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Critique de Noctenbule


Quand on observe plus attentivement la couverture, quelque chose nous parle. Combien de personnes âgées refuse de discuter une fois que l'on aborde leur fin de vie? La réponse est bien souvent du même acabit qu"Est-ce qu'on pourrait parler d'autre chose?". le sujet est très sensible pour tout le monde. Qui veut vraiment prévoir sa mort? La décrépitude de son corps et de son esprit? Quand on a beaucoup d'argent, on peut s'acheter du respect et du soin. Quand ce n'est pas le cas, les choses sont bien différentes. Par chance, les parents de Roz Chast avaient mis de l'argent de côté toute leur vie. Sinon, le standing aurait été des plus sommaires tout comme le cadre de vie. La frontière avec le mouroir est assez mince.

En plusieurs chapitres, elle aborde la vie de ses parents, la sienne et celle de sa famille élargie. le focus reste sur elle et ces deux parents, âgés de plus de 90 ans. Progressivement, ils perdent leurs aptitudes physiques et mentales. L'autonomie devient impossible. Il faut penser à être dans une maison de retraite avec accompagnement médicalisé si besoin. Les voir diminuer progressivement est touchant et de traumatisant. Comment dépasser sa peur, ses doutes et le champ d'incertitude qui l'habite? Il n'y a pas de mode d'emploi. Même quand la mort est là. Un jour, on peut parler à son père et le lendemain, il reste le vide et l'absence.

Impossible de ne pas se reconnaître dans ce récit authentique et sans demi-mesure. La bédéaste est américaine mais le mélange de souffrance et d'amour est universel. Gallimard bande dessinée a fait un bon choix en publiant son premier ouvrage en France. Surtout que le sujet est rarement abordé dans le 9e art. Pour une fois, on n'aborde par les séniors sous l'angle humoristique. C'est un vrai récit de vie de relation avec ces parents. Comment faire quand ils deviennent dépendant de leurs enfants pour vivre les dernières années de leur vie? Ils perdent leur intimité, leur possibilité de choisir, leur réserve... Ils deviennent des objets qu'il faut nettoyer, habiller, nourrir... à l'image d'un bébé. Gérer aussi ces situations atypiques projette sur l'avenir qui nous attend, si l'on ne meure pas avant. Faut-il mettre de l'argent de côté? Doit-on dire ce que l'on a sur son coeur aux gens qu'on aime?

Le graphisme fait penser à des ouvrages de Béatrix Potter. C'est réaliste et à la fois très encré dans l'illustration. Cela permet de mettre une distance avec le thème. Les visages sont très expressifs surtout dans la colère ou la tristesse. Les couleurs sont chaleureuses et mises avec beaucoup de délicatesse et pas trop présente. Pour la mise en page, nous avons beaucoup de texte. On lit comme un journal intime avec des lignes de témoignages très personnels. L'insertion de photographies aussi bien de jeunesse que de l'appartement familiale apporte plus de vraie car rien n'est interprété par le regard de l'artiste. On n'est troublé par l'éloquence honnête et attendrissant. La bd se referme avec sourire et un pincement au coeur.
Lien : https://22h05ruedesdames.com..
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