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« Est-ce qu'on pourrait parler d'autre chose ? » Ni de mort, ni d'argent, ces deux sujets tabous.
Eh bien non, pas dans cet album.

Roz Chast nous parle de la vieillesse de ses parents nonagénaires, et de tout ce qui va avec : maladies (dont pertes de mémoire), dépendance, maisons de retraite et de repos, hôpital, soins palliatifs, mort, appartement encombré et sale, à débarrasser de tous les souvenirs.
Et de tout l'argent qu'il faut pour accompagner les dernières années de nos proches quand ils vivent vieux et en mauvaise santé. Ça coûte 'un pognon de dingue' à la famille, aussi mauvaises soient les conditions de 'détention' dans les Ehpad, même les plus prestigieuses : « Ma mère n'appelait jamais ça un 'trou à rats', mais elle avait ses opinions : 'On n'est pas des pensionnaires, on est des DÉTENUS.' »
Ça demande aussi beaucoup de temps et d'énergie.

Rien de gai dans cet album, donc, et pourtant l'auteur arrive à nous faire sourire, et même rire.
Avec une grande franchise et un sens affirmé de l'autodérision, elle ne cache rien de ses sentiments ambivalents à l'égard de ses parents - de sa mère, surtout, avec qui les rapports ont toujours été compliqués.
Avec l'air de ne pas y toucher (les dessins semblent griffonnés à la hâte), Roz Chast dresse un portrait aussi réaliste que touchant et drôle de la famille, des relations entre enfants adultes et parents (très) âgés, lorsque les rôles s'inversent, dans notre société où le soin des vieillards dépendants est généralement confié à des tiers.

___

♪♫ « Tu inverses les moments, renverses les choses (...)
Tu dis des mots à la place des autres
Tu dis 'Pourquoi ?' sans même dire un mot
Tu ne connais plus le nom des fleurs du jardin
Tu ne connais plus le nom des fleurs
Tu te rappelais pourtant de tout (...)
Mais à la fin de plus rien du tout
Tu te rappelais pourtant de nous
Mais à la fin de plus rien... »
[ Je ne sais pas si cette chanson de Gaëtan Roussel évoque ce sujet, mais pour la première fois, ce matin, je l'ai entendue comme un hommage à un vieux parent. ]
♪♫ https://www.youtube.com/watch?v=a4Fn5pD6XNs
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Le dessin de la couverture annonce le propos : une jeune femme interrogative, face à ses parents vieillissants, un père au faciès de chien battu et une mère à la tronche de dogue furieux.

Roz Chast, fille unique, met en graphisme son devoir filial d'assistance, quand le grand âge oblige à prendre des décisions et contraint à s'immiscer dans une intimité de couple. Elle y met toute une palette de sentiments, d'introspection et de réflexion pour tenter de décoder la relation filiale, tendre avec le père, particulièrement compliquée avec la mère. Se mêlent en vrac culpabilité, gentillesse, amour, rancune, énervement, effroi...
C'est brut, douloureux, épuisant, heureusement parfois amusant et décalé.

Je me suis rarement autant projetée dans une narration. La vieillesse et la fin inéluctable de nos parents nous concernent tous. Mais je reste assez perturbée par le récit d'un honnêteté glaçante que la dessinatrice en fait. Rien ne nous est épargné. On vit dans le réel, au plus près des déchéances corporelles et intellectuelles. On fait face comme on peut à l'aspect pratique du problème: hospitalisations, maisons de retraite, finances, acharnement thérapeutique.

Un roman graphique original, au ton juste, percutant et jamais larmoyant, interrogeant nos propres capacités à faire face à la décrépitude de nos anciens. le crayon est nerveux, comme urgent et n' adoucit en rien la narration. Ça colle vraiment au sujet.

Pour rester dans l'humour macabre: rien ne vaut un bon accident, radical et définitif. (histoire de préserver mes enfants!)

4/5 étoiles
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Un récit sous forme de roman graphique pour parler de la vieillesse et plus particulièrement celle de ses parents vu par Roz Chast.

Des premières chutes dans leur appartement, à leur perte d'autonomie, la maison de retraite, les soins palliatifs tous les thèmes sont abordées ici sur la question.

Il y a même des photos de ce que l'auteur à retrouvé chez ses parents après leur décès.

Un récit mi-dessinée, mi écrit sur la vie de l'auteur auquel chaque personne peut être concerné.
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Dans ce roman graphique très dense Roz Chast nous raconte la fin de vie de ses parents.
En 18 chapitres elle nous retrace leur quotidien, et peu à peu nous sommes confrontés à leur vieillissement et aux problèmes que cela posent.
Largement illustré de photos personnelles, intercalant planches de BD et textes assez longs Roz Chast ne nous épargne pas dans cette histoire qui lui est personnelle mais dont nous nous sentons obligatoirement proche.
Pas évident de ne pas se sentir voyeur en lisant cette bande dessinée, commencée avec humour, l'approche du grand âge et de la déchéance nous plonge dans un univers plutôt noir.
Intéressant et sincère mais je me serais bien passée des dernières pages, plutôt macabres.
Finalement j'ai trouvé cette histoire drôle et bouleversante. C'est possible ça ?


