. Elle nous captive par des recherches incroyables qui vont nous amener à traverser presque un siècle riche en Histoire.
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Il s'agit d'une biographie historiquement très détaillée, très intéressante et qui campe de manière saisissante plus de soixante années de vies et d'événements. La période des années folles et de la 1ère guerre mondiale, qui m'intéresse particulièrement, m'a comblée.

Il ne me reste que l'ennui de continuer à ressentir plus qu'une grande réticence à l'égard de Gabrielle Chanel, cette fois bien plus fondée par des certitudes biographiques que par des impressions glanées d'après le quasi-mythe. Car la façon dont cette femme talentueuse s'est montrée cinglante, injuste, manipulatrice, bienfaitrice ou mauvais ange à rebours des mérites des membres de sa famille (qui avait surtout le tort, en existant à des centaines de kilomètres, de lui faire du tort auprès du mâle noble dont elle souhaitait itérativement se faire épouser, pauvre chérie qui n'a pas hésité les sacrifier dans ce but médiocre - pour rien) m'a laissée pantoise ; sa façon paternaliste (maternaliste ?) de diriger sa maison n'éveille pas la moindre sympathie ; quant à sa malchance en amour, tout n'a effectivement pas été rose mais relativisons : ils furent nombreux, riches et/ou talentueux, divertissants et/ou utiles, pleins d'entregent et d'intérêt pour elle. Tant de femmes aimeraient avoir une telle malchance...

J'ai trouvé passionnant le lien que fait la biographe entre les notes synthétiques du parfum numéro cinq de Chanel et l'art abstrait, de même que de son paquetage (packaging?) et de la sobriété de ses lignes.

Elle fut entourée d'artistes, de gens extraordinaires, et c'est finalement surtout eux qui fournissent la matière de cette biographie.