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Une BD autobiographique sur les parents de l'auteure, qui en vieillissant et refusant de voir leur corps ralentir, angoissent leur fille sur l'après : que mettre en place lorsque ses parents ne peuvent plus vivre seuls, quel est la place juste de l'enfant et un tas de questions sur la vie et sa fin.
Un roman remplie d'amour et d'humour. A lire
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Est-ce qu'on pourrait parler d'autre chose ? de Roz Chast est un roman graphique emprunté à la bibliothèque qui m'a beaucoup touché.
Les parents de Roz vivent depuis cinquante ans dans le même appartement de Brooklyn, convaincus qu'il leur suffit de ne pas penser à la mort pour la tenir à distance.
Mais quand les effets du grand âge (plus de 90 ans) se font sentir malgré tout, Roz n'a d'autre choix que de s'immiscer dans leur quotidien pour leur venir en aide.
Une intrusion qui se révèle aussi perturbante pour le trio que la vieillesse elle-même...
Roz Chast nous livre ici un témoignage parfois difficile à lire ! Elle dit tout, absolument tout, sur ce qui est arrivé quand ses parents ont atteint le grand age.
Il y a des illustrations façon bande dessinée, des photos, des croquis, des textes plus ou moins longs... c'est très personnel et nous avons là un roman graphique très riche.
Cet ouvrage est très intéressant, évidemment touchant. Je dois avouer que parfois l'auteure m'a mis mal à l'aise. Notamment avec des dessins faits de sa maman sur son lit de mort... ça honnêtement je m'en serais passé ! Je me suis sentie de trop, il y a un petit coté voyeur qui me dérange.
Mais c'est un témoignage intéressant qui permet de se faire une idée de se qui risque de nous arriver si nos parents atteignent un jour cet age là ! Ou si nous même l'atteignons, mais je suis encore jeune, je préfère éviter d'y penser ;)
Est-ce qu'on pourrait parler d'autre chose ? est un roman graphique à découvrir, je lui donne quatre étoiles.
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Quand on observe plus attentivement la couverture, quelque chose nous parle. Combien de personnes âgées refuse de discuter une fois que l'on aborde leur fin de vie? La réponse est bien souvent du même acabit qu"Est-ce qu'on pourrait parler d'autre chose?". le sujet est très sensible pour tout le monde. Qui veut vraiment prévoir sa mort? La décrépitude de son corps et de son esprit? Quand on a beaucoup d'argent, on peut s'acheter du respect et du soin. Quand ce n'est pas le cas, les choses sont bien différentes. Par chance, les parents de Roz Chast avaient mis de l'argent de côté toute leur vie. Sinon, le standing aurait été des plus sommaires tout comme le cadre de vie. La frontière avec le mouroir est assez mince.

En plusieurs chapitres, elle aborde la vie de ses parents, la sienne et celle de sa famille élargie. le focus reste sur elle et ces deux parents, âgés de plus de 90 ans. Progressivement, ils perdent leurs aptitudes physiques et mentales. L'autonomie devient impossible. Il faut penser à être dans une maison de retraite avec accompagnement médicalisé si besoin. Les voir diminuer progressivement est touchant et de traumatisant. Comment dépasser sa peur, ses doutes et le champ d'incertitude qui l'habite? Il n'y a pas de mode d'emploi. Même quand la mort est là. Un jour, on peut parler à son père et le lendemain, il reste le vide et l'absence.

Impossible de ne pas se reconnaître dans ce récit authentique et sans demi-mesure. La bédéaste est américaine mais le mélange de souffrance et d'amour est universel. Gallimard bande dessinée a fait un bon choix en publiant son premier ouvrage en France. Surtout que le sujet est rarement abordé dans le 9e art. Pour une fois, on n'aborde par les séniors sous l'angle humoristique. C'est un vrai récit de vie de relation avec ces parents. Comment faire quand ils deviennent dépendant de leurs enfants pour vivre les dernières années de leur vie? Ils perdent leur intimité, leur possibilité de choisir, leur réserve... Ils deviennent des objets qu'il faut nettoyer, habiller, nourrir... à l'image d'un bébé. Gérer aussi ces situations atypiques projette sur l'avenir qui nous attend, si l'on ne meure pas avant. Faut-il mettre de l'argent de côté? Doit-on dire ce que l'on a sur son coeur aux gens qu'on aime?

Le graphisme fait penser à des ouvrages de Béatrix Potter. C'est réaliste et à la fois très encré dans l'illustration. Cela permet de mettre une distance avec le thème. Les visages sont très expressifs surtout dans la colère ou la tristesse. Les couleurs sont chaleureuses et mises avec beaucoup de délicatesse et pas trop présente. Pour la mise en page, nous avons beaucoup de texte. On lit comme un journal intime avec des lignes de témoignages très personnels. L'insertion de photographies aussi bien de jeunesse que de l'appartement familiale apporte plus de vraie car rien n'est interprété par le regard de l'artiste. On n'est troublé par l'éloquence honnête et attendrissant. La bd se referme avec sourire et un pincement au coeur.
Lien : https://22h05ruedesdames.com..
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L'auteur est américaine, et vit dans le Connecticut avec sa propre famille. Elle est née en 1954 de parents, George et Elisabeth, nés tous deux en 1912. Une couple très fusionnel, n'ayant jamais quitté son quartier de Brooklyn; un père auquel l'auteur peut se comparer pour la personnalité, mais une mère pensant avoir toujours raison et de caractère souvent difficile. le couple a très bien fonctionné ainsi, mais leur fille (unique) a vite quitté le coin à la fin de ses études.