D'autre part, et c'est un reproche que j'aurais envie de faire à Edmonde Charles-Roux et non plus à son objet, l'intérêt d'une biographie est d'apporter une réponse à des questions, de chercher à éclaircir certains mystères, d'éclairer des comportements qui parurent en leur temps aberrants à la lumière d'une recherche ultérieure, de courriers récupérés à la faveur des décès, du temps qui adoucit l'amertume des secrets... Là, rien de tel. La façon discriminatoire dont les frères Chanel furent traités par leur soeur est narrée d'une manière qui souligne effectivement son caractère aberrant, mais aucune explication n'est avancée, et j'en passe de toutes pareilles. La biographe semble échapper à l'embarras dans laquelle la plonge la demoiselle Chanel en racontant (très longuement) la vie, en comparaison, limpide de ses hommes, estimant sans doute que ça raconte aussi bien Coco. Cette dernière a toujours menti de manière éhontée à son propre propos, brouillant les pistes bien avant sa mort et il semble rester beaucoup de cette oeuvre de désinformation ; dès le début de l'ouvrage, Charles-Roux précise d'ailleurs que Chanel avait menti à sa propre biographe, Louise de Vilmorin "qui, ne parvenant pas à lui arracher un mot de vérité, se désespérait".
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Entre la biographie et le roman historique, l'auteur s'attache à présenter "Coco" Chanel sous toutes ses coutures, aux travers des méandres de sa vie. A la manière d'un personnage zolaïen décrit par un caractère, on va découvrir ici l'itinéraire de "l'irrégulière", de cette femme qui aura su s'extraire de son origine paysanne (sans jamais la renier pour autant) pour créer une esthétique de mode, pour créer la haute couture française du XXème siècle. Aucun chapitre de sa vie n'est évité, et de fait le texte se trouve dense et parfois un peu brouillard. Pour autant, il s'agit d'une vrai richesse de découvrir le vivier bouillant d'artistes que Chanel a cotoyé pendant les années folles et l'entre deux guerres. Un vrai bon "roman", qui mériterait toutefois d'être un peu allégé.
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critiques presse (1)
MadmoizellePresse
13 décembre 2021
Cette biographie officielle parle autant de la lumière que des parts d’ombre de sa carrière dans la mode, mais aussi sa vie sentimentale trépidante. Ce, avec un style d’écriture magnifique, de la part de cette autrice qui a d’ailleurs reçu le prix Goncourt en 1966 pour son roman Oublier Palerme. Bref, à mettre entre toutes les mains, surtout les plus entrepreneuses.
Lire la critique sur le site : MadmoizellePresse
Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
Isadora vivait en phalanstère, entourée de joyeux lurons, artistes en tous genres. Elle recevait la poitrine nue sous un péplum. Un jeune homme fort maigre et portant une barbe de faune ne la quittait pas. Des mélanges alcoolisés d’une saveur très nouvelle circulaient. On riait, on causait, les jeunes femmes s’amusaient, Gabrielle écoutait. Quand vint l’instant tant attendu, où Isadora annonça qu’elle allait improviser, on la vit s’élancer, les bras levés, comme si tous les dieux de l’Olympe savaient trouvé à se loger dans la verrière du plafond. Ses attitudes étaient convaincantes. On en oubliait la pauvreté des accessoires : une guirlande de roses en papier fripé.
La danse eut pour effet d’envoyer le jeune barbu d’un bond jusqu’au milieu de l’atelier, ce qui vint tout gâter aux yeux de Gabrielle. L’alcool aidant, le jeune homme — c’était Kees Van Dongen — se comporta en satyre. Il empoigna, a pleines mains, les fesses de la grande prêtresse sans qu’elle en parût le moins du monde offensée.
Isadora alla jusqu’au bout de son improvisation et continua à s’adresser au plafond avec des gestes magnifiques.
Le milieu des arts, ne fût-ce que par mépris des conventions, pouvait applaudir. Gabrielle pas.
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En février 1964, lors d’une représentation de Cyrano de Bergerac au Théâtre-Français, la violence de sa désapprobation avait scandalisé ses voisins. Le culte de ce qui est encore considéré comme le chef-d’œuvre d’Edmond Rostand existe, on le sait, depuis bientôt quatre-vingts ans. Mais loin de se laisser impressionner par les « chut » retentissants et les protestations qui fusaient autour d’elle, Chanel, devenue le point de mire de la salle, continuait à ironiser sans qu’il fût possible de la faire taire. On l’entendait accablant comédiens et auteur de ses quolibets.
« Non, mais quelle infection ! ... Des vers mirliton... Le mauvais goût de tout ça ! Quelle prétention ! Affreuse époque ! Et le cocorico français, quelle bêtise ! Un patriotisme de concierge. »
A l’instant le plus pathétique, on l’entendit nettement qui lançait entre ses dents un « Cocorico » cinglant. Elle fulminait.
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Et rien n’interdit de supposer que ce fut à une religieuse, laissée libre de le choisir , que Melle Chanel dut ce prénom de GABRIELLE signifiant en langue hébraïque, force et puissance et, qui, si l’on en croit l’onomancie, assure aux femmes qui le portent un rayonnement durable.
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Dans les salons de Paris, les mots bals, tir au pigeon, réception, promenade étaient bannis, puisque la mode voulait que l’on dise night party, gun-club, raout et footing. Et les dames ne parlaient plus de ce drap, couleur de fraise écrasée qui faisait fureur à Londres, puisque c’était lady-cloth qu’il fallait dire. Et elles n’allaient pas non plus déjeuner, on lunchait.
Commençait ainsi le règne d’une fascination anglaise dont quelque trente ans plus tard, allait naître l’art de Chanel.
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Que d’inexactitudes dans ce qu’elle raconta ! Et comment ne pas évoquer ici son habilité à captiver ceux qui l’écoutaient. Elle les observait avec la férocité satisfaite d’une araignée à l’affût. Mais elle savait aussi les mépriser et du fond de l’âme. Trop crédules ces proies, trop faciles... Tout pour elle était plus important que la vérité.
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Videos de Edmonde Charles-Roux (89) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Edmonde Charles-Roux
Premier agrégé d'origine africaine en grammaire, homme de foi, essayiste, poète et président de la République du Sénégal, le destin de Léopold Sédar Senghor fut exceptionnel. Il aura contribué à combattre les préjugés et le mépris.
Son amour des mots et de la poésie et ses combats pour la négritude entre autres sont racontés magnifiquement par Jean-Pierre Langellier dans sa biographie, Goncourt de la biographie Edmonde Charles-Roux 2022.
La remise du prix a eu lieu le 10 septembre à l'Hôtel de Ville. Elle est suivie d'un entretien avec le lauréat, animé par Pierre Assouline de l'Académie Goncourt.
+ Lire la suite
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