Des années plus tard, elle retourne chez eux. La question du vieillissement desdits parents devrait se poser, mais chacun des trois est content d'éluder le futur problème.

Cependant les deux parents dépassent les 90 ans, le père perd un peu la tête, la santé de la mère décline. Leur fille fait appel à toutes les solutions possibles, de l'aide à domicile jusqu'à, quand c'est vraiment impossible de faire autrement, l'installation dans 'cet endroit', à savoir une institution pour personnes très âgées, de qualité, donc très cher, mais quand même demeurant 'cet endroit'.

Forcément les deux parents vont décéder.

Pfou là! Chacun a son itinéraire personnel avec ses parents, mais bien peu passeront à côté du "que vont devenir mes parents si?".

Bon, le livre. Il y a de l'humour, heureusement, et beaucoup de lucidité. On sait que les choses ne vont pas aller en s'arrangeant, et grâce à l'auteur on découvre les mêmes problèmes qu'en France, sans doute encore plus lourds financièrement (hé oui, faut pas se leurrer, même le minimum correct coûte énormément cher, par bonheur ses parents avaient de belles économies). La mère demeure difficile à gérer, jusqu'au bout; la fille aimerait se rapprocher d'elle, mais reconnaît que c'est un peu tard.

Ne nous leurrons pas, ce n'est pas une lecture 'licorne à paillettes'. J'ai curieusement craqué quand l'auteur a inséré dans son livre des photos du bazar incroyable régnant dans l'appartement de ses parents (mais ils gardaient absolument tout!), et là j'ai deux citations
"Un de mes amis a une excellente règle pour ce qui est de vider la maison de vos parents: si vous ne pensez pas que vos enfants le voudront, ne le prenez pas."
et
"Ce n'est pas par hasard que la plupart des pubs visent les gens de 20 et 30 ans; non seulement ils sont beaucoup plus mignons que leurs aînés ; ... mais en plus ils risquent moins d'avoir vécu l'épreuve formatrice de trier les affaires de leurs parents décédés ; une fois que vous serez passés par là, vous ne verrez plus jamais vos affaires à vous de la même manière."

Lien : http://enlisantenvoyageant.b..
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Le sujet est difficile, Roz Chast parle de la fin de vie de ses parents, sans fausse pudeur, sans fards, sans métaphore guimauvesque.

Elle parle de la révélation qu'ils vont mourir. Tardivement, cette évidence s'est imposée à Roz Chast alors que ses parents ont 93 ans...

Roz Chast n'évacue aucun sujet: les finances (nous sommes aux USA... les soins et la maison de repos vont coûter plus de 10.000 dollars par mois), la sénilité, les soins palliatifs, le long processus de fin de vie, l'appartement rempli de souvenirs à vider... Difficile moment que celui où on se rend compte que nos parents ont besoin de nous et ne sont plus des rocs, des ancres auxquelles nous allons nous amarrer pour toujours.

Comme je l'ai dit, pas de fausse pudeur. Un chat s'appelle un chat. Toutefois, Roz Chast n'évacue pas ses sentiments (mais sans en faire tout un pathos) ni les petits bonheurs, les sourires et les moments d'apaisement qui se font jour quand ses parents acceptent la mort qui arrive. C'est beau, pudique, tendre et fort. Surtout quand Roz Chast s'interroge sur ses rapports à sa mère, sur l'amour maternel, sur les liens... J'aimerai avoir son détachement (empreint d'amour filial) le moment venu.
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Parler de ses parents qui vieillissent, deviennent dépendants et régressent, jusqu'à leur mort: voilà un sujet délicat et qui pourrait devenir pathétique. L'auteure s'en sort très bien en variant les tons: tantôt agacement, tandis attendrissement devant la couple fusionnel de ses parents; souvenirs peu agréable et imaginaires que sa mère fabrique dans sa démence; fouillis absurde de leur maison à vider; réactions démesurées, tristes ou drôles... Elle se représente elle-même avec tous les sentiments qui ont pu la traverser dans cette épreuve: le grand âge de ses parents: impuissance, agacement, pitié, peur... C'est très honnête et réaliste. Elle arrive même à nous faire rire ou sourire et, tout en ne s'interdisant aucun sujet, ne vire jamais dans le sordide. Elle pose la question financière du vieillissement car on lit en creux: comment s'en sortent ceux dont les parents n'ont pas d'économies ( en plus aux USA où il n'y a pas de prise en charge)? On peut lire ce livre et sourire par moments, prendre conscience. En tous cas on en ressort plus lucide et un peu apaisé.
